« On ira tous au paradis, même moi, qu’on croie en Dieu ou qu’on n’y croie pas, on ira avec les chrétiens, avec les païens », chantait Michel Polnareff. Emmanuel Jaffelin, professeur de philosophie, reprend à son compte cette assertion dans un petit traité rondement mené.
Au début était le Verbe, est-il écrit dans la Genèse. Avec une sympathique légèreté, l’auteur remonte le temps et nous emmène faire un petit tour chez les Grecs. Promenade incontournable, pour peu que l’on s’intéresse à l’histoire des idées et des concepts qui ont tant imprégné l’Occident.
Au début donc, en l’antique Hellène, étaient la Nature et toutes les forces telluriques. Ceux que l’on appelle philosophes sont des individus qui s’interrogent et tentent d’expliquer les rapports complexes s’établissant entre eux et la Nature. Dans une vision tout à fait anthropomorphique, les dieux et les déesses sont de lointains compagnons gambadant avec leurs farces et attrapes en un Olympe intersidéral. Ces forces sont indifférentes au destin de ces humains dont ils sont pourtant la figure tutélaire. Ces divinités trop curieuses ont commencé à s’intéresser de plus en plus au destin des êtres de chair et de sang qui s’agitaient sur cette basse Terre. Il se peut que ces derniers, confrontés au bien et au mal, aspiraient à la transcendance. Ils redoutèrent la déchéance et imaginèrent l’existence d’un paradis et d’un enfer.
L’idée de la mort ne pouvait plus être perçue comme une fin définitive. La chair s’évanouissait. L’esprit ou l’âme s’envolait. Voici venu le temps des prêtres et des prédicateurs, des commandements et de la morale.
Au cours des siècles, le divin paradis descendait peu à peu vers la Terre. Au XVIIe siècle, en France, les libertins s’insurgeaient contre l’omniprésence de Dieu. Deux siècles plus tard, Nietzsche déclarait dans « Le gai savoir » : « Dieu est mort. » Marx, de son côté, estimait que la religion était « l’opium du peuple ».
Emmanuel Jaffelin, en ce texte extrêmement cursif, montre la lente marche conduisant vers cet enterrement. La raison moderne prétendait imposer ses lumières terrestres aux illuminations célestes. Demeure la nostalgie, persiste l’espérance. Il peut y avoir, post mortem, des lendemains qui chantent.
L’auteur montre dans cet exposé un bien agréable sens de l’humour, ce qui n’est pas le cas de bien des doctes personnages qui se penchent sur l’histoire de la pensée. Ses élèves ne doivent pas s’ennuyer avec un tel professeur qui se révèle être un aimable pédagogue possédant le sens de la formule.
NB : tout amateur d’histoire se doit de lire la monumentale « Une histoire du paradis » de Jean Delumeau publiée chez Fayard en trois volumes. Une œuvre magistrale.
Au début était le Verbe, est-il écrit dans la Genèse. Avec une sympathique légèreté, l’auteur remonte le temps et nous emmène faire un petit tour chez les Grecs. Promenade incontournable, pour peu que l’on s’intéresse à l’histoire des idées et des concepts qui ont tant imprégné l’Occident.
Au début donc, en l’antique Hellène, étaient la Nature et toutes les forces telluriques. Ceux que l’on appelle philosophes sont des individus qui s’interrogent et tentent d’expliquer les rapports complexes s’établissant entre eux et la Nature. Dans une vision tout à fait anthropomorphique, les dieux et les déesses sont de lointains compagnons gambadant avec leurs farces et attrapes en un Olympe intersidéral. Ces forces sont indifférentes au destin de ces humains dont ils sont pourtant la figure tutélaire. Ces divinités trop curieuses ont commencé à s’intéresser de plus en plus au destin des êtres de chair et de sang qui s’agitaient sur cette basse Terre. Il se peut que ces derniers, confrontés au bien et au mal, aspiraient à la transcendance. Ils redoutèrent la déchéance et imaginèrent l’existence d’un paradis et d’un enfer.
L’idée de la mort ne pouvait plus être perçue comme une fin définitive. La chair s’évanouissait. L’esprit ou l’âme s’envolait. Voici venu le temps des prêtres et des prédicateurs, des commandements et de la morale.
Au cours des siècles, le divin paradis descendait peu à peu vers la Terre. Au XVIIe siècle, en France, les libertins s’insurgeaient contre l’omniprésence de Dieu. Deux siècles plus tard, Nietzsche déclarait dans « Le gai savoir » : « Dieu est mort. » Marx, de son côté, estimait que la religion était « l’opium du peuple ».
Emmanuel Jaffelin, en ce texte extrêmement cursif, montre la lente marche conduisant vers cet enterrement. La raison moderne prétendait imposer ses lumières terrestres aux illuminations célestes. Demeure la nostalgie, persiste l’espérance. Il peut y avoir, post mortem, des lendemains qui chantent.
L’auteur montre dans cet exposé un bien agréable sens de l’humour, ce qui n’est pas le cas de bien des doctes personnages qui se penchent sur l’histoire de la pensée. Ses élèves ne doivent pas s’ennuyer avec un tel professeur qui se révèle être un aimable pédagogue possédant le sens de la formule.
NB : tout amateur d’histoire se doit de lire la monumentale « Une histoire du paradis » de Jean Delumeau publiée chez Fayard en trois volumes. Une œuvre magistrale.
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