La question épineuse de l’origine de l’islam

Eglise St Jean de Damas devenue « masjid » en 705 sur ordre d’Al Walid


Avertissement : L’article sur le Chiisme introduisait le concept d’une double histoire de l’islam ; d’une part celle des sources islamiques et d’autre part une autre histoire, celle de la mise en doute de ces sources islamiques comme documents historiques par certains auteurs. C’est cette partie que nous traitons ici.
Toutes les dates s’entendent après Jésus-Christ, sauf mention contraire.
L’enjeu : C’est le statut de l’islam en tant que religion et non celui de secte hérétique du christianisme parmi d’autres qui ne manquerait pas de lui être appliqué par les auteurs.
D’un point de vue théologique l’islam n’apporte rien de neuf ; tous ses dogmes existent avant son émergence : monothéisme biblique, non divinité de Jésus, Jésus est le Messie, retour à la Loi de Moïse. Ces divergences d’opinions (c’est le vrai sens du mot « hérésie ») d’avec le christianisme catholique où la nature de Jésus est pleinement humaine et pleinement divine à la fois- sont l’héritage des 600 ans de discussions autour de la personne du Christ. Rappelons que pour le christianisme catholique Jésus est l’Incarnation de Dieu, c’est à dire Dieu lui-même, venu sur Terre.

Il faut donc qu’elle soit née ailleurs, loin des chrétiens et des juifs, qu’elle ait reçu une Révélation par un fondateur « illettré » qui n’ait pu rien lire des textes qui existent depuis 500 ans dans les langues de la région. C’est ce que racontent dans les moindres détails les sources islamiques, cent à deux cent cinquante ans après les faits, que sont l’émergence, aux yeux du monde, d’Arabes s’arrêtant devant les villes de Palestine et demandant de l’argent et des provisions en nature en échange d’une protection.
Dôme du Rocher construit par Abd al Malik, sur l’emplacement du Temple juif détruit par les Romains en 70 appelé aujourd’hui, l’Espalande des Mosquées. Une architecture de martyrion romain – Jérusalem-692
Si la présence de l’islam pose question en Europe, bien qu’aucunement médiatisée, l’histoire de son origine (610-632), racontée par les clercs musulmans – les sources islamiques – cent à deux cent cinquante ans après les événements, – ne semble pas aller de soi pour la science moderne. Qu’un auteur comme Andreas Gorke écrive 1 : « [...] il est cependant inconcevable qu’ils [les musulmans] se soient mis d’accord 2sur une histoire fictive commune de leurs origines. Il est également inconcevable que l’autorité centrale fut en mesure d’imposer une telle perception uniforme de cette histoire, de supprimer et d’éliminer les traditions contradictoires [...] » , montre le désarroi de la jeune génération de chercheurs face au problème.3
6.0
Fig.1 Avers d’une monnaie arabe anonyme émise entre 635 et 691 (après les « conquêtes ») en Palestine-Syrie (Emèse ?) en grec -KALON- (bon) Croix au-dessus du portrait et globe chrétien. Pas de concept spécifique à l’islam.
Ce cri du coeur est à la mesure des coups de boutoir donnés contre les sources islamiques depuis le début du siècle dernier. De facto, sa proximité avec le christianisme et le judaïsme, fait que si le fondateur (s’il a bien existé…) n’était pas né, dixit les sources islamiques, l’année de l’Elephant dans une vallée désertique, pourtant grand centre commercial où se réunissait toutes les tribus d’Arabie pour un pélerinage païen annuel, dans l’inconnaissance totale du Dieu d’Abraham, de Moïse et de Jésus (partout au Moyen-Orient, le christianisme était religion d’Etat de l’Empire depuis 395, le judaïsme et le christianisme (via l’Ethiopie) étaient présents au Yémen et dans toute l’Arabie du Sud depuis 380), sa crédibilité en eût été bien plus altérée.
Vers 720, Jean de Damas4, Arabe chrétien écrit « Des Hérésies ». Son témoignage est éclairant sur la foi de ces Arabes qui semble toujours en élaboration au temps où il écrit5.
L’article d’Andreas Gorke est symptômatique de ce qui se passe depuis cent ans dans la recherche sur les origines de l’islam : du XVIIè au milieu du XIXè siècle, les savants occidentaux ont pris pour acquis ce que les musulmans leur servaient sur l’histoire de leur origine avec des milliers de textes, des catalogues, des historiographies, ces récits renfermant les détails très précis sur la vie, la mort, l’oeuvre du fondateur et de ses compagnons. Eblouis, ils se sont mis à l’étude pour finir par expliquer au milieu du XIXè siècle que tout était connu sur l’histoire de l’islam et qu’il n’y avait rien à ajouter.
