mercredi 3 juillet 2013

Derrière l’« Africa Trip » d’Obama

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Le Prix Nobel Barack Obama songe aux affres de la destinée humaine dans la Maison des esclaves et y puise la force de son engagement pour l’humanité (Musée de Gorée, Sénégal, 27 juin 2013).
© Official White House Photo by Pete Souza
 
Tout en jouant à l’humaniste, le président Obama est venu en Afrique y renforcer l’exploitation des richesses dangereusement menacée par l’influence sino-iranienne. Il n’a pas réussi à se faire photographier au côté de Nelson Mandela, mourant, qui l’avait expulsé d’Afrique du Sud lors de son passage de 2006.
Il s’est fait photographier dans la Maison des esclaves, sur l’île de Gorée au Sénégal, le regard pensif sur cet Atlantique à travers lequel des millions d’Africains furent transportés, enchaînés, aux Amériques. Il s’est déclaré inspiré, en tant que « président afro-américain », par ce lieu qui « me donne des motivations encore plus grandes pour défendre les droits humains dans le monde entier ».
C’est dans cette tonalité que le président a commencé son voyage en Afrique. Mais, en Afrique du Sud, il a été accueilli par des milliers de travailleurs et d’étudiants qui l’ont qualifié d’ « esclavagiste », en l’accusant de trahison de ses promesses électorales et de crimes de guerre. Obama n’est même pas arrivé à se faire photographier au chevet de Nelson Mandela, image-symbole à laquelle il tenait beaucoup.
Tout ne s’est donc pas déroulé pour le mieux dans l’ « Africa Trip 2013 ». Tour de propagande qui a coûté une centaine de millions de dollars : avec le président sont arrivés des USA des centaines d’agents des services secrets, avec 56 véhicules spéciaux dont 14 limousines blindées et trois camions chargés de vitres pare-balles, et un porte-avions dont les chasseurs ont pris le contrôle de l’espace aérien le long du parcours présidentiel.
La véritable raison du voyage est apparue quand Obama a déclaré que « La Chine porte beaucoup d’attention à l’Afrique » et que c’est l’ « intérêt des États-Unis d’approfondir et d’élargir les partenariats avec les pays africains ». Il y a pourtant un problème : les USA n’arrivent pas à rivaliser avec la Chine, dont les investissements sont pour les pays africains beaucoup plus utiles et avantageux que les étasuniens, qui, eux, visent le profit maximal en se concentrant sur l’exploitation des ressources énergétiques et minérales.
Pour parer à l’influence chinoise et renforcer celle des États-Unis en Afrique, l’administration Obama a surtout recours à des instruments politiques et militaires. Parmi ceux-ci, « l’Initiative pour les jeunes leaders africains », dont l’objectif est de « développer un réseau prestigieux de jeunes leaders dans des secteurs fondamentaux et de cimenter des liens encore plus forts avec les États-Unis ». À travers des « forums de haut niveau » et plus de 2 000 « programmes pour la jeunesse » financés par des millions de dollars, Washington essaie de créer en Afrique de nouvelles élites dirigeantes pro-USA.
En même temps, par le biais de l’AfriCom, on renforce la présence militaire étasunienne sur le continent. La principale base pour cette opération est Sigonella (Sicile). C’est là qu’a été déployée la Special-Purpose Marine Air-Ground Task Force (MAGTF) du Corps des marines, qui, dotée de convertibles (rotors basculants, Ndt) MV-22 Ospreys et d’avions-citernes C-130, envoie des escadrilles en Afrique, par roulement. Depuis janvier, partant de Sigonella, elle a entraîné des forces spéciales africaines en Ouganda, Burundi, Cameroun, Ghana, Burkina Faso, Seychelles, Mozambique, Tanzanie, Sénégal et Libéria. La task force de Sigonella collabore aussi au Military Intelligence Basic Officer Course-Africa, dans lequel sont formés des officiers des services secrets africains au Kenya, en Éthiopie, au Soudan du Sud, au Nigeria et dans d’autres pays. Le cours Miboc-A est défini comme « une des centaines d’activités pour la sécurité réalisées par les militaires états-uniens en Afrique ». Ainsi s’étend sur l’Afrique le réseau militaire US, qui à travers de multiples liens recrute officiers et forces spéciales locales. Opération dirigée par l’AfriCom, qui a installé il y a quelques jours, auprès de la Task force conjointe pour la Corne d’Afrique et Djibouti, son premier « poste de commandement avancé » sur le continent. Nouvelle version des vieux instruments de domination coloniale.
Mais qu’Obama fasse attention : comme il l’a lui-même dit, « L’Afrique est en train de se soulever ».

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