Réunion de la Cédéao |
Cette
année, la donne a changé et l'organisation ouest-africaine semble décidée à
agir. « On a fait trop de battage médiatique pour ne rien faire »,
concède un officier de la région. Seulement des incertitudes demeurent sur un
éventuel déploiement de soldats au Mali. Tout d'abord, il faut mobiliser les
hommes, les équiper et leur apporter un soutien logistique via la France et les
États Unis. Selon plusieurs sources, ce défi n'est pas insurmontable mais il
faudra plusieurs semaines avant de voir le premier casque blanc fouler le sol
malien.
Beaucoup
plus problématique, si jamais cette mission voit le jour, quel sera son rôle ?
S'agira-t-il d'aider une armée malienne bien mal en point à reconquérir le nord
du pays ? De déployer une force d'interposition pour contenir les rébellions ?
La réunion d'aujourd'hui à Abidjan devrait permettre de se situer.
Si
la menace djihadiste apparaît désormais comme la principale source d'inquiétude
pour les voisins du Mali et les Occidentaux, jusqu'ici tous les pays ne
partagent pas le même point de vue sur l'action à mener. À Paris, certains
estiment que les rebelles Touaregs sont les mieux placés pour faire la chasse à
Aqmi.
À
Niamey, la capitale la plus exposée, mais pas seulement, on considère cette
solution comme intolérable et illusoire. Pour plusieurs officiels de la région,
c'est à une armée malienne soutenue par l'extérieur que revient la charge de
combattre les groupes djihadistes.
État des lieux des groupes armés dans le nord du Mali
Si
certains responsables du MNLA, Mouvement national pour la libération de
l’Azawad, parlent d'en découdre avec les groupes Ansar Dine et Aqmi, il
n'est pas certain qu'ils en aient la capacité sur le terrain.
Schématiquement,
le nord du Mali est partagé entre deux ensembles. D'un côté le MNLA, et de
l'autre, une alliance forgée entre Aqmi, Ansar Dine, le Mujao, Mouvement
pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, et des membres de Boko Aram.
On retrouve ces divers groupes dans toutes les grandes villes du Nord. Mais à
Tombouctou, Gao et Kidal, il semble que le MNLA ait du céder le premier rôle à
l'alliance Ansar Dine / Aqmi.
Tombouctou
est sous le contrôle des katibas d'Aqmi et de Iad Ag Ali, le MNLA occupant des
positions périphériques. À Gao, si le MNLA occupe les bâtiments du gouvernorat,
Ansar Dine et Aqmi se sont installés à la direction des routes et à celle des
douanes.
Selon
un témoin, les groupes s'évitent soigneusement. Mais selon lui, les hommes
d'Iyad Ag Ali paraissent mieux équipés et mieux organisés que ceux du MNLA. A
Kidal les groupes cohabitent selon un responsable local qui précise cependant
qu'Ansar Dine semble avoir fait de la ville sa base arrière.
Un
autre facteur fait pencher la balance en faveur d'Ansar Dine, c'est son leader
Yad ag Ali. Il est connu, puissant et influent. La preuve, il vient de
contacter le Haut conseil islamique malien en vue d'une libération de
prisonniers dans le Nord. Une délégation est actuellement à pied d'œuvre pour
cette opération. La puissance se mesure aussi à la capacité à ouvrir des canaux
de négociation
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