Chers parents, Vous êtes sans doute les premiers à savoir que vos enfants sont partis combattre en Syrie au nom d’une foi déshumanisante, nihiliste, monstrueuse, dont la mission première est de détruire la vie, l’avenir, la dignité et la liberté d’autrui.
L’attentat terroriste de la semaine dernière qui a tué plus de 50 fidèles de la mosquée Al Imane dont le célèbre cheikh Mohammed Saïd Ramazan Al Bouti montre une fois encore que les criminels qui manipulent vos enfants se moquent même de la religion et du dieu qu’ils prétendent servir.
Si je m’oppose avec force aux idées fanatiques qui ont incité vos enfants à partir combattre dans un pays dont ils ne connaissent ni l’histoire, ni le mode de vie, ni la complexité, je ne suis pas pour autant indifférent à votre désarroi. Surtout depuis que j’ai vu les larmes de M. Dimitri Bontinck couler pour son fils Jejoen Bontinck devenu instrument puis otage des terroristes syriens.
En tant qu’activiste pour la paix turco-syrien originaire d’Antioche, la ville par où vos enfants sont sans doute passés, je souhaiterais vous aider à les retrouver, à la fois pour votre bien et pour celui du peuple syrien.
Mais vous aider, c’est d’abord vous renseigner sur l’attitude crapuleuse du gouvernement belge qui, depuis le début de la tragédie syrienne, contribue avec ses alliés français, britanniques, étasuniens, israéliens, turcs et wahhabites, à encourager le terrorisme et la confrontation en Syrie.
En créant une « Task Force Syrie », la ministre de l’intérieur veut aujourd’hui vous faire croire qu’elle se soucie du sort de vos enfants et de la sécurité de la Belgique.
Si Mme Milquet se préoccupe tant de votre malheur et de notre bien-être, il serait sans doute utile de lui demander pourquoi son gouvernement fournit des armes aux rebelles syriens et à fortiori, à vos propres enfants.
Vous savez sans doute que la Belgique exporte des armes vers l'Arabie saoudite qui, à son tour, fournit des armes belges aux terroristes syriens.
Alors que notre pays a imposé un embargo contre la jamahiriya libyenne et le régime de Damas, il n’a pas hésité à augmenter ses ventes d’armes vers l’Arabie saoudite, un Etat terroriste et barbare qui compte pas moins de 30.000 prisonniers politiques dont les moins fortunés finissent décapités et dont les plus chanceux peuvent sauver leur peau s’ils vont mener le djihad en Syrie. (cf. article de Silvia Cattori : http://www.silviacattori.net/
Avec l’appui politique, financier et moral de notre gouvernement, le régime de Riyad approvisionne ainsi le front syrien tant en canons qu’en chair à canon.
Si Mme Milquet pense tant à vos enfants, pourquoi ne s’oppose-t-elle pas à la stratégie terroriste mise en place par l’Arabie saoudite contre la Syrie ?
M. Thomas Baum, directeur de l’Institut flamand pour la paix et la prévention de la violence nous offre une explication courte et précise à ce sujet :
« On peut s’interroger sur la pertinence de livrer des armes à un régime pareil vu la situation des droits de l’homme. Mais il y a l’argent du pétrole et le pays est aussi un grand marché. L’Occident voit ce pays comme un allié important et un barrage face à l’Iran. De ce point de vue, armer un tel pays est intéressant ». (Annelien De Greef, De Standaard, 26 mars 2013, p. 21)
Savez-vous que le Royaume des Saoud avec lequel notre pays fricote a pour chef du renseignement, un terroriste de haut vol dénommé Bandar Ben Sultan. Ce criminel est cité dans une affaire de détournement de fonds qui ont servi à financer une série de groupes terroristes dont les djihadistes syriens basés au Liban.
Lorsque la justice britannique voulut enquêter sur ce scandale des rétro-commissions qui porte le nom « Al Yamamah », le prince Bandar menaça l’Angleterre par « another 7/7 », c’est-à-dire un autre attentat comme celui de Londres le 7 juillet 2005 ! Suite à ces menaces terroristes, Tony Blair fit immédiatement cesser l’enquête diligentée par la Serious Fraud Office.
Ce scandale à dimension planétaire n’a suscité aucun émoi parmi les décideurs politiques de notre pays.
Comment Mme Milquet peut-elle dès lors prétendre vouloir endiguer un terrorisme qu’elle laisse prospérer voire qu’elle dope dans les zones les plus sensibles de notre planète ?
Demandez aussi à Mme Milquet comment elle compte s’y prendre pour empêcher nos jeunes d’aller semer le chaos en Syrie alors que son allié Erdogan a gracieusement offert une autoroute de 822 km de large pour tous les criminels qui désirent se recycler dans le djihadisme anti-syrien.
En effet, actuellement, quelques aventuriers, une poignée d’idéalistes mais aussi et surtout des voyous, des violeurs, des trafiquants de drogue, des repris de justice de Turquie et d’ailleurs se découvrent une âme de djihadistes et se rendent massivement en Syrie pour combattre l’armée gouvernementale syrienne ainsi que les villes, les quartiers et les villages loyalistes.
Si Mme Milquet tient vraiment à sauver vos enfants, ne devrait-elle pas commencer par convaincre ses partenaires turcs de sécuriser sa frontière avec la Syrie ?
Naturellement, il ne suffit pas de dresser des barbelés et des miradors. Le gouvernement turc devrait entre autres cesser d’accueillir le terrorisme international qui arrive des quatre coins du monde par mer, terre et air.
Si Mme Milquet veut être cohérente et conséquente, ne devrait-elle pas rappeler à ses homologues turcs, les clauses de la convention belgo-turque de coopération en matière de police signées le 22 janvier dernier à Bruxelles et au besoin, rendre celle-ci caduque ?
D’autant que, pour l’heure, la seule « utilité » de cette convention consiste à aider le régime d’Ankara à mater ses opposants politiques et syndicaux et à faciliter l’extradition des exilés politiques vers la Turquie.
Vu que le gouvernement AKP s’est juré d’assassiner le président syrien et de réduire la Syrie à l’état de province ottomane, l’espoir de voir le flot de terroristes se tarir semble donc bien maigre comme en témoigne l’historien belge Pierre Piccinin qui est récemment passé par Antioche, la porte de la Syrie.
Dans les lignes suivantes, vous découvrirez la liberté totale de mouvement dont jouissent en Turquie, les volontaires qui vont se battre en Syrie : « À l’aéroport international d’Istanbul déjà, j’avais sans trop le savoir rendez-vous avec la révolution. En transit depuis Beyrouth en direction d'Hatay (Antakia, l’antique Antioche), à la frontière syrienne, je me suis dirigé vers le petit terminal des vols intérieurs.
Une dizaine de jeunes gens, huit au total, portant tous la barbe, la moustache rasée, attendaient l’embarquement. Visibles comme le nez au milieu de la figure, ils n’étaient ni étonnés, ni même embarrassés ou fâchés que je les dévisageasse ostensiblement, dans le but de provoquer le contact. Au contraire, même, ils étaient tout souriant que je les abordasse ainsi sans haine, ni révulsion.
Je leur ai donc demandé s’ils allaient se battre en Syrie. C’était bien le cas. J’ai voulu savoir d’où ils venaient. Six d’entre eux étaient d’Égypte. Les deux autres étaient britanniques, Kazam et Peter, d’origine pakistanaise ; Peter se fait maintenant appeler Abou Faysal. (…)
À notre arrivée à Hatay, une camionnette immatriculée en Syrie attend les djihadistes égyptiens, un tas de ferraille conduit par Abou Ahmed, de son nom de guerre, très courant dans la révolution syrienne.
Les deux djihadistes anglo-pakistanais sont autorisés à embarquer avec eux ; ils rejoindront Jabhet al-Nosra. Je peux aussi monter dans le véhicule : Abou Ahmed doit charger un de ses hommes, qui l’attend à Hatay. » (P. Piccinin, Quand les « Fous de Dieu » s’emparent de la révolution, dans Les dossiers de Grotius International, 2 février 2013)
Il faudrait sans doute que Mme Milquet lise cet extrait avant de vous expliquer sa stratégie de "containment" antiterroriste visant à empêcher nos jeunes de se rendre en Syrie au moment où l’Etat turc organise littéralement l’import-export de terroristes internationaux.
Certes, M. Milquet, Sharia4Belgium, l’Arabie saoudite et l’Etat turc ne sont pas les seuls responsables du départ de vos enfants.
Outre la possession de 200 euros nécessaires pour atterrir sur le front syrien, le candidat terroriste doit recevoir une injection quotidienne de 2 mg de propagande anti-gouvernementale.
Le rôle des médias dominants dans l’incitation au terrorisme dont vos enfants ont été victimes n’est donc certainement pas à sous-estimer.
En effet, aucun mouvement terroriste au monde n’a bénéficié d’un capital sympathie aussi élevé que la rébellion anti-syrienne.
Jamais nos médias n’ont versé dans un « romantisme révolutionnaire » aussi béat et aveugle.
Aucune guerre médiatique n’a été menée avec une intensité aussi forte que celle aujourd’hui orchestrée par la chaîne qatarie Al Jazira, la chaîne saoudienne Al Arabiya, la chaîne turque Samanyolu TV et leurs sœurs françaises, britanniques et étasuniennes.
La complicité de la grande presse dans l’enrôlement de vos enfants est utile à savoir si par malheur, un magistrat belge décidait de les poursuivre en vertu de la loi antiterroriste après leur retour en Belgique.
En attendant, je souhaite de tout cœur que vos enfants échappent à la guerre et à la tentation terroriste et qu’ils rentrent sains et saufs à la maison.
Je reste à votre entière disposition pour retrouver et si possible, rapatrier vos enfants.
Recevez, chers parents, mes salutations les plus respectueuses.
Bahar Kimyongür
Bruxelles, le 27 mars 2013
Source : michelcollon.info
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