Pékin a décidé de prendre ses distances vis-à-vis du régime d’Assad en Syrie. Un indice de ce changement de politique est apparu lors d’un échange secret de messages avec l’Administration Obama, révélé en exclusivité par les sources de Debkafile à Washington. Le dernier message reçu dans la deuxième moitié de la semaine dernière annonçait : « La Chine ne constituera plus un problème pour l’Amérique dans ses tractations avec Assad. Il ne reste plus que la Russie ».
Ce changement de configuration a émergé au Conseil de Sécurité de samedi 21 avril, lorsqu’après avoir voté pour un nouvel envoi de 300 observateurs en Syrie, le Délégué chinois Li Baodong a fait un discours inhabituel : “Nous appelons aussi la communauté international à poursuivre son ferme soutien aux efforts réalisés par les bons offices de M. Annan et à consolider les résultats accomplis, et nous nous opposons fortement à tout discours et tout acte destinés à créer des difficultés aux bons services de M. Annan ».
Li a poursuivi en disant : “La Chine a toujours maintenu que l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, autant que le choix résultant de la volonté du peuple syrien devraient être respectés ».
Des sources occidentales insistent sur le fait qu’avec ce discours, l’ambassadeur chinois s’est écarté du soutien sans compromis de la Russie envers le dictateur syrien. Moscou est demeuré la seule puissance mondiale agissant pour imposer une limite à l’envoyé des puissances de la Ligue Arabe, Kofi Annan et à l’efficacité du travail des observateurs, en leur déniant l’équipement approprié et l’autorité suffisante pour superviser une fin des violences en Syrie.
Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a noté ce changement de politique en Chine, le 10 avril, lorsque, après s’être rendu en visite à Pékin, il remarquait : « La Chine n’est plus dans la même posture qu’auparavant, elle s’éloigne d’un soutien total au régime d’Assad ».
Les sources de Debkafile à Washington pensent que l’Administration Obama peut attribuer ce changement d’optique comme un échange de bons procédés eu égard à sa propre politique d’apaisement nucléaire envers –et de rapprochement avec- Téhéran. Un responsable américain de premier plan a déclaré que ce qui préoccupe le plus Pékin, c’est l’embargo pétrolier américain contre l’Iran et son impact sur l’économie chinoise. Maintenant que Pékin perçoit des signes patents que l’étau des sanctions se desserre, particulièrement en ce qui concerne les exportations de pétrole iranien, à la suite des arrangements américano-iraniens, il pousse un soupir de soulagement et s’apprête à être plus accommodant envers les Etats-Unis et leur politique en Syrie.
Une annonce à Téhéran a signalé cette approche d’un allègement des sanctions contre le pétrole iranien, samedi 21 avril, en disant que de nouveaux contrats d’achats, pour l’année entière de 2012, avaient été signés avec des raffineries asiatiques, qui étaient en relations commerciales avec l’Iran.
Nos sources rapportent que Pékin a repoussé un appel du régime Assad, lui demandant d’acheter des dizaines de milliards de $, valant pour les obligations du gouvernement syrien, afin de le dépanner dans sa situation de détresse liée à la durée de la guerre. La semaine dernière, on révélait qu’Assad était à ce point piégé par ce manque de liquidité, qu’il était obligé de puiser dans les réserves nationales d’or, détenues par la banque d’état syrienne, et à vendre son métal précieux sur les marchés financiers de Dubaï.
Cette défection de la Chine ne provoquera pas l’effondrement immédiat de Bachar al Assad, mais il s’agit plutôt, de la part de cette puissance mondiale déterminante, d’un vote de défiance concernant sa capacité à survivre. Cela laisse Téhéran et Moscou comme les seuls leviers d'action pour son régime et cela pourrait très bien inspirer des arrière-pensées, chez l’un ou l’autre de ces défenseurs et champions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire