Six jours après l'instauration le 12 avril d'un cessez-le-feu violé quotidiennement, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon devait rendre compte au Conseil de sécurité de l'ONU du travail des observateurs arrivés lundi en Syrie pour superviser son application.
Le porte-parole des Affaires étrangères syriennes Jihad Makdessi a assuré à l'AFP qu'autorités et observateurs étaient d'accord sur "90%" des points du protocole encadrant le travail des observateurs internationaux venus surveiller la mise en oeuvre du cessez-le-feu.
Mardi, des diplomates à l'ONU avaient affirmé que cette mission pourrait être compromise en raison de l'attitude du régime de Bachar al-Assad qui semble déterminé à venir à bout de la contestation lancée il y a 13 mois et des poches rebelles dans plusieurs villes.
Si le pouvoir ne met pas au point avant la fin de semaine le "protocole" permettant aux observateurs de circuler dans tout le pays, "nous ne passerons pas à l'étape suivante qui est d'autoriser la mission complète" de 250 hommes, avait affirmé l'un d'eux. Ces renforts nécessitent une nouvelle résolution.
En visite à Pékin, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a promis que "la Syrie continuerait (...) à respecter et mettre en oeuvre le plan" de paix de l'émissaire international Kofi Annan, notamment le cessez-le-feu, selon son homologue chinois Yang Jiechi.
Ce plan vise à mettre fin à la répression de la révolte qui s'est militarisée au fil des mois. Les violences ont fait plus de 11.100 morts, en grande majorité des civils tués par les troupes du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les observateurs, qui étaient mardi à Deraa (sud), ont effectué mercredi une tournée dans la région de Damas au 3e jour d'une mission jugée "difficile" par leur chef Ahmed Himmiche, sur fond de nouvelles violences dans lesquelles 14 personnes, dont sept civils, ont péri à Deraa, Homs et Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH.
A Erbine, à 7 km de la capitale, des centaines de Syriens ont manifesté autour d'eux, selon une vidéo mise en ligne par des militants qui montre une pancarte accrochée à l'arrière de leur véhicule par des militants. "Le tueur continue à tuer, les observateurs continuent à observer, et le peuple continue sa révolution", peut-on lire.
Sur une autre vidéo, des tirs sont entendus et les manifestants se dispersent dans la panique. Huit personnes ont été blessées lors de ces tirs des forces gouvernementales, selon l'OSDH. Plusieurs autres défilés ont eu lieu à travers le pays.
Malgré les assurances de Damas, l'armée n'a pas retiré ses chars des villes, a repris ses bombardements sur Homs et opéré de nouvelles arrestations, en violation du plan, selon les militants.
Des quartiers du vieux Homs qui échappent toujours au contrôle de l'armée, continuent d'être bombardés, selon les Comités locaux de coordination (LCC, opposition).
M. Annan, dont l'initiative prévoit aussi un dialogue avec le régime refusé par l'opposition, doit s'adresser au Conseil de sécurité de l'ONU avant la fin de la semaine.
Pour tenter de maintenir la pression sur Damas, Paris a invité 14 ministres des Affaires étrangères à une réunion jeudi, selon une source gouvernementale. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a prévu d'y assister.
Déjà la veille à Paris, une cinquantaine de pays et d'organisations, dont les Européens, les Etats-Unis et la Ligue arabe et la Turquie, ont exprimé leur "ferme désapprobation (...) de la poursuite des ventes d'armes au régime" syrien, dont Moscou est le principal fournisseur d'armes. Ankara a dit avoir intercepté un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Syrie.
La Russie --qui a bloqué deux résolutions à l'ONU condamnant la répression-- leur a renvoyé la balle, en dénonçant une nouvelle fois le soutien d'Etats occidentaux et arabes à l'opposition armée accusée de "n'avoir pas accepté officiellement le plan Annan".
La Commission nationale de coordination, un des courants de l'opposition syrienne de l'intérieur, a affirmé avoir mené à Moscou des discussions "constructives et fructueuses", appelant "toute l'opposition" à prendre part au dialogue avec le régime.
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