Tout ceci a été remis en cause au début du XXè siècle par Ignaz Goldziher, érudit austro-hongrois qui fut le premier à montrer le processus de fabrication6 des hadith -traditions- petits récits racontant les faits et gestes de Mahomet dont l’ensemble des recueils constitue la Sunna (la Tradition) et qui est normative à l’égal du Coran. Ce n’est pas moins l’influence d’un groupe antérieur à l’origine de l’islam, qui est acceptée par beaucoup d’auteurs de la première moitié du XXè siècle, que les doutes qui se portent sur la fiabilité des sources islamiques, en tant que relatant une histoire qui s’est réellement passée, qui vont être mise en cause en 1910 par l’article fondateur du jésuite Henri Lammens au sujet de Mahomet. 7
A propos de la Sira, la biographie « officielle » de Mahomet (m. 632), écrite sur un travail perdu originel d’Ibn Is’hâq (m.767) par Ibn Hichâm (m.830) voici ce qu’écrivait A.-L. de Prémare en 2002: « En somme, d’une façon générale et sauf de rares exceptions, les narrations sur la période primitive de l’islam ne sont pas à proprement parler des documents d’histoire sur cette période même. Elles sont fortement dépendantes du contexte dans lequel elles ont été élaborées après la mort du fondateur, du filtrage des transmetteurs successifs, des oppositions de personnes ou de tendances, et enfin du contexte intellectuel et des intentions propres aux auteurs qui, sur la base d’Ibn Is’hâq, en ont organisés les éléments originellement indépendants les un des autres. »
6.1

Fig. 2. Revers du précédent. En arabe-TAYYIB- (bon).Pas de concept spécifique à l’islam.
I. Les pièces du dossier
● La nature particulière des sources islamiques : Aucune des sources islamiques censées raconter l’origine de l’islam (Mahomet, la Mecque, Medine, l’hégire, l’ange Gabriel, le Coran, etc) n’est contemporaine des faits. Comme si l’histoire de Napoléon avait été écrite en 1920, sans source datant de l’époque. Ce ne sont pas, comme chez les contemporains « Romains », en latin en Occident, en grec et syriaque en Orient, des écritures de type « chroniques » qui émergent, en arabe, au début des années 750 , mais des textes où un même événement est généralement relaté par des informateurs différents sous la forme de plusieurs récits « historiques » fragmentaires. Chaque récit « historique » concernant Mahomet (hadith/ »tradition »), commentaire du Coran ou « histoire » est accompagné de sa « chaîne d’appui/transmission », liste plus ou moins longue de personnes qui ont transmis successivement le récit et qui remonterait jusqu’à la source première d’information. « Un tel a dit d’après Un tel, d’après Un tel, d’après Untel qui était un Compagnon du fondateur, etc. »
Ce système ne s’est mis en place que progressivement. Le commentaire du Coran le plus ancien à notre disposition attribué à Mûqâtil ibn Sulayman (litt. Le Tueur fils de Salomon) vers 750 ne mentionne aucune « chaîne d’appui » ; c’est dans les sources juives apocryphes et bibliques (comme d’autres à son époque) qu’il va piocher pour expliquer certains passages du Coran relatifs aux prophètes quand il ne déclare pas les choses sans source aucune bien souvent… Autrement dit, plus on remonte dans le temps vers le fondateur, moins les informations sur lui sont sourcées, voire pas du tout.
Les clercs musulmans suivants vont lui reprocher ne pas sourcer comme eux le font avec leur « chaîne d’appui », et d’aller chercher dans le milieu biblique de quoi nourrir son commentaire. Cette pratique qui sera appelée Isra’iliyat sera combattue ; plus on avance dans le temps, plus les commentateurs (surtout à partir du XIIè siècle) se plaindront de leurs illustres prédécesseurs à propos de ces fameuses Isra’iliyat. Pourquoi Mûqâtil, et d’autres de son temps, avaient-ils cette pratique ? L’islam de Mûqâtil était-il un prolongement de la tradition biblique plus évidente pour lui ? D’autre part, s’il n’avait pas de « chaîne d’appui », était-ce qu’elles n’existaient tout simplement pas en 750 cent ans après la mort officielle de Mahomet ? La question de savoir d’où provenaient ses informations reste ouverte. En ce sens, la présence de Mûqâtil dans la ville de Marw (Turkménistan actuel) au nord-est de l’Iran, en monde indo-européen perse, en contact avec le monde bouddhique, donne des perspectives intéressantes relativement à certaines recherches linguistiques récentes et à la fracture sunnisme/chiisme (certaines branches du chiisme acceptant l’idée de réincarnation).
