Les forces rebelles syriennes ont continué de se replier, cette semaine, face à la supériorité militaire des forces syriennes, dans le Nord, dans le Centre et dans le Sud (de la Syrie). Mercredi 8 mai, ils ont perdu la ville importante de Kirbet Ghazaleh, dans la province d’Horan, du Sud de la Syrie. Pour la première fois depuis deux mois, la principale route de transit a été maintenue ouverte pour les troupes syriennes, leur permettant de rejoindre la frontière jordanienne, depuis Damas et les forces de l’opposition, qui tiennent le terrain tout le long de la frontière entre la Syrie et Israël.
Le plateau rocheux du Golan, qui se répartit entre la Syrie et Israël, par une zone démilitarisée, commence à devenir un enjeu central.
Mardi, on a cité Bachar al Assad, disant que le Golan sera “la ligne de front de la résistance”, après avoir donné l’autorisation aux groupes palestiniens radicaux sous sa tutelle d’y installer des missiles pointés sur Israël. Des sources militaires anonymes syriennes ont juré d’attaquer les véhicules de l’armée israélienne franchissant les lignes pour évacuer des rebelles blessés ayant besoin d’assistance médicale. Nos sources militaires indiquent que, si des véhicules de l’armée israélienne, qu’on présume banalisés, entrent effectivement en Syrie pour prendre en charge des rebelles blessés, c’est probablement, qu’ils sont alertés par des agents de liaison locaux, infiltrés dans les zones de combat, qui les guident vers les endroits où attendent ces hommes blessés.
Le Jabhat al Nusra, pro-Al Qaeda en aura déduit que les points de contact entre ces agents syriens locaux et Tsahal sont situés dans la zone de séparation de 8 km2 sur le Golan, où patrouillent les soldats de la paix des Observateurs du Désengagement de l’ONU (UNDOF), depuis que la Syrie et Israël ont signé un armistice en 1974. D’où l’enlèvement de quatre soldats de la paix philippins, lundi. La brigade islamiste des Martyrs de Yarmouk, qui en a revendiqué la responsabilité, a diffusé une photo des soldats de l’ONU kidnappés, assis pieds nus sur un tapis et portant des gilets pare-balles bleus aux couleurs de l’ONU, dont trois portent la mention : « Philippines ».
Cet incident a mis en lumière l’importance hautement stratégique du plateau du Golan.
Israël a installé un vaste hôpital de campagne, près du poste militaire d’observation de Tel Hazakah, sur le Golan, qui permet un panorama sur le Sud de la Syrie et le Nord de la Jordanie. Ici, des blessés arrivant de la guerre syrienne sont examinés par des personnels médicaux israéliens qui décident s’ils peuvent les remettre sur pieds et les renvoyer, ou les jugent suffisamment atteints pour nécessiter des soins hospitaliers. Les blessés graves sont acheminés vers l’un des plus proches hôpitaux de Sfat (Safed) ou Haïfa.
Ce type d’adaptations suggère l’évolution vers l’instauration d’une sorte de zone de sécurité, sur la frontière israélo-syrienne, qui peut rappeler l’alliance qui a évolué entre Israël et les Chrétiens maronites du Sud-Liban, à la suite de la guerre civile libanaise de 1976.
Israël avait, alors, mis sur pied des installations médicales pour soigner les blesses de guerre chrétiens libanais, à plusieurs points autour de ce qui a fini par s’appeler “la Bonne Barrière”. Les Maronites repoussaient volontairement les forces terroristes palestiniennes loin de la frontière et se sont vus accorder des permis de travail en Israël et d’autres bénéfices. L’Armée Libanaise du Sud s’est forgée à cette époque, avec 2500 miliciens qui a opéré, effectivement, sous le commandement israélien, durant deux décennies.
Ce système s’est globalement effondré, quand, en 2000, Ehud Barak, alors Premier Ministre, a retiré les forces israéliennes de la zone-tampon et les a renvoyées derrière la frontière. C’est alors que le Hezbollah a pu se mettre en mouvement pour reprendre pied dans cette zone.
Personne n’a vraiment fait référence à l’éventualité d’un modèle libanais, sous une forme ou sous une autre, en excroissance, à partir de relations médicales initiales, auprès de certaines milices rebelles syriennes non-islamistes, à travers la frontière du Golan. Mais cela pourrait se développer autour des enclaves tranquilles, sous contrôle étranger, alors qu’elles sont en situation beaucoup plus développées, dans d’autres régions de la Syrie, sous la férule des forces du Hezbollah et/ou de l’Iran, assistant les combats de l’armée syrienne contre les forces rebelles.
Le Hezbollah a complètement encerclé Al-Qusayr, la ville centrale syrienne, qui est le carrefour des routes principales, entre Damas, Homs et le Liban. Des dirigeants civils ont envoyé des émissaires auprès des Commandants du Hezbollah, en leur offrant de capituler, en l’échange d’une promesse de ne pas piller la ville et de laisser la vie sauve à ses habitants.
A Damas, les troupes du Hezbollah, aux côtés des miliciens du Basij iranien, dirigent la garde des lieux saints chi’ites. Et, dans le Sud-Ouest, ils sont en train de sécuriser un regroupement de 30 villages chi’ites, en face du Sud-Liban, non loin du nœud d’intersection des frontières israélo-libano-syriennes
Tout en faisant affluer ses combattants en Syrie, le Hezbollah parie sur le fait qu’Israël ne tirera pas avantage de la dilution massive de ses forces à domicile, pour frapper les places fortes du Hezbollah au Liban ou ses routes d’approvisionnement depuis la Syrie.
Aussi bien le Hezbollah qu’Israël apparaissent être entraînés dans un processus de réaménagement de leurs lignes de confrontation, depuis le Liban vers la Syrie. La frappe aérienne israélienne du dimanche 5 mai, qui a touché des cibles du Hezbollah et de l’Iran, pourrait bien être le premier accrochage entre eux sur le territoire syrien. Il est peu probable que ce soit le dernier.
DEBKAfile Reportage exclusif
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