samedi 21 avril 2012

Observateurs à Homs


Les observateurs de l'ONU se sont rendus samedi à Homs, cible ces derniers jours de bombardements violents, avant un vote attendu au Conseil de sécurité sur le renforcement de leur mission de surveillance de la trêve violée depuis 10 jours avec plus de 200 morts.
Jusqu'ici empêchés de se rendre dans cette ville symbole du centre du pays, les observateurs ont rencontré, selon l'agence officielle Sana, le gouverneur de la province du même nom, après l'interruption du pilonnage dans la nuit de plusieurs quartiers, tenus par les rebelles, selon les militants.
"Le pilonnage a cessé, l'électricité et les communications sont coupées dans la plupart des régions. Ce calme indique peut-être qu'une visite des observateurs internationaux à Homs est proche", a dit l'un d'eux, Khaled Tellaoui. Six civils ont péri vendredi à Homs, selon une ONG.
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, avait réclamé la visite "immédiate" des observateurs à Homs pour arrêter "les crimes du régime sanguinaire", l'armée tentant de reprendre le contrôle total de la ville meurtrie par des mois de bombardements.
"Les corps des martyrs sont empilés dans les rues du quartier de Bayada où les destructions sont terrifiantes", a ajouté le CNS en appelant de nouveau le Conseil de sécurité "à agir de toute urgence en intervenant militairement".
Samedi, dans la ville proche de Qousseir, une femme a été abattue par un tireur embusqué, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le même jour à Damas, dans le quartier de Mazzé, une "forte explosion" a été entendue sur une base militaire, ont indiqué les militants sans préciser son origine.
La veille, les violences ont coûté la vie à 46 personnes -29 civils et 17 soldats-, selon l'OSDH. Au total, elles ont fait au moins 11.100 morts en 13 mois et des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées, selon l'ONG. Les autorités affirment avoir libéré 4.000 détenus depuis novembre.
Après avoir tergiversé, Damas a signé le protocole organisant le travail, et en particulier la liberté de mouvement, des premiers observateurs arrivés le 15 avril mais la mission élargie à 300 observateurs, si elle est votée par le Conseil de sécurité, s'annonce à haut risque.
Il n'y a pas de précédent aux Nations unies de Casques bleus envoyés dans une zone de conflit sans armes et sans un accord formel de cessez-le-feu.
Le régime et l'opposition syriens s'accusent mutuellement de violer quotidiennement la trêve instaurée le 12 avril conformément au plan de l'émissaire international de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan.
Le Conseil de sécurité se réunit à 15H00 GMT pour en principe voter le texte autorisant le déploiement pour une période de trois mois de 300 observateurs, mais l'équipe de Kofi Annan "ne se fait pas d'illusions" sur une amélioration de la situation, a affirmé un diplomate occidental.
Elle fait valoir, selon lui, "qu'envoyer les observateurs c'est mettre le pied dans la porte" et agir comme un "élément de modération sur le comportement du régime" accusé par les Occidentaux de faillir à ses engagements depuis le début de la crise.
De toute façon, "il n'y a pas de plan B", dit-il. Prendre des sanctions c'est s'exposer à de nouveaux veto russe et chinois qui ont déjà bloqué deux résolutions.
Sur la mission d'observation, Moscou a proposé un texte concurrent qui ne prévoit pas de sanctions contre le régime s'il ne retire pas ses chars des villes comme réclamé par le plan de M. Annan.
L'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a estimé que les 15 pays membres "étaient très proches d'un accord" et son homologue français Gérard Araud a dit penser "qu'il y aura un accord".
L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a prévenu que "le Conseil pourrait autoriser tout de suite le déploiement complet des observateurs mais s'ils ne peuvent pas se déplacer librement, visiter les points chauds, ils ne seront pas efficaces".
La veille, des milliers de Syriens sont descendus dans les rues pour interpeller l'équipe restreinte d'observateurs déjà sur le terrain.
"Où sont les observateurs"? "Où sont les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité"? "Cinq observateurs pour surveiller Bachar"? étaient les slogans écrits sur des pancartes brandies par les manifestants.

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