● Des sources musulmanes équivoques
Ce n’est pas le moindre des paradoxes qu’au dépouillement ce sont les sources musulmanes qui donnèrent au chercheur les raisons de penser qu’il y avait un problème. Cela pose la question du regard que les clercs musulmans avaient sur leurs sources. Chaque clerc possédait-il la totalité des documents ou une partie ? Pouvait-il apercevoir ce que l’Occident a aperçu -au bout de deux cent ans- c’est à dire les problèmes qu’ils soulevaient ? Ou, au contraire, étaient-ils engagés dans un mode de pensée autre qui aurait négligé ce que l’Occident a relevé et que certains auteurs ont qualifié de « Rédaction de l’histoire islamique du salut » ?
L’un des problèmes soulevé par les auteurs occidentaux est le constat que pour un même événement il peut exister des divergences entre récits présentés comme « historiques » (hadith/commentaire du Coran/historiographie). Ces divergences – qui vont parfois contre la version officielle retenue, voir l’exemple de la collecte du Coran qui indique l’existence de plusieurs codex – peuvent aller jusqu’à la contradiction formelle. Les Mecquois sont dits commercer avec la ville de Hîra en Irak. D’autres récits font état du contraire. Ils sont dits importer de l’argent métal, d’autre disent qu’ils en exportent. Il est dit que le commerce mecquois venait juste de s’ouvrir à l’international, juste avant l’islam, d’autres récits expliquent que c’est à ce moment qu’il devint local.
Dans un autre registre l’exemple de Zayd Ibn Thabit est éclairant. Ce personnage est décrit comme le secrétaire particulier de Mahomet qui aurait mis par écrit le Coran, à la mort du fondateur. On nous dit que Zayd connaissait l’hébreu et le syriaque ; d’autres disent que Mahomet lui aurait demandé d’apprendre l’hébreu et le syriaque ce qu’il aurait fait en quinze jours. Encore d’autres exposent que Zayd était juif, qu’il avait étudié dans l’école juive de Médine et qu’il avait porté les papillotes durant sa jeunesse.
On apprend que le « Coran » n’existait pas à la mort de Mahomet ; qu’il a fallut rassembler ce qui avait été écrit ça et là, au jour le jour. Cette opération dans les sources s’appelle la collecte du Coran. L’importance donnée au « calife » Othman (644-656) par les sources a fait de lui le collecteur officiel mais elles ne s’accordent pas sur qui a finalement collecté le Coran ; elles attribuent cette opération à tous les « califes » jusqu’à Abd al Malik (m. 705). Le Coran est considéré comme inaltéré, non falsifié, il est la Parole Incréée d’Allah mais les sources nous indiquent qu’il y a différents « corans » lus jusqu’au Xè siècle. Ces contradictions sont une constante pour quasiment tous les événements racontés. Elles ne sont pas relevées par les clercs qui se contentent de faire l’enregistrement des données. Le travail critique ne s’exerce que sur la liste des transmetteurs de récits, les « chaînes d’appui » , et non sur l’historicité des récits eux-mêmes, si bien qu’une nouvelle discipline va se créer, celle de la connaissance des hommes qui va consister à rédiger des ouvrages composés des curriculum vitae de tous les transmetteurs de récits et d’argumenter de leur fiabilité sur des critères qui seront personnels à chaque auteur. De ce fait, un même transmetteur peut se voir qualifier de faussaire par l’un ou bien de fiable par l’autre.
● L’Histoire islamique du Salut
Face à ces données, les auteurs occidentaux ont eu plusieurs attitudes ; le travail d’Henri Lammens (1910) resta lettre morte ; lui-même, continua ses recherches comme si de rien était. Les autres commencèrent d’entreprendre un pénible travail de la critique des sources, essayant d’établir une méthode pour démêler l’écheveau. Peu de résultats en sont sortis vu la masse énorme des documents. Des rétrospectives globales sur la « période médinoise » (622-632) considérée comme plus fiable car plus récente, paraissent régulièrement ou des études sur l’analyse pointilleuse des chaînes de « transmetteurs » et leur fiabilité. Sortent des études multiples et variées portant sur l’exposition des problèmes et les façons d’envisager de les résoudre.
