Les origines de l’islam

L’AFS va rééditer l’étude remarquable faite par Édouard Pertus : Connaissance élémentaire de l’islam. Ce document donne dans son chapitre III, l'origine de l'islam telle que la légende musulmane l’a inventée. En l’écrivant, l'auteur était conscient de ce que les travaux des chercheurs donneraient ultérieurement une histoire différente de la légende. Il avait dit : Les conclusions de ces recherches ne sont pas encore fermes ; de plus il est nécessaire de faire connaître ce que les musulmans croient, si l'on veut les comprendre et éventuellement leur parler. Nous pensons utile de donner aujourd’hui un résumé des résultats obtenus depuis par la recherche historique.

Le résultat des études sur l’origine de l’islam

Les résultats des études récentes sur l’origine de l’islam ont été remarquablement complétées et synthétisées dans la thèse monumentale du P. Édouard Gallez : Le messie et son prophète. Aux origines de l’islam,[1] qui est devenue une référence incontournable. Ceux qui la liront auront intérêt et plaisir à lire ce livre, très accessible bien que scientifique.

I - Une histoire difficile à établir [2]

L’islam s’est répandu par des guerres de conquête victorieuses. Les écrits historiques musulmans, rédigés par des vainqueurs, présentent une vue partiale.

a) Les systèmes politiques fondés sur un corps d’idées ont utilisé leur pouvoir pour contrôler les idées et les écrits. L’empire islamique n’a pas échappé à cette règle.

b) De plus, les documents islamiques sur lesquels se fondent jusqu’ici la connaissance du premier islam et de la vie de Mohammed[3] ont été mis par écrit plus de deux siècles après la mort de Mohammed, et les documents antérieurs ont tous disparu.[4]

Comment faire pour surmonter cette difficulté ?

Les méthodes de l’exégèse se sont développées, la découverte de nouvelles sources de documentation écrite et l’utilisation de nouveaux outils ont permis de surmonter cette difficulté.

a) Les méthodes d’analyse des textes anciens, développées depuis 1850 en Europe, ont été appliquées aux écrits juifs et chrétiens, elles le sont maintenant aux écrits musulmans.

b) Des textes en grec, latin, hébreu, arménien, géorgien, syriaque et persan ont été recherchés, retrouvés et traduits. Ils donnent, sur les débuts de l’islam, des informations datant de 10 à 30 ans après les faits, et parfois même sont contemporains des faits décrits.

c) Les outils historiques ont été développés, ou ont connu un usage plus large. Ils permettent de compléter les documents historiques quand ils sont peu nombreux. Ce sont l’onomastique[5], la toponymie[6], l’épigraphie[7], la linguistique[8], la numismatique[9] et l’archéologie. Ils ont apporté une moisson de résultats qui éclairent l’histoire de Mohammed et celle du premier islam.

Considérons donc d’abord ce qui a précédé l’islam, avant de voir ce qui a pu être historiquement établi sur la vie de Mohammed et enfin ce qui semble avoir suivi sa mort.

II - La recherche d’un pré-islam

D’après la théologie musulmane, Mohammed, venant à la suite d’une longue suite de prophètes, n’aurait fait qu’un "rappel", rendu nécessaire parce que les hommes oublient. On peut donc penser que des révélations faites aux prophètes prédécesseurs de Mohammed ont du laisser des traces. D’autre part, des historiens pensent que les nouveaux systèmes d’idées se développent à partir d’ébauches antécédentes.

Quelle que soit l’hypothèse choisie, il a dû exister une sorte de pré-islam qu’il est intéressant de rechercher.

La trace des apports antérieurs

De fait, certaines idées présentes dans l’islam d’aujourd’hui sont également présentes dans les sectes millénaristes et messianiques du Proche Orient, aux premier et deuxième siècles de notre ère. Voir comment ces idées ont cheminé dans cette région du monde a donné un éclairage supplémentaire.

Dans le Coran, Myriam, sœur d’Aaron, et Marie, mère du Christ, est une seule et même personne, alors que 1.200 ans les séparent. La Trinité, formée pour les chrétiens du Père, du Christ et du Saint-Esprit, est déclarée dans le Coran formée, du Père, du Christ, et de Marie. Ces éléments, et d’autres de la sorte, font penser que le Coran est formé de plusieurs traditions différentes, comme on peut l’observer pour d’autres livres anciens.[10]

Le messianisme s’est formé dans la Palestine antique

Les messianismes juifs se sont formés en trois siècles, de 180 avant notre ère à 150 après. Leur théologie présente cinq idées centrales qui, durent encore de nos jours[11] :

· La première est celle d’une guerre menée pour des raisons théologiques.
· La seconde est celle d’émigration : les Justes devaient d’abord aller au désert, reproduisant l’Exode de Moïse au Néguev-Sinaï.
· La troisième idée était la conquête de Jérusalem.
· La quatrième était la libération complète de la Palestine juive.
· La cinquième était la conquête du monde entier.

Alors que les quatre premières étaient tout à fait générales dans les mouvements messianiques juifs, la dernière n’était acceptée que par une partie des adeptes. Les deux premières idées sont proches de celles de l’islam, et la cinquième reste un rêve que les musulmans ont poursuivi pendant quatorze siècles.

