Samir Geagea : cela fait trente ans que la gauche européenne le déteste.
Michel Garroté – A l'heure où la France, en campagne, fait mine de neutraliser l'islam radical sur son sol, Dario S., sur MediArabe.info (cf. lien en bas de page), informe que « ce mercredi, le chef du parti chrétien libanais Forces Libanaises, Samir Geagea, a échappé à un attentat exécuté par des tueurs professionnels bénéficiant d’une importante logistique et d’une couverture certaine qui leur a permis d’évacuer les lieux de leur forfait. Cet acte confirme d’une part les menaces qui planent sur le Liban, et atteste d’autre part que le pays est plus que jamais l’otage de la Syrie et d’une caste politique libanaise qui lui est inféodée. L’attentat contre Samir Geagea semble avoir été exécuté par des tueurs professionnels, qui ont surveillé pendant plusieurs mois les moindres gestes et mouvements dans l’enceinte de sa résidence à Meerab, au nord-est de Beyrouth.
Ne pouvant pas infiltrer le système sécuritaire qui protège Geagea, le commando qui l’a attaqué l’avait mis sous surveillance à distance, avant de passer à l’acte ce mercredi, en tirant deux balles explosives de calibre 12,7 mm qui l’ont raté. Geagea doit sa survie à une fleur, affirmait-il dans une conférence de presse. En se promenant dans le jardin de sa résidence, il s’est baissé pour cueillir une fleur quand les deux balles, tirées par deux fusils distincts, ont explosé contre un mur, à quelques centimètres de lui. En entendant les détonations, Geagea a eu le réflexe de s’allonger au lieu de se relever pour voir la provenance des tirs.
Les tireurs ont réussi à s’évaporer d’une région forestière difficilement accessible. Selon plusieurs experts, ils auraient bénéficié de complicités locales. Il convient de rappeler ici que le Hezbollah est accusé, depuis plusieurs années, de louer des appartements dans les régions chrétiennes, directement ou par l’intermédiaire de ses alliés chrétiens. Ces biens sont discrètement transformés en permanences ou refuges pour ses combattants, et il y stocke ses armes.
Ces accusations, difficilement vérifiables, laissent penser que le Parti de Dieu prépare un coup de force contre les Chrétiens, pour contrôler directement cette partie du Liban le jour où son alliance avec Michel Aoun ne suffit plus pour remplir cette mission.
Pour faciliter son infiltration des régions chrétiennes, le Hezbollah s’est également appuyé sur une multitude d’associations caritatives ou sociales, agréées par un proche du général Aoun, alors qu’il fut ministre des Affaires sociales. Le Hezbollah a poursuivi et accéléré sa politique en achetant des terrains dans la région afin d’assurer une continuité territoriale entre son fief de la Békaa et quelques villages chiites du département de Jbeïl (Byblos), dont le député chiite fait partie du groupe parlementaire de Michel Aoun. Heurtée à la résistance des villageois, cette politique semble avoir été facilitée par le Patriarche Béchara Raï, accusé d’avoir récemment proposé d’offrir 3.000 mètres carrés des terres de l’Eglise à chaque Chiite du village de Lassa pour calmer la contestation.
Si l’identité des tireurs est inconnue, des doutes planent sur leurs commanditaires. Car, il faut savoir que Geagea demeure le dernier homme politique chrétien à refuser tout compromis avec le régime syrien et ses alliés libanais.
A ce titre, l’organisation de sa formation politique, qui vient de se doter d’une constitution faisant des Forces libanaises le premier et l’unique parti démocratique au Moyen-Orient, fait peur à ses adversaires. Ils craignent sa victoire électorale massive lors des législatives prévues théoriquement au printemps 2013, confirmant ses succès aux élections professionnelles.