En 1978 John Wansbrough (m. 2002) publie le Milieu Sectaire précédé des Etudes Coraniques (non traduits en français). Wansbrough est le premier chercheur, dans les études islamiques, à utiliser les méthodes historico-critiques qui prévalent pour les études bibliques : la critique textuelle, celle des sources, des formes, l’exégèse narrative. Ces deux livres font vaciller le socle des études islamiques déclenchant la colère de ses collègues. Mettre en cause les sources islamiques et l’existence de Mahomet va trop loin.
Si la lecture de Wansbrough est difficile – des auteurs anglophones ont proposé de le traduire en anglais… il n’en reste pas moins que sa manière de faire et certaines de ces conclusions convainquent la jeune génération de son temps qui partira de sa méthode pour élaborer à son tour une autre histoire de l’origine de l’islam, écartant et ou relativisant fortement la place des sources musulmanes. Le concept de l’Histoire islamique du Salut qu’on lui doit, change la perspective habituelle envers les sources. Selon Wansbrough, l’histoire qu’elles racontent reflètent ce que leurs auteurs appartenant à un milieu de clercs spécialisés, estimaient devoir présenter de la figure de l’envoyé d’Allah et de la destinée singulière de la communauté qu’il avait fondé. Ces auteurs devaient insister sur les marques religieuses propres à la communauté en fournissant un cadre « historicisé » (A.-L. de Prémare, les Fondations de l’islam, entre écriture et histoire, Points Seuil 2009) face aux autres religions présentes. L’écriture des clercs est mise sous le couvert de traditions sur des événements présentés comme historiques, mais elle consiste, en fait, à historiciser des passages du Coran sous la forme de « circonstances de la révélation ».
Ce décentrement du regard vaut pour ce que l’on peut tirer des sources ; non pas un désir de savoir « ce qui s’est réellement passé » mais plutôt l’unité de l’intention globale des auteurs écrivants deux siècles après les événements rapportés. Ne risquons-nous pas surtout d’oublier de nous demander si le schéma global des origines de l’islam, à l’intérieur duquel ces traditions ont été originellement sélectionnées, rassemblées et catégorisées, n’est pas, à beaucoup d’égards, une construction artificielle ? Ce schéma, en effet, est davantage une structure d’orthodoxie consensuelle, organisant une histoire sacralisée et déjà interprétée , que le recueil et la présentation de documents d’histoire. nous dit A.-L. de Prémare.
● La relation Coran/Sunna 9
Le Coran est censé rapporter, de 610 à 632 les « révélations » reçue par Mahomet disent les clercs musulmans la Sunna en main. Ils ajoutent que le Coran rapporte des épisodes de la vie de Mahomet à la Mecque et à Médine, c’est pourquoi les sourates sont classées selon ces villes. La Sunna donne un contexte, mais dans le même temps, par son flou intrinsèque, le Coran permet de produire en grande partie la Sunna. « Le cercle vicieux est désormais fermé, les allusions contenues dans le Coran doivent servir de support à la Tradition biographique sans laquelle précisément, celles-ci restent lettres mortes »10
Sans la Sunna, le Coran reste incompréhensible et sans le Coran, il n’y aurait pas de Sunna, telle est la thèse des auteurs dits « révisionnistes » (Wansbrough et ses élèves11). D’un point de vue lexicographique les clercs musulmans sont parfois obligés de donner une dizaine de définition pour le sens d’un mot, d’un verset. Contraints d’accepter l’obscurité du texte, ils retournent l’argument en expliquant qu’il s’agit d’un miracle. Ce concept va aboutir à l’établissement du dogme de la Parole Incréée d’Allah, sacralisant le texte coranique, le protégeant de toute atteinte. Si on ne le comprend pas complétement, c’est qu’Allah l’a voulu ainsi. Gare à celui qui ose poser des questions : une série de hadith raconte comment Umar bastonne violemment quelqu’un qui vient se plaindre qu’il ne comprend pas certains versets du Coran.
Arabe 328
Fig.3 Arabe 328 B.N. Feuillet gratté et retouché du plus ancien manuscrit du Coran disponible, le codex parisino-petropolitanus. Il suit la lecture d’Ibn Amir de Damas, et a été retrouvé dans la mosquée d’Amr au Caire. Il serait daté entre 670 et 700 . Cinq copistes au travail peuvent indiquer un besoin rapide de ce codex.