Les judéo-chrétiens

Le mot « judéo-chrétiens » ne veut pas désigner l’ensemble des juifs et des chrétiens, mais les membres de sectes nées dans les deux premiers siècles de notre ère. Ayant transformé des idées juives et des idées chrétiennes, ils ne sont plus ni juifs ni chrétiens. Pour eux, le Christ est un grand prophète, mais non un Dieu. Après avoir échappé à la crucifixion, il aurait été placé au ciel, en attendant de revenir pour mener une guerre de conquête mondiale, pour établir une société parfaite, où tous les justes seraient heureux, tandis que les injustes seraient esclaves ou serviteurs au service des justes.[12]

Le nazaréisme

La secte des nazaréens a concentré les adeptes et les idées des judéo-chrétiens. On la trouve attestée épisodiquement un peu avant le début de notre ère jusqu’à 80 ans après la naissance de l’islam[13]. Leur nom, araméen, signifie les aides (de Dieu : racine NZR), très proche de celui d’ansar qui signifie, en arabe (racine NSR), les aides (d’Allah).

Ils enseignaient qu’après avoir émigré au désert, conquis Jérusalem et reconstruit le Temple, le Christ reviendrait du ciel pour prendre la tête des armées nazaréennes et conquérir le monde.

Ils nommaient le Christ : « ‘Îsâ ». En dehors d’eux, seuls les musulmans le font.

· Waraqa [14]

Waraqa était un Koreichite de la tribu de Mohammed, devenu prêtre nazaréen un peu avant le début de l’islam. Il est décrit par les documents musulmans comme "un des chef et des guides des Koreichites".

Quand il est mort, "la révélation s’est arrêtée",[15] ce qui signifie pour un musulman que Mohammed n’a plus reçu de "communications de l’ange Gabriel".

Mohammed a déclaré avoir vu Waraqa au paradis. Pour l’islam, seuls les musulmans vont au paradis. Or, Waraqa était nazaréen, Mohammed musulman, et Mohammed disait que tous deux étaient de l’unique bonne religion.

· Le nom des premiers disciples de Mohammed

Du vivant de Mohammed, et 15 ans après sa mort, les fidèles de Mohammed se donnaient le nom de mahgrâyê. Ce mot n’est pas un mot arabe mais araméen qui signifie les émigrés ; il n’a de sens que dans la théologie des nazaréens.

Dix à quinze ans après la mort de Mohammed, mahgrâyê a été traduit par muhâjirûn, (émigrés en arabe), et pour le demi-siècle suivant, dans l’usage courant, les convertis de Mohammed ont porté les deux noms.[16] Le terme "musulman" est apparu, vers 720 dans l’usage officiel, mais dans l’usage courant le mot araméen initial a longtemps été utilisé.

· Un émir nazaréen

En 644 eut lieu une controverse entre le patriarche jacobite Jean 1er et l'émir Amru bar Sa’d, [17] gouverneur de Homs, en Syrie, ancien compagnon de Mohammed. Le patriarche a rédigé leur discussion, et cet écrit nous est parvenu. [18]

L'émir, violemment anti-chrétien, s'efforça de convaincre le patriarche de se rallier à la religion de l'armée arabe, et d'entraîner avec lui ses ouailles. Il est remarquable que, dans tout le cours de la controverse, pas une fois l'émir ne mentionne ni le Coran, ni Mohammed, ni l’islam. Son but fut de convaincre le patriarche que le Christ était certes un prophète, mais pas Dieu. Il utilise les arguments des nazaréens, non ceux des musulmans.

· La chahada[19]

Sa forme première a pu être reconstituée à partir de graffiti et d’épigraphies arabes non officielles, presque toujours gravées sur pierre. Voici le texte : [20]

"Je témoigne qu'il n'y a de dieu que Dieu, pas d'associé à lui."

Cette forme est nazaréenne. Entre 690 et 740, il y a deux attestations : Mohammed est son prophète, et, le Christ est son prophète.

La forme actuelle de la chahada, il n'y a de dieu que Dieu, et Mohammed est son prophète ne devient exclusive que vers 735-740.

· Le nazaréisme est un pré-islam

Les nazaréens pratiquaient la circoncision, la polygamie limitée à 4 épouses, décrivaient un paradis où les élus trouveraient des aliments délicieux, des boissons agréables et des femmes. Toutes ces idées sont présentes dans l’islam.

De plus, un grand nombre de thèses, de conceptions, de dogmes nazaréens se retrouvent à l’identique dans l’islam d’aujourd’hui : ‘Îsâ, le nom de Jésus, le statut du Christ, les récits de l’enfance de Marie, la confusion entre Marie et Myriam, le statut des femmes, la Trinité formée du Père, du Christ et de Marie, la conception du paradis, le vin, interdit sur terre mais présent en fleuves entiers au paradis…

· Le mot « musulman »

Le mot musulman apparaît pour la première fois sur le Dôme du roc, en 691, il entre dans l’usage officiel vers 720, il est utilisé sur une monnaie pour la première fois en 768, et sur papyrus en 775 seulement. La recherche linguistique montre que les mots islam et musulman ne viennent pas de l’arabe, mais de l’araméen, la langue des nazaréens.

