Un imam bangladais et un réfugié tchétchène ont été assignés à résidence.
Face à l'islamisme radical, la préfecture de police de Paris ne baisse pas la garde. Quinze jours après le démantèlement de Forsane Alizza, groupuscule djihadiste dissous le 1er mars dernier par le ministre Claude Guéant, les services de renseignements ont placé sous surveillance «plusieurs intégristes se distinguant par des diatribes anti-occidentales, allant à l'encontre des valeurs républicaines».
Face à l'islamisme radical, la préfecture de police de Paris ne baisse pas la garde. Quinze jours après le démantèlement de Forsane Alizza, groupuscule djihadiste dissous le 1er mars dernier par le ministre Claude Guéant, les services de renseignements ont placé sous surveillance «plusieurs intégristes se distinguant par des diatribes anti-occidentales, allant à l'encontre des valeurs républicaines».
- Dans la plus grande discrétion, les policiers ont ainsi interpellé samedi dernier Abul I., imam de la mosquée bangladaise installée boulevard Maxime-Gorki à Stains (Seine-Saint-Denis).
Frappé d'un arrêté préfectoral d'expulsion et bénéficiant du statut de réfugié, il a été assigné à résidence en province, à plusieurs centaines de kilomètres de ses bases. Âgé de 25 ans, ce fondamentaliste aurait effectué un séjour dans le golfe Persique avant de débarquer clandestinement en France en 2007. «Depuis qu'il officie dans le lieu de culte de Stains, ce religieux, qui se fait aussi appeler Akram, a dispensé des prêches susceptibles d'orienter de nombreux jeunes fidèles vers le militantisme islamiste radical», précise une source informée.
Akram est un ancien militant de l'Islami Chattra Shibbir, branche étudiante de la Jamaat-E-Islami qui s'illustre pour sa haine de l'Occident, sa volonté d'instaurer la charia «comme seule source du droit» et la «révolution islamique mondiale passant par le djihad et toute forme de terrorisme». Considérant notamment que «ce sont peut-être nos enfants qu'il faudra sacrifier et envoyer se battre au Proche-Orient», l'imam aurait en outre expliqué en comité restreint que «la France compte cinq à six millions de musulmans pratiquants et que, dans les années à venir, ce pays, conquis par l'islam, devra, naturellement, appliquer la loi islamique».
«Apologie du terrorisme»
Le genre pour le moins vindicatif du propos a piqué au vif les autorités. Ces dernières, invoquant le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, ont accéléré des décisions d'expulsion en invoquant la «nécessité impérieuse pour la sécurité de l'État ou la sécurité publique» ou des «actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence».
C'est dans cet esprit que les services de la préfecture de police de Paris ont interpellé, toujours selon nos informations, Mansur K., un réfugié politique tchétchène, jugé «favorable aux thèses les plus fondamentalistes de l'islam». Surfant sur les réseaux sociaux, ce supposé promoteur «d'idées prodjihadistes» est soupçonné de faire l'«apologie du terrorisme». Né à Grozny il y a vingt et un ans, «connu pour 14 rôles dont un port illégal d'arme et vol de véhicule», cet activiste présumé a été intercepté à Bois-Colombes avant d'être assigné à résidence dans le nord de la France.
Sur Facebook, il aurait véhiculé «des messages de la rébellion islamiste, allant même jusqu'à montrer des décapitations des soldats russes». «Toutefois, devant la cruauté de certaines images, les administrateurs de Facebook interviennent régulièrement pour suspendre le compte de l'intéressé pendant quelques jours», précise une note de police. Toujours selon les services de renseignements, cet islamiste présumé n'aurait guère apprécié les «actions menées par le groupe islamiste radical Forsane Alizza», dont il critique les membres, les traitants de «faibles», de «vantards» et «d'incompétents».
Surveillance
Selon le ministère de l'Intérieur, une centaine de croisés d'Allah seraient aujourd'hui dans le collimateur à travers le pays. Récemment, des activistes gravitant dans la mouvance du collectif Cheikh Yassine (CCY), en référence au dirigeant exécuté du Hamas, ont été interceptés alors qu'ils organisaient une manifestation devant le siège de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Nourrissant un vif ressentiment à l'adresse de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, son leader s'était aussi attaqué à Hassan Chalghoumi, responsable de la mosquée de Drancy (Seine-Saint-Denis) brocardé comme «imam des juifs et apostat» pour ses prises de position contre le port de la Burqa.
Le dernier épisode de ce bras de fer contre les intégristes remonte à lundi, quand la justice a refusé d'annuler l'expulsion d'Ali Belhadad, Algérien de 44 ans accusé d'un présumé rôle dans les attentats de Marrakech en 1994. Invoquant «une opération de communication politique», son avocat Me Éric Plouvier a annoncé son intention de faire appel devant le Conseil d'État.
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