Depuis son élection le 13 mars dernier, presque tout ce qui possède carte de presse en France semble sous le charme du bon pape François. Entre nous, il faut quand même avouer que les grands gestes posés jusqu’à présent n’avaient rien que de très médiatiquement correct : pédicurage liturgique d’une prisonnière musulmane, règlement direct et public de ses créances hôtelières, proximité populaire, paroles simples et directes, bref un François normal qui plaît d’autant plus qu’un autre venait de bien décevoir.
L’enthousiasme est tel que ma voisine, assistante sociale et mélenchoniste, a fini par accéder à la demande de sa fille d’aller au catéchisme (faut dire qu’elle est scolarisée dans un collège privé… il y a quand même des limites au brassage populaire) et que toute la notabilité journalistique hexagonale l’aurait presque appelé « Doux Christ en terre » si elle n’avait une aversion pour notre pucelle nationale.
Seulement voilà, depuis dimanche, en quelques heures, le premier pontife ignatien vient de s’attaquer à deux sujets traditionnellement fâcheux.
Tout d’abord, en montrant en exemple Antonio Primaldo et ses 800 compagnons qui préférèrent une mort particulièrement barbare à la conversion à l’islam lors d’une razzia turque en Europe chrétienne, deux siècles après la dernière croisade. Cette canonisation contribue pour le moins à cadrer prudemment le dialogue inter-religieux, jusqu’ici très unilatéral, et qui supporterait bien un bel acte de repentance de la part de nos amis musulmans.
Ensuite, en réclamant un statut pour l’embryon, François s’attaque cette fois à du vrai lourd. En fait de statut, celui de l’embryon est aujourd’hui à peu près égal à celui d’un steak haché surgelé. La comparaison valant jusqu’au code-barres qui orne l’éprouvette qui lui sert d’emballage dans les congélateurs des laboratoires dont les chiffres d’affaires sont autrement plus vertigineux que la boutique Picard de mon centre commercial.
Alors, on peut le craindre, le temps de grâce touche à sa fin. Je vous parierais bien une patinette que, dans les semaines qui viennent, les moralistes spécieux des grandes boutiques rédactionnelles et des antichambres fraternalistes vont découvrir combien l’ancien archevêque de Buenos Aires, dont les prétendues complicités juntistes auraient davantage dû nous mettre la puce à l’oreille, est aussi réactionnaire que les 265 papes qui l’ont précédé.
Vous noterez que je ne parie cependant précautionneusement qu’une patinette. L’histoire nous l’a prouvé, avec un Jésuite, il faut rester prudent : on peut s’attendre à tout !
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