· L’origine du nom de Médine

Le nom de Médine, d’après les documents musulmans, viendrait de madina ar-rasul Allah, la ville du messager d’Allah. Cette étymologie en langue arabe est proposée par l’islam plus de 200 ans après les faits. Or, à l’époque, madina ne signifiait pas ville, mais région. Ville se disait qura. Des textes datant de 30 ans après les faits indiquent une autre étymologie, à partir de l’araméen, impliquant les nazaréens. Comme le relève Maxime Lenôtre [21] :

Edouard Marie Gallez ... donne une raison … de l’opération du changement de nom de Yathrib en Médine. Mohammed n’a jamais prétendu être un prophète, mais un prédicateur… Aucun texte ni aucune inscription ne le désigne comme prophète avant l’extrême fin du VIIe siècle. La première attestation connue et fiable est une monnaie de 685. Or Médine signifierait « ville du Prophète » (Madinât al-nabî). Puisqu’il n’est pas question de "prophète" et qu’on ne débaptise pas une ville pour l’appeler ville tout court, il faut penser que les trois consonnes mdn, si elles ont parfois la signification de région … ne signifieraient pas "ville" en tant que nouveau nom de Yathrib. L’allusion biblique est alors évidente : il s’agit du nom de Modin – mdn – le lieu où prit naissance la révolte victorieuse des Macchabées contre l’occupant grec de la Palestine (Antiochus IV Epiphane) ; celle-ci aboutit à l’instauration d’un … royaume juif asmonéen (automne 134 à 63 avant notre ère), c'est-à-dire jusqu’à l’arrivée des Romains.

III - Mohammed

Les sources documentaires islamiques sont rares. L’existence du Coran est attestée pour la première fois soixante-dix ans après la mort de Mohammed, et les traditions, qui décrivent la collecte et l’histoire des Corans, ne sont attestées que vers 750.

Comme dit précédemment, l’histoire personnelle de Mohammed a été rédigée deux siècles après sa mort, sur ordre califal, mais tous les documents qui ont servi de sources ont disparu. Pendant les deux premiers siècles de l’islam, la destruction des documents originaux relatifs au Coran a été faite ouvertement par les califes : les tout premiers documents originaux sur des supports de fortune, les notes d’Hafça, une des épouses de Mohammed, les Corans dissidents détruits par Hajjâj en 692, etc. Les notes de Fatima, la fille de Mohammed, ont disparu, ainsi que de nombreux documents cités dans des documents ultérieurs, mais dont on ne retrouve rien.

Les hadiths, (paroles ou actes de Mohammed), sont consignés dans des recueils mis par écrit deux siècles et demi après sa mort. Cinq recueils sont tenus pour authentiques par les érudits de l’islam.[22] Ils contiennent ensemble environ 20.000 hadiths.[23]

L’environnement

Les documents de la recherche historique sur Mohammed apportent des renseignements intéressants.

· La Mecque

L'ouvrage de référence sur l'origine de La Mecque est celui de Patricia Crone,[24] une islamologue danoise. Selon ses travaux :

a) Avant l’islam, aucun géographe de l’antiquité ne mentionne La Mecque, ni directement, ni indirectement, ni sous le nom de La Mecque, ni même sous un nom vaguement ressemblant.

b) D’après l’histoire califale, elle tirait sa subsistance du commerce international et des pèlerinages. Le commerce allégué n'est mentionné que dans les documents califaux. S'agissant d'un commerce international, on devrait en parler aussi dans les pays de destination, ce qui n'est jamais le cas.

Cela met gravement en doute l’existence même de La Mecque au temps de Mohammed et donc que ce soit là le lieu de sa naissance.

· Les Koreichites : toponymie et documents écrits

D’après les sources musulmanes sans divergence entre elles, et d’après les sources des peuples voisins, les Koreichites avaient leur commerce et leurs propriétés agricoles en Syrie et en Palestine. Il n’existe aucune attestation non musulmane, ni aucun ensemble d’attestations musulmanes sans divergences, indiquant une localisation dans la région de La Mecque actuelle.

La toponymie indique que les Koreichites vivaient en Syrie. On pourrait encore aller voir les lieux où Mahomet a vécu, ils sont connus des géographes modernes et même de certains anciens, comme par exemple le lieu-dit “caravansérail des Koreichites ”, c’est-à-dire rien de moins que la base arrière de sa tribu, adonnée au commerce caravanier - Mahomet lui-même participa à ces caravanes, dans sa jeunesse, ainsi que les traditions nous l’indiquent sans qu’il existe la moindre raison d’en douter. Et sur une carte toponymique,[25] on peut également repérer en Syrie d’autres noms de lieux très significatifs qu’on retrouve aujourd’hui autour de La Mecque actuelle : ainsi Kaaba, ou encore Abou Qoubays - qui est le nom de la montagne renommée jouxtant La Mecque actuelle en Arabie. De plus, même le nom de La Mecque, se trouve en Syrie…

Ces faits renforcent le doute précédent concernant l’existence de la Mecque actuelle lors de la naissance et de l’enfance de Mohammed.

