vendredi 20 avril 2012

22 AVRIL 1961 – 22 AVRIL 2012 - par Pieter KERSTEN


l y a 51 ans, commençait la révolte des Centurions et ironie de l’Histoire, ce même jour, le Peuple Français est appelé à voter pour élire son nouveau Président !

Petit rappel des faits :
En 1959, le général CHALLE avait gagné la guerre d’Algérie. Coupé de ses bases tunisiennes et marocaines par des barrages imperméables, le FLN mourait d’asphyxie. Les parachutistes avaient largement contribué à cette victoire.

En avril 1961, c’est pour ne pas se perdre que des militaires, parmi lesquels une majorité de paras, choisirent de se révolter contre une politique qui les conduisait à renier leur combat, leurs certitudes, leur fidélité, leur espérance, leur honneur.

Plus tard, aucun d’entre eux ne sera surpris par la tournure des évènements. Ils connaissaient la nature profonde du FLN. Ils avaient découvert les ramifications qui menaient des maquis algériens à Moscou et à Pékin. À maintes reprises, depuis la désertion de l’aspirant MAILLOT, ils avaient détecté le travail de sape du Parti Communiste « Français » et de certains complices socialistes et si les communistes du monde entier et leurs compagnons de route se servaient des aspirations légitimes des populations, les officiers parachutistes ne se faisaient aucune illusion : ce n’était pas par grandeur d’âme, c’était une occasion bénie de lutter contre les nations occidentales libres et d’imposer à de jeunes peuples en quête de patrie, leur idéologie marxiste.

Il faudra longtemps pour que les observateurs politiques professionnels reconnaissent qu’ils se sont lourdement trompés…

Lorsque le 22 avril 1961 au petit jour, le général CHALLE annonce qu’il est revenu prendre la tête de l’armée et proclame sa volonté de gagner la guerre afin que l’Algérie puisse rester dans un cadre français, les parachutistes se rallient à lui, à la quasi-unanimité ! Si quelques problèmes se posent aux chefs de corps, il ne s’en pose pas beaucoup aux cadres subalternes, habitués à suivre fidèlement leurs chefs.

Depuis longtemps les jeux sont faits : l’immense majorité des paras se bat pour l’ALGÉRIE FRANCAISE.

Pourquoi le lieutenant DEGUELDRE, l’homme du rang et le lieutenant GODOT, l’homme de l’élite, le fort en thème, l’éternel premier, vont-ils se retrouver côte à côte dans l’ombre et la violence ? Quelle force mystérieuse poussera donc le premier jusque sous les balles d’un peloton d’exécution, et le second dans les prisons où il sacrifiera sa jeunesse ?

Tous ont fait partie d’un corps d’élite et à ceux-là on demande plus qu’aux autres…Depuis 1946 en effet, on leur a tout demandé : lancer des assauts décisifs, défendre des positions intenables, sauter dans les fournaises, sillonner de jour et de nuit la jungle, les rizières, la rocaille. On leur a même demandé de se salir les mains pour traquer dans Alger les poseurs de bombes.

On pouvait tout leur demander comme le dira si bien le capitaine ESTOUP lors du procès des officiers du 1er REP :
-« On ne m’avait jamais appris à Saint-Cyr à organiser le ravitaillement en fruits et légumes d’une ville comme Alger. Le 2 janvier 1957, j’en ai reçu l’ordre.
- On ne m’avait jamais appris à Saint-Cyr à suivre une filière policière…j’en ai reçu l’ordre.
-On ne m’avait jamais appris à Saint-Cyr comment s’exerçaient les fonctions de préfet de police…j’en ai reçu l’ordre.
-On ne m’avait jamais appris à organiser un bureau de vote…à ouvrir un marché…à ouvrir des écoles… »

Étrange, émouvante litanie du devoir accompli sans hésitation ni murmure par des hommes habitués à aller jusqu’au bout de leurs ressources, toujours prêts à tenter l’impossible.

On a donné d’eux l’image de loups affamés, durs, courageux, exigeants envers les autres, parce que surtout exigeants envers eux-mêmes.
On les a jalousés, accusés d’immodestie.
On leur a reproché d’être des vedettes. Ils se sont contentés de hausser les épaules.

Seule leur valeur les poussait au premier rang. C’est la sueur et le sang qui les maintenaient.
Ils en avaient conscience et ils ne se trompaient pas !
Ils ont été trahis, mais ne seront pas oubliés pour autant ! GLOIRE A EUX

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