- Le gouvernement israélien s'est efforcé lundi de
convaincre le président Bachar al Assad qu'il ne cherche pas à affaiblir son
régime face à l'insurrection, malgré le double raid aérien de Tsahal, ce
week-end en Syrie.
L'Etat
hébreu a également minimisé les risques d'escalade du conflit dans la région,
brandis à Moscou et à Pékin, les deux grands alliés de Damas sur la scène
internationale. Le gouvernement syrien a condamné ces raids qu'il considère
comme une "déclaration de guerre" et a menacé de prendre des mesures
de rétorsion.
"Aucun
vent de guerre ne souffle", a assuré à la presse le général Yair Golan,
qui commande les forces israéliennes sur les fronts libanais et syrien.
"Décelez-vous de la tension? Il n'y en a pas et est-ce que j'ai l'air
nerveux?", a-t-il poursuivi lors de son jogging avec ses hommes, à en
croire le site internet d'information Maariv NRG.
A Moscou,
où le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu mardi, le ministère
russe des Affaires étrangères a estimé que "toute nouvelle escalade dans
la confrontation armée accroît profondément le risque d'engendrer de nouvelles
tensions au Liban, en plus de celles en Syrie, et de déstabiliser le climat
relativement calme prévalant à la frontière libano-israélienne".
La Chine,
où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a entamé une visite, a
lancé un appel à la retenue et au respect de la souveraineté sans toutefois
citer nommément Israël.
A
Jérusalem, on assure que les raids du week-end n'étaient pas liés à la guerre à
civile, mais qu'ils visaient seulement à empêcher le Hezbollah libanais
d'acquérir de nouveaux armements susceptibles d'être employés contre l'Etat
hébreu.
Le
gouvernement israélien souhaite "éviter un accroissement des tensions avec
la Syrie en précisant que si des actions sont menées, elles visent seulement le
Hezbollah et non le régime syrien", a déclaré le député Tzachi Hanegbi, un
proche du Premier ministre.
Selon
l'Observatoire syrien des droits de l'homme proche de l'opposition, les raids
ont fait 42 morts et une centaine de disparus dans les rangs de l'armée
syrienne. D'autres sources proches de l'opposition parlent de 300 soldats tués
et précisent que beaucoup appartenaient à la Garde républicaine, corps d'élite
considéré comme le dernier rempart du régime baassiste.
DES
DESTRUCTIONS TRÈS IMPORTANTES
L'aviation
israélienne a bombardé un site très protégé de Hamah où seraient menées des
activités liées à l'arsenal chimique et biologique de Damas, ainsi qu'une
position de la Garde républicaine sur le mont Kassioun, qui domine la capitale
et le bassin de la Barada, une rivière voisine.
Des armes
destinées au Hezbollah transitent bien dans ce secteur, mais il semble que
d'autres cibles aient été visées, estiment des riverains, dont les dires sont
confirmés de sources proches de l'opposition et des rebelles.
Des
systèmes de défense anti-aériens qui font notamment appel à des missiles de
fabrication russe ont ainsi été pris pour cibles au mont Kassioun et sur les
hauteurs de Barzeh, quartier de Damas tenu par les rebelles, précise-t-on de
mêmes sources.
"Les
destructions semblent très importantes", a souligné un opposant damascène
ayant requis l'anonymat.
L'Etat
hébreu n'a jamais caché qu'il ne tolérerait pas que des armes de haute
technologie tombent entre les mains du Hezbollah, allié à la fois de Damas et
de Téhéran, qu'un bref conflit armé a opposé à Tsahal à l'été 2006.
Le
gouvernement syrien a, pour sa part, accusé Israël de faire le jeu des rebelles
en lutte depuis plus de deux ans contre Bachar al Assad.
Israël
n'a pas officiellement reconnu avoir mené ces raids sur le sol syrien, mais
l'armée a déployé deux des cinq batteries de son bouclier antimissile
"Dôme de Fer" le long des frontières avec le Liban et la Syrie. Tous
les vols civils ont par ailleurs été suspendus dans cette zone.
Le
gouvernement, dit-on de source officielle, a estimé après un épisode similaire
en janvier que Bachar al Assad avait trop à faire en Syrie pour se lancer dans
un conflit armé avec son puissant voisin.
Dimanche,
la chaîne de télévision syrienne progouvernementale Al Ikhbariya a parlé de
missiles prêts à être tirés vers l'Etat hébreu en cas de nouveau raid
israélien. Dans cette hypothèse, ajoutait la chaîne, Damas autoriserait des
attaques anti-israéliennes via le plateau du Golan.
Deux
roquettes "tirées par erreur" s'y sont abattues lundi, selon un
porte-parole de l'armée israélienne.
L'Iran,
allié de longue date du régime syrien, a lui-aussi estimé que les raids
israéliens ne visaient pas des armes du Hezbollah. Le mouvement chiite ne s'est
quant à lui pas exprimé sur le sujet.
Aux
Nations unies, le Liban a invité au Conseil de sécurité à condamner les
violations de son espace aérien par Israël.
Lundi, le
cours du baril de pétrole a crevé le plafond de 105 dollars, son plus haut
niveau depuis près d'un mois.
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