Les mêmes conditions avaient conduit le régime libanais, installé par l’occupation syrienne à Beyrouth, à commettre un attentat dans une église, en février 1994, avant de l’attribuer à Geagea, de l’emprisonner, d’ouvrir des dossiers couverts par l’amnistie votée à la sortie de la guerre (1975-1990) et de dissoudre le parti. Pour les stratèges syriens, le vide provoqué par cette dissolution allait être rempli par des formations chrétiennes alliés à Damas. Peine perdue. Les Chrétiens ont largement boycotté le système et deux élections législatives, cautionnés par le Patriarche maronite Nasrallah Sfeïr. Ils ont ainsi préparé les esprits et le terrain au soulèvement qui allait suivre l’assassinat de Rafic Hariri en 2005 et provoquer le retrait syrien.
En effet, la Révolution du Cèdre dont le parti des Forces libanaises était le précurseur et l’un des piliers, a scellé l’alliance des souverainistes libanais de toutes les confessions, dans le sillage de l’assassinat de Hariri. Les intimidations et les assassinats politiques qui ont visé les principaux dirigeants de la Révolution du cèdre ont échoué à domestiquer les Forces Libanaises, et les tentatives de les réduire politiquement à travers l’alliance contre-nature en le général Michel Aoun et le Hezbollah, et à travers le retournement du nouveau Patriarche Béchara Raï, n’ont fait que confirmer l’audience et l’ancrage des Forces libanaises dans la conscience des Chrétiens, et justifier la justesse du combat politique de leur chef. Son élimination physique devenait ainsi indispensable pour les adversaires locaux de Geagea, en quête de démantèlement de l’Etat libanais au profit du Hezbollah et de son mini-Etat.
Notons que la télévision du Hezbollah, « Al-Manar », a réagi dans son principal journal de mercredi soir, pour éloigner toute suspicion du Parti de Dieu, avant même que l’enquête ne commence ou que les Forces libanaises ne l’accusent. « Al-Manar » a tout simplement dit que « la tentative d’attentat avec des armes lourdes est lourde à passer ». Certains voient dans ces propos « un tir préventif de la télévision pour innocenter le parti et brouiller les pistes ».
Aussi, en commanditant cet assassinat, les adversaires régionaux de Geagea, qui redoutent de plus en plus son rayonnement, prévoyaient l’implosion du Liban, dans la mesure où sa mort allait provoquer une réaction sanglante de ses partisans. De ce fait, la relance de la guerre civile au Liban ne pouvait que soulager le régime syrien, lui permettant de détourner l’attention sur le massacre en Syrie.
Rappelons que les révolutionnaires syriens, et plus particulièrement les chrétiens de Syrie, déçus par les positions de l’Eglise qui flirte avec le dictateur génocidaire, sont de plus en plus nombreux à jurer au nom de Geagea, à brandir son portrait dans leurs manifestations, et à le prendre comme un exemple de résistance. Lors de la cérémonie organisée samedi dernier à Beyrouth, à l’occasion du 18ème anniversaire de dissolution des Forces Libanaises, Geagea s’en est pris de manière frontale au régime syrien, sous les applaudissements.
L’Iran aurait également un intérêt certain dans cet attentat qui devait soulager son allié syrien et permettre à son protégé du Hezbollah d’achever sa mainmise sur le Liban, sans aucune résistance. D’ailleurs, selon plusieurs experts balistiques, les armes et les munitions utilisées contre Geagea sont très particulières (grande précision, puissance), mais surtout difficiles à s’en procurer sur le marché de l’armement. Il s’agirait d’équipement spécifiques destinés aux snipers de précision. L’Iran serait à l’origine de ce matériel, directement ou à travers la Syrie.
En définitive, la tentative de décapitation des Chrétiens souverainistes au profit des Chrétiens alliés (Aoun, Frangieh, Patriarche…), après l’exil forcé des dirigeants des souverainistes Sunnites (Saad Hariri), et les menaces contre les souverainistes Druzes (Walid Joumblatt), confirme que le Liban est plus que jamais menacé. Il est d’une part l’otage de la situation en Syrie, du bras de fer autour du programme nucléaire iranien, et de dirigeants politiques libanais du moins impuissants, sinon collaborateurs avec les puissances dominantes intérieures et étrangères », conclut Dario S., sur MediArabe.info (cf. source ci-dessous).
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