mardi 3 septembre 2013

Le corps judiciaire égyptien réclame la dissolution des Frères musulmans

L’autorité au commissariat d’Etat, qui pourrait être comparé aux fonctions du Conseil constitutionnel en France, a réclamé hier lundi 2 septembre la dissolution des Frères Musulmans et la fermeture de tous leurs quartiers généraux (y compris celui du Caire), rapporte le quotidien égyptien en langue arabe Al-Ahram.
Cette demande a surpris car elle est d’ordre légal et non politique, mais que c’est à la faveur de la situation politique qu’elle a pu aboutir.
  • En mars 2013, les Frères musulmans, dont le mouvement était interdit depuis les années 50, se sont officiellement enregistrés en tant qu’ONG (organisation non gouvernementale) auprès du ministère des Affaires sociales.
  • Le lendemain, un panel de juges demandait sa dissolution, considérant qu’il contrevenait à la loi 84 de 2002, qui interdit aux organisations, institutions et groupes non gouvernementaux de former des milices para-militaires. Cette demande n’aboutira pas, car le nouveau président, Mohammed Morsi, gouvernait en dictateur en dehors du cadre des lois, qu’il faisait modifier selon ses désirs.
  • Immédiatement après la destitution du gouvernement des Frères musulmans et de Morsi le 3 juillet dernier, le ministre des Affaires sociales Nagwa Khalil reprend son dossier bloqué depuis mars, et demande si le quartier général des Frères, au Caire, contenait des armes, et si des groupes militaires ou des milices armées leur étaient affiliés. La question fut posée après que 8 personnes trouvèrent la mort, le 1er juillet, dans des affrontements au quartier général de la confrérie au Caire, à Mouqatam, après qu’une douzaine de manifestants se furent introduit dans le batiment.
Plusieurs leaders des Frères musulmans – sauf Tariq Ramadan qui a un alibi : il était invité de France 2 – y compris le guide suprême Mohammed Badie et ses députés Khairat El-Shater et Rashad Bayoumi, passaient jugement devant la court criminelle, le 31 juillet, pour rendre compte des accusations d’incitation au meurtre et meurtre contre les manifestants au quartier général de la confrérie.
 
Une douzaine de membres éminents des Frères musulmans ont été arrêtés depuis que les forces de sécurité ont repoussé deux grands manifestations pro-Morsi, au Caire, le 14 août dernier, qui ont fait plusieurs centaines de morts.
Morsi est accusé d’incitation au meurtre lors des violences qui ont eu lieu devant le Palace présidentiel en décembre 2012, et qui a fait 7 morts. Il est en attente de son jugement.
Mohammed Morsi s’était évadé de la prison Wadi Natroum au nord du Caire, le 30 janvier 2011, avec une trentaine de détenus, tous des Frères musulmans, dont 6 guides importants de la confrérie. Essam el-Erian et Saad el-Katatni, qui dirigèrent la branche politique du parti durant la courte période de dictature de Morsi, puis devinrent présidents du parlement, faisaient partie des évadés.
Les opposants de Morsi accusent le Hamas, la branche terroriste des Frères musulmans à Gaza, d’être derrière son évasion. La frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte a été fermée et l’Egypte maintient Gaza sous blocus total : les relations entre Gaza et le monde extérieur passent par Israël.
 
 © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
 

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