· La culture religieuse

Il est très douteux que les Arabes du VIIe siècle soient des polythéistes étrangers aux traditions biblique ou chrétienne. Par leur commerce, ils sont, en effet, depuis plus de six siècles en contact avec des juifs et depuis six siècles en contact avec des chrétiens. Ils ne pouvaient pas ignorer la révélation judéo-chrétienne.

Dans le Coran, le terme censé désigner des polythéistes est celui de muškirûn qui, selon tous les auteurs des VIIIe et IXe siècles, signifie associateurs, (reproche sans cesse adressé aux chrétiens). Mais plusieurs versets attestent expressément la foi monothéiste de ces muškirûn supposés être des polythéistes.

· Le massacre des juifs

Aux dires des traditions islamiques, dans l’oasis de Yathrib, la plupart des sédentaires sont des « juifs ». D'après la Sira d’Ibn Hichâm, Mohammed aurait massacré une tribu juive de Yathrib, les Qorayza, expulsé et dépouillé deux autres, les Banou Nadir et les Qaynoqa.

Il n'existe aucune source non musulmane, ni littéraire, ni archéologique, ni épigraphique qui fasse état de ces trois tribus ; et les documents judaïques de l’époque qui détaillent les implantations juives au Proche-Orient ne mentionnent jamais Yathrib.

Les traditions rabbiniques ne les auraient donc jamais reconnues comme des leurs ? Alors ces « juifs » et ceux qui y conduisirent leurs amis arabes seraient alors probablement des “judéo-chrétiens” hérétiques, appartenant à la secte des «nazaréens» (cités dans la sourate 5, verset 82).

Les documents historiques sur Mohammed

D’après Théophile d’Edesse,[26] Mohammed est né et a vécu à Yathrib, plus tard renommé Médine par les musulmans.

De 614 à 622, Mohammed se joignit aux Perses qui avaient envahi la Palestine et battu les armées byzantines de l’empereur Héraclius.

· L’hégire

On sait que le calendrier des musulmans numérote les années à partir de l’hégire. Pourtant la fondation d’un nouveau calendrier absolu ne peut s’expliquer qu’avec la conscience de commencer une Ère Nouvelle, dans le cadre d’une vision de l’Histoire.[27] Quelle est cette ère nouvelle ? D’après les explications musulmanes, cette année 1 se fonderait sur une défaite et une fuite de Mohammed, parti se réfugier loin de La Mecque. Mais une fuite ne peut être sacralisée jusqu’à devenir la base d’un édifice chronologique et religieux.

Si Mohammed est bien arrivé à Yathrib - qui sera renommé plus tard Médine - en 622, ce ne fut pas seulement avec une partie de la tribu des Koraïchites, mais avec ceux pour qui le repli au désert rappelait justement un glorieux passé et surtout la figure de la promesse divine. Alors, le puzzle prend forme, ainsi que Michaël Cook et d’autres l’ont entrevu. Le désert est le lieu où Dieu forme le peuple qui doit aller libérer la terre, au sens de ce verset : « Ô mon peuple, entrez dans la terre que Dieu vous a destinée » (Coran V, 21). Nous sommes ici dans la vision de l’histoire dont le modèle de base est constitué par le récit biblique de l’Exode, lorsque le petit reste d’Israël, préparé par Dieu au désert, est appelé à conquérir la "terre", c’est-à-dire la Palestine selon la vision biblique. Telle est la vision qui dirigeait Mohammed et les autres Arabes vers Yathrib en 622. Et voilà pourquoi une année «1» y est décrétée.

Des documents contemporains de Mohammed indiquent qu’en 622 ce dernier disposait d’armées nombreuses, et non de quelques convertis désarmés. En cette même année, Héraclius revenait en vainqueur, et commençait la reconquête de la région. Les adeptes armés de Mohammed durent se replier pour éviter les représailles qu’Héraclius appliqua aux alliés locaux des Perses. Les troupes de Mohammed se rassemblèrent à Médine, la ville de leur chef.

L’hégire concernait non 70 convertis fuyant les Mecquois, mais plusieurs milliers de combattants évitant les armées d’Héraclius.

· Après l’hégire

Après 622, Mohammed continua à rallier les tribus arabes du nord et non celles de la région de La Mecque.

Le Pseudo-Sébéos[28], dix ans après les faits, indique que Mohammed ne parlait ni de l’ange Gabriel, ni de révélation, mais uniquement de la Tora telle que l’interprétaient les nazaréens.

En 629, les armées de Mohammed, cherchant à s’emparer de Jérusalem, furent battues à Muta, près de la pointe sud de la Mer Morte.

D’après une attestation de Jacob d’Edesse,[29] datant de 640, dix ans après les faits, (et non plus de 200 ans après, selon les attestations musulmanes), Mohammed effectuait à cette époque (630 donc) des raids dans la Palestine, et non une guerre contre les Mecquois.

En 634[30], quatre attestations différentes indiquent que Mohammed commandait en chef lors de la bataille de Gaza, où ses fidèles battirent les Byzantins. Avec Omar, les Arabes s’emparèrent de Jérusalem vers 637.

Il nous paraît incroyable aujourd’hui que des juifs et des musulmans aient pu collaborer pour rebâtir ensemble le Temple de Salomon sur l’Esplanade de Jérusalem. Pourtant, il y eut une époque, où pendant une quinzaine d'années environ, de 634 à 650, des Juifs et des Arabes collaborèrent, et construisirent ensemble un nouveau Saint des Saints du Temple de Salomon.

Pour Edouard-Marie Gallez, la séparation de ceux qui allaient devenir des musulmans d’avec les judéo-nazaréens surviendra après cette conquête de Jérusalem par Omar, et après la reconstruction d’un temple.

En effet, contrairement à l’attente judéo nazaréenne, le Messie-Jésus n’est pas redescendu du Ciel en 638. En 639 non plus. Et en 640, l’espérance de le voir redescendre du Ciel apparut clairement être une chimère. Au terme des quatre ans qui devaient le voir revenir, Jésus n’est pas revenu. C’est la crise. Les judéo-nazaréens, ou tout au moins leurs chefs devenus gênants, sont massacrés. S’impose alors la nécessité pour les Arabes de justifier leur action dans l’Orient et, selon le P. Gallez :

C’est dans ce cadre qu’apparut la nécessité d’avoir un livre propre à eux, opposable à la Bible des juifs et des chrétiens, qui consacrerait la domination arabe sur le monde... et qui contribuerait à occulter le passé judéo-nazaréen.

IV - La naissance de l’islam

Le changement de qibla

La "qibla" désigne la direction vers laquelle se fait la prière. Les adeptes de Mohammed prièrent d'abord en direction de Jérusalem, direction de la prière pour les juifs et pour les nazaréens. Ensuite ils prièrent en direction de la Mecque actuelle. L’usage initial de la direction vers Jérusalem fut expliqué par l’histoire de "Bouraq", [31] laquelle fait intervenir l’Esplanade du Temple. Or le Dôme du Rocher[32], bâti en 691 sur cette Esplanade, porte une inscription qui ne fait pas état de cette histoire.

Le changement de "qibla" s’est fait quand l’histoire "explicative" est apparue, après 691, et non du vivant de Mohammed. Le mot musulman

Comme nous l’avons dit ci-dessus, le mot « musulman » apparaît sur le Dôme du Rocher en 691. Il n’entre dans l’usage officiel que vers 720 et est utilisé sur une monnaie en 768.

Ces signes, et quelques autres, manifestent un changement dans la religion des adeptes de Mohammed. Selon Gallez, ce changement est dû à la formation de l’islam. Mohammed considéré comme prophète

Une pièce de monnaie frappée en 685 à Bishapur[33], représente la plus ancienne attestation disponible de Mohammed comme prophète. Pourtant le papyrus de Khirbet el Mird, vers 720, montre qu’à cette époque Mohammed n’inspirait aucun respect particulier.

Mohammed n’a été considéré comme le prophète fondateur que plus d’un siècle après sa mort.

V - La fixation des textes du Coran

Le Coran selon l’islam

D’après les théologiens musulmans, le Coran vient directement d’Allah, il n’a pas changé d’une seule lettre depuis qu’il a été mis par écrit, et sa langue est si somptueusement poétique qu’elle est inimitable par aucun humain. Mohammed l’a récité alors qu’il était analphabète. Avant que le monde ne soit créé, le Coran était déjà présent, ce que la théologie musulmane exprime en disant que le Coran est incréé.

Le Coran est en arabe depuis avant la fondation du monde parce qu’Allah parle arabe avec les anges.
Les difficultés de l’histoire califale du Coran

L'alphabet arabe ne comportait à l’époque de Mohammed que trois voyelles longues : a, i, u, et ne faisait pas la différence entre certaines consonnes. Cette écriture, nommée scriptio defectiva, est indéchiffrable, et ne peut servir que d’aide mémoire à ceux qui connaissent déjà le texte.

· La collecte des documents

C’est vers 650, que des collectes ont été faites pour constituer le Coran.

Le Coran a donc été primitivement écrit en scriptio defectiva. Vers 850, deux siècles après les collectes, des grammairiens perses qui ignoraient la culture arabe ont fait des conjectures pour passer en scriptio plena, afin de rendre le Coran compréhensible.

Cela n’a pas suffi. Il a fallu y ajouter d’autres conjectures sur le sens des passages obscurs, qui concernent environ 30% du Coran.

L’édition actuelle du Coran est celle du Caire, faite en 1926. Il a donc fallu 1 300 ans pour la mettre au point. C’est une traduction en arabe classique d’un texte qui est incompréhensible sous sa forme originale.

· Le Coran et l’araméen

À l’époque de Mohammed, l’arabe n’était pas une langue de culture, ni une langue internationale. Depuis plus de mille ans, dans tout le Proche Orient, la langue de culture était l’araméen. Les lettrés arabes, peu nombreux, parlaient en arabe et écrivaient en araméen. La situation était comparable à celle de l’Europe de la même époque, où les lettrés parlaient dans leur langue locale et écrivaient en latin.

Les difficultés du Coran s’éclairent si on cherche le sens à partir de l’araméen. Le Coran n’est pas écrit en arabe pur, mais en un arabe aussi chargé d’araméen que, par exemple, l’allemand est chargé de latin.
Les strates successives

· Des idées antérieures à l’islam sont dans le Coran.

Le manichéisme, religion née au troisième siècle, a fourni de nombreux concepts que l’on retrouve dans l’islam.

D’autres idées, la Table Gardée, le Coran incréé, Allah parlant arabe aux anges avant la fondation du monde, se trouvent dans des légendes populaires juives ou chrétiennes selon lesquelles, en particulier, Dieu parlerait aux anges dans un langage humain.

· Des textes ont été ajoutés au Coran primitif

Le plus ancien texte qui décrit la foi musulmane est le Fiqh Akbar 1, écrit vers 750, plus d’un siècle après la mort de Mohammed. Il présente les vues de l’orthodoxie islamique sur les questions qui se posaient alors en matière juridique. Il ne fait aucune allusion au Coran. Cela signifie que les 800 versets fixant des règles juridiques, qui se trouvent dans les Corans d’aujourd’hui, étaient absents des Corans de 750. [34]

Dans son livre au chapitre 4, A. de Prémare[35], après avoir signalé les enseignements qu'on peut tirer des plus anciens fragments de manuscrits coraniques actuellement connus (...), parle des divers akhbâr (recueils utilisés pour constituer le Coran) qui, à partir du VIIIe siècle, circulaient dans l'Islam et :

« … témoignent du fait que l'on avait conscience que le Coran, "Livre de Dieu", avait été, dans sa réalité observable, le résultat d'un travail effectué par des personnes dont on citait les noms, la généalogie, les activités spécifiques, les rapports qu'ils avaient entretenu avec les Califes, et, éventuellement, avec le fondateur de l'islam lui-même » (p. 61 de son livre).

Cet auteur analyse la tradition canonique, rédigée au IXe siècle par Bukharî (...), tradition devenue la base de l'enseignement officiel sur la constitution du Coran. Puis (...) il remonte en deçà du récit orthodoxe mis en place par Bukharî et aboutit à la conclusion suivante :

« L'histoire du Coran ne peut être étudiée qu'en la considérant dans un cadre spatial et temporel élargi. » (p. 97) Autrement dit, (...), l'historien est amené à considérer que non seulement la collecte, mais la rédaction même des textes coraniques ont duré jusqu'au début du VIIIe siècle, que les califes omeyyades y ont joué un rôle important et que cette activité s'est déroulée dans tous les centres importants de l'Empire, dans toutes les villes garnisons (...) où circulaient des recensions concurrentes avant que le calife Abd al-Malik et son gouverneur Hajjâj imposent un texte officiel unique aux grandes capitales de l'Empire.[36]

Bien des éléments indiquent une rédaction du Coran étalée sur deux siècles environ.

· Facilités offertes par certains versets du Coran

Les califes Omeyyades, les Abbassides et leur cour pratiquaient ce que le Coran attribue à Mohammed : l’accaparement du butin, d'innombrables concubines, des épouses impubères, et même des épouses de leurs propres fils. Il est significatif que les versets qui ordonnent à Mohammed de prendre pour lui Zaynab, l’épouse de son fils adoptif Zaïd, déclarent que Mohammed doit se saisir de cette femme afin que les générations futures sachent qu'un tel acte est permis. [37]

L’écriture du Coran sous le contrôle des califes leur offrait la possibilité d’y placer d’abord un verset déclarant que Mohammed est un modèle pour tous les temps et tous les hommes, puis des versets attribuant à Mohammed les actes qu’ils voulaient pratiquer.

En conclusion

L’abondance des résultats ne permet pas de tout dire. De plus, selon le P. Edouard-Marie Gallez, le travail scientifique sur ces questions n'est pas terminé ; il y a encore des précisions à apporter. Mais d'ores et déjà l'aspect légendaire de la Sira est nettement établi. Et les faits apportés permettent de mieux situer les lieux et de comprendre certains passages du Coran quelquefois obscurs. Le lecteur qui voudrait approfondir sa connaissance de l'Islam se référera aux ouvrages donnés dans la bibliographie,

Pour présenter son étude, E. Pertus avait été obligé de prendre comme « références historiques » les textes du Coran et de la Sira (la vie de Mohammed selon la version musulmane). Ces textes narrent, on l’a vu, des faits qui ne sont pas historiquement fondés. Certains contredisent des témoignages historiques plus fiables parce que plus proches dans le temps, voire quasi contemporains des événements rapportés.

Par conséquent, la vie de Mohammed à La Mecque, l’activité commerçante de cette ville, et même l’existence de cette ville à cette époque, ne sont pas historiquement établies.

Aucune source contemporaine n’indique la présence de Juifs (trois tribus, dit la Sira) à Médine. Le massacre d’une de ces tribus et la réduction en esclavage des deux autres n’a pas laissé de traces historiques à l’époque.

En gardant présent à l’esprit ces considérations, il sera possible de lire le livret, Connaissance élémentaire de l’Islam, pour apprendre ce que croient les musulmans tout en ayant les notions de base qui commencent à pénétrer leur esprit s’ils veulent chercher à comprendre leur croyance.

André Frament


BIBLIOGRAPHIE

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Patricia Crone & Michael Cook, Hagarism. The Making of the Islamic World, Cambridge University Press, 1977.
E.-M. Gallez : Le messie et son prophète. Aux origines de l’islam, thèse de doctorat en théologie / Histoire des religions (Univ. de Strasbourg II, 2004-2005).
· Tome I Le messie et son prophète, aux origines de l’Islam, De Qumran à Muhammad. 524 pages, 35€ Éditions de Paris 2005
· Tome II Le messie et son prophète, aux origines de l’Islam, Du Muhammad des Califes au Muhammad de l’histoire. 582 pages, 39€ Éditions de Paris 2005.
E-M. Gallez, in Entretien avec Edouard-Marie Gallez sur les origines de l’Islam jeudi 23 novembre 2006, sur le site : http://www.missa.org/forum/showthread.p ... t-du-Coran.
Robert G. Hoyland, Seeing Islam as others saw it. A survey and evaluation of Christian, Jewish and Zoroastrian writing on early Islam, Princeton, the Darwin Press. 1998.
Maxime Lenôtre, Mohammed fondateur de l’Islam, Publications MC, B.P. 16 – 34270 - LES MATELLES. p. : 37
Maxime Lenôtre, le mystère des origines de l’Islam enfin éclairci, in AFS n° 184, p. : 3 à 20.
François Nau, Un colloque du Patriarche Jean, in Journal Asiatique, 1915.
Solange Ory, Aspect religieux des textes épigraphiques du début de l’islam, in REMMM, Aix en Provence, N° 58, Edisud, 1990.
Alfred-Louis de Prémare Aux origines du Coran, questions d’hier, approches d’aujourd’hui, Téraèdre, L’Islam en débats, 144 p. Paris, 2004
Alfred-Louis de Prémare, Les Fondations de l'islam. Entre écriture et histoire, Paris 2002, Seuil, collection L'Univers historique

[1] Il s’agit d’une thèse de doctorat en théologie / Histoire des religions (Univ. de Strasbourg II, 2004-2005). Thèse en 2 tomes. D’autres auteurs ont apporté une contribution importante, ils sont cités en notes et dans la bibliographie finale de ce texte.

[2] Cf. : Anonyme. Mahomet et l'origine de l'islam : Mieux connaître Mahomet et le premier islam grâce aux méthodes historiques modernes [Internet]. Version 3. Knol. 2008 juil. 27. Disponible à l'adresse Internet : http://knol.google. com/k/ anonyme/mahomet-et-l-origine-de-l-islam/2ixhf6fwz08az/2

[3] Mohammed est la transcription choisie par E. Pertus parce que plus proche de l’arabe. Mahomet est la forme francisée de ce nom. Nous gardons l’orthographe de Pertus.

[4] La biographie de Mohammed par Ibn Hicham date de plus de deux cents ans après les faits, et la biographie par Ibn Ishaq, qui lui a servi de matériau, a disparu. Les cinq recueils de hadiths (paroles ou actes de Mohammed) principaux ont été mis par écrit plus de deux cent cinquante ans après les faits, alors que le premier recueil de hadiths, fait en 712 sur ordre califal, a disparu.

[5] Onomastique : étude des noms propres.

[6] Toponymie : étude linguistique et historique des noms de lieux.

[7] Épigraphie : Science qui a pour objet l’étude des inscriptions.

[8] Linguistique : Science des langages humains, elle étudie en particulier les phénomènes intéressant l’évolution des langues et leurs rapports entre elles.

[9] Numismatique : étude des médailles et pièces de monnaies.

[10] Exemple : dans la Bible, l’exégèse fait apparaître deux "traditions" en ce qui concerne la Genèse : yawhiste ou élohiste suivant le nom utilisé pour désigner le Créateur. Ces deux traditions, loin de se contredire, se confortent.

[11] Comme l’explique Gallez, dans l’avant propos du Tome 2, pages 8-9, cela se retrouve dans toutes les visions idéologiques ultérieures du monde, et jusqu’à nos jours. Pour de tels idéologues, tous les moyens sont justifiés « au nom de Dieu ». Cette référence "au nom de Dieu" pouvant devenir selon le cas, au nom de la Raison, du Sens de l’Histoire, de la Race supérieure, au nom de tout ce qu’on voudra... ce qui importe c’est que le discours fonctionne, c'est-à-dire qu’il emporte l’adhésion et fasse espérer le salut.

[12] Dans l’islam, le statut du Christ, le djihad (ou jihad) c'est-à-dire la guerre sainte) et la situation des dhimmis (non musulmans sous le pouvoir des musulmans) ayant des droits restreints, sont très proches de ces idées.

[13] C'est-à-dire au VIIIe siècle.

[14] E-M. Gallez, in Entretien avec Edouard-Marie Gallez sur les origines de l’Islam jeudi 23 novembre 2006, accessible sur le site : http://www.missa.org/ forum/showthread.php?668-Les-vrai-origines-de-l-islam-et-du-Coran : "J’en profite pour dire que son rôle a dû être si important qu’il n’a pas pu être effacé, alors que tant de témoignages islamiques anciens, écrits ou non, disparaissaient, en fait tous ceux qui sont antérieurs à la biographie normative de Ibn Hichâm, composée et imposée deux siècles après la mort de Mahomet : c’est seulement par des citations que l’on connaît quelque chose des écrits antérieurs, qui furent systématiquement détruits."

[15] Sahih al-Bokhari, Hadiths, tome 1, Révélation, n°3.

[16] Robert G. Hoyland, Seeing Islam as others saw it. A survey and evaluation of Christian, Jewish and Zoroastrian writing on early Islam, Princeton, the Darwin Press. 1998.

[17] D’après Tabari, cité par Crone Patricia & Cook Michael, Hagarism. The Making of the Islamic World, Cambridge University Press, 1977. C’est le même personnage que Umayr Ibn Sa’d al-Ansari ; tout deux étaient gouver-neurs à la fois d’Homs et de Damas, ce qui est très inhabituel, et ils l’étaient dans la même période.

[18]François Nau, Un colloque du Patriarche Jean, in Journal Asiatique, 1915.

[19] La Chahada est la formule de la profession de foi des musulmans.

[20] Solange Ory, Aspect religieux des textes épigraphiques du début de l’islam, in REMMM, Aix en Provence, N° 58, Edisud, 1990.

[21]Maxime Lenôtre, Mohammed fondateur de l’Islam, Publications MC,
B.P. 16 – 34270 – Les Matelles. p. 37.

[22] Certaines traditions califales joignent un sixième recueil à ces cinq.

[23] Cf. : Dans son étude "On the Development of hadith", Goldziher a démontré qu’un grand nombre de hadiths, acceptés même dans les recueils musulmans les plus rigoureusement critiques, étaient des faux complets de la fin du 8ème et du 9ème siècle et, en conséquence, que les chaînes de transmission (isnad) qui les étayaient étaient totalement fictives.

http://www.encyclomancie.com/index.php?&ext=page&dossier=77&inc=287

[24] Crone Patricia & Cook Michael, Hagarism. The Making of the Islamic World, Cambridge University Press, 1977.

[25] Cf. : Page 278 du volume 2 de la thèse du P. Gallez.

[26] Le maronite Théophile d’Edesse (+ 785) devient l’astronome distingué du calife al_Madhi. Il traduisit en syriaque l’Iliade et l’Odyssée.

Cf.: http://islamineurope.unblog.fr/2010/11/ ... ir-antique.

[27] Exemple le calendrier républicain à l’époque de la Révolution dite française.

[28] L’évêque Sébéos est un écrivain arménien du viie siècle qui raconte les premières invasions des Arabes en Arménie. Contemporain de la chute des Sassanides - la dynastie perse vaincue et renversée par les Arabes - il en trace le tableau comme un témoin qui a assisté à la plupart des événements qu’il relate; il les expose sans examen critique, selon l’usage des byzantins ou des annalistes arabes de son temps. Une partie des documents qui nous sont parvenus ne sont pas unanimement reconnus comme de lui. D’où : « pseudo-Sébéos ».

[29] Jacques d'Édesse, né vers 633, mort le 5 juin 708 un des plus éminents écrivains religieux de langue syriaque. Élève de Sévère Sobkhôt évêque et savant syrien (575 -… 667), il fut à la fois théologien, philosophe, géographe, naturaliste, historien, grammairien et traducteur. Il est l’auteur d’une Chronique historique qui part du règne de Constantin (mort en 337) jusqu’en 692.

[30] Ces attestations datent d’une dizaine d’années après les faits, et ne sont pas compatibles avec l’histoire musulmane traditionnelle, fondée sur des documents datant de plus de deux siècles après les faits. D’après la "Sira", en effet, Mohammed serait mort en 632.

[31] Le Bouraq ou Burak est, selon l’islam, un coursier fantastique venu du paradis, qui, après avoir transporté Mohammed de l’Arabie à Jérusalem, sur le Rocher, l’aurait mené au paradis et retour. (Ce dernier voyage est appelé "miraj" par les musulmans). Ce n’est que vers le XIIe - XIIIe siècle que les sources islamiques mentionnent le Rocher comme point de départ du "miraj".

[32] Mosquée bâtie au centre de l’esplanade du Temple de Jérusalem. Elle comporte une coupole (le Dôme) à la base de laquelle est gravée une inscription en caractères "coufiques", écriture arabe très ancienne, avec laquelle a été calligraphié le Coran.

[33] Bishapour est une ancienne cité sassanide, à 23 km de Kazerun, dans le Fars, en Iran. La ville se trouvait sur la route reliant les villes d’Istakhr et Ctésiphon.

[34] Comme nous l’avons dit plus haut, d’après les musulmans, le Coran viendrait directement d’Allah, pas une lettre n’aurait été changée depuis.

[35] Alfred-Louis de Prémare Aux origines du Coran, questions d’hier, approches d’aujourd’hui, Tétraèdre, Paris, 2004.

[36] Alors que les musulmans modernes peuvent être liés par une position conservatrice intenable, les érudits musulmans des premières années étaient bien plus flexibles, réalisant que des parties du Coran étaient perdues, perverties, et qu’il y avait plusieurs milliers de variantes qui rendaient impossible le fait de parler du Coran unique.

[37] Sourate 33, verset 37.

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