La crise ivoirienne a beau être terminée depuis maintenant deux ans avec la chute de Laurent Gbagbo, il n’en reste pas moins que le pays reste divisé, comme l’ont montré les tensions constatées lors des dernières élections municipales.
“Le désarmement et la réinsertion des ex-combattants des deux camps politiques, qui demeurent cruciales pour résoudre une grave menace contre la paix durable dans le pays, sera un défi”, avait d’ailleurs récemment estimé Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies.
Justement, un rapport de l’ONU concernant la Côte d’Ivoire et remis le 28 avril dernier a de quoi être inquiétant. Ainsi, constatant que les taxtes sur les exportations ivoiriennes n’avaient que très peu progressé depuis la fin de la crise en 2011, les experts des Nations unies ont décrit un système de prédation des ressources naturelles du pays, profitant aussi bien à un “réseau militaro-économique” mis en place par les anciens chefs des Forces nouvelles, alliés de l’actuel président, Alassane Ouattara.
“L’administration ivoirienne a progressivement intégré d’anciens commandants rebelles dans les forces armées nationales sans que ceux-ci aient abandonné leurs activités économiques et leurs méthodes de prédateurs et de chefs de guerre”, ont expliqué les experts indépendants de l’ONU, qui dénoncent le “pouvoir et l’influence croissants dont jouissent les réseaux d’anciens membres des Forces nouvelles de par leur intégration aux corps réguliers chargés de la sécurité ” ainsi que le “contrôle qu’ils exercent sur diverses activités économiques illégales ou informelles.”
Et le phénomène ne manque pas d’ampleur : 10% de la récolte de cacao pour la période 2011-2012 aurait été détournée, soit la bagatelle de 153.000 tonnes. Même chose pour la noix de cajou, dont plus de 30% de la production est allée dans d’autres poches. Il concernerait aussi le coton, le bois, l’or ou encore les diamants.
Les sommes détournées sont loin d’être anecdotiques. Rien que pour le cacao, il est question de 400 millions de dollars (1,6% du PIB ivoirien en 2012) de pertes pour l’économie locale et de 76 millions de dollars de rentrées fiscales en moins. La contrebande passe principalement par le Ghana, où a d’ailleurs trouvé refuge l’aile radicale des partisans de Laurent Gbagbo, le président déchu.
“Ces groupes (favorables à Gbagbo, ndlr) ont les moyens de mener des opérations militaires à l’aide d’armes et de matériel connexe qu’ils se procurent dans le non-respect total du régime de sanctions, ainsi que de recruter des combattants, en Côte d’Ivoire et ailleurs”, indique le document.
Ce rapport ne fait en outre cadeau à aucun des deux anciens camps. L’hebdomadaire “L’Elephant Déchaîné”, qui en a fait la synthèse, souligne que le document indique que “Laurent Gbagbo dispose d’autres comptes cachés à la SGBCI et sur lesquels roupillent tranquillement plus de 5 milliards de francs CFA” et que l’on y apprend “que Charles Blé Goudé (ndlr, partisan de Gbagbo et arrêté en janvier), en plus de disposer de plusieurs identités, dispose d’un surprenant compte bancaire à la BFA et sur lequel de nombreuses entreprises publiques et privées, on ne sait trop pourquoi, ont ordonné de nombreux dépôts de fortes sommes d’argent. Curieusement, alors qu’il est censé être gelé, ce compte continue d’être opérationnel et des retraits y sont effectués à distance via des cartes bancaires.”
La question est donc de savoir à quoi va servir tout cet argent amassé. Pour les experts de l’ONU, il est possible qu’il ait été utilisé pour acheter de l’armement. Ce qui est interdit en Côte d’Ivoire, le pays étant encore soumis à un embargo. Mais c’est la levée de ce dernier qui est à redouter : avec des moyens financiers importants, il est en effet à craindre une ruée sur les armes des deux camps.
http://www.opex360.com/2013/05/03/main-basse-sur-les-matieres-premieres-en-cote-divoire/
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