II. Les sources non falsifiables
● L’Occident à l’aide de l’islam
Dans l’impossibilité de donner une date de naissance à Mahomet autre que celle donnée par les sources islamiques « l’année de l’Eléphant », l’islam entérina celle présentée par les auteurs occidentaux, l’année 570, et c’est cette date que l’on donne désormais. Il en est de même de la date de sa mort, 632 communément admise : il doit être mort forcément avant la prise de Jérusalem en 634/637 , puisqu’à ce moment là, des Arabes qui seront appelés « musulmans » 150 ans plus tard prennent possession de la ville et construisent un oratoire sur le Mont du Temple sans Mahomet à leur tête. De même, la ville de la Mecque étant inconnue avant l’islam, les auteurs occidentaux ont cherché une ville dans les sources antiques pouvant correspondre de près ou de loin à celle décrites dans les sources islamiques. Ils ont trouvé chez Ptolémée (m.168) dans sa Géographie la mention d’une ville, Macoraba, qui est contestée, mais citée dans les ouvrages savants et de vulgarisation comme « la Mecque ». Elle présentée depuis par l’islam comme la caution de son antiquité. Pour les auteurs occidentaux il eût été impossible de penser que les musulmans pouvaient avoir inventé l’histoire de leur origine ; ce n’est qu’avec les travaux de Lammens, de John Wansbrough et de ses disciples que cette supposition est posée.
● Le silence des pierres
Rares sont les documents historiques qui ne sont pas falsifiables ou effaçables ; les inscriptions dans certaines conditions font partie de celles-ci. Les graffiti isolés du désert ont moins de chance d’avoir été martelés ou modifiés que les noms des empereurs romains ou ceux des pharaons. Ce sont ces conditions que l’on trouve dans le cas des premières inscriptions arabes qui semblent appartenir à un monothéisme général qu’il est très difficile de spécifier. Comme l’indique pudiquement un chercheur : « L’étude des témoignages de foi laissés par les premières générations de musulmans doit se fonder sur des analyses délicates ; ces documents véhiculent des informations d’une importance considérable et ne peuvent certainement pas être déchiffrés à la lumière de l’universalité déclarée de l’islam contemporain. »12 Les témoignages de foi laissés par les Arabes de l’époque ne correspondent en rien à ce que décrivent les sources islamiques.
Aucun auteur ne peut échapper à ce décalage entre le réel et l’histoire racontée cent cinquante ans après les faits qui a bien du mal à s’y conformer : « Les khabar [récits] qui se forgèrent par strates successives à partir de la fin du VIIIe siècle canonisèrent l’islam naissant à travers ses lieux et ses hommes, souvent dans un esprit de surestimation du fait religieux. Cette vision construite dans le but de montrer une rupture avec le passé antéislamique contribua sans doute à donner une image idéologiquement assez lisse des événements sur la base d’une chronologie reconstruite qui finit par s’imposer comme une vérité de l’histoire. »13 Pétri à la bonne foi des sources islamiques tout en en étant pas dupe14, cet universitaire s’étonne plus loin de la nature des inscriptions arabes du premier siècle de l’islam :« Ce graffito pose la question de l’absence de références religieuses seulement 12 ans après la mort du prophète Muḥammad (10/632) » et ajoute : « la basmala [Au nom d'Allah clément et miséricordieux] réduite à un simple bismi Llâh [Au nom d'Allah] se trouve au-dessus de la ligne en décalage total par rapport au début du formulaire ; elle est ancienne mais semble avoir été rajoutée. Il conclut sur ce thème : » En résumé, nous aurions pu imaginer les plus anciens graffiti datés emprunts d’une certaine religiosité du fait de leur proximité avec les évènements qui secouèrent l’ouest de l’Arabie quelques années auparavant. Il n’en est rien ; les écrits lapidaires dans les toutes premières années de l’islam se rattachent encore très nettement à la tradition préislamique et ne se placent pas dans une logique de rupture par rapport aux usages de l’écrit. »
Plus précisément, les statistiques sur les inscription arabes du Neguev datées entre 705 et 780 sont celles-ci ; sur 435 graffiti recensés, Mahomet (sans les attributs de prophète donnés plus tard) est mentionné 17 fois (3%). Seul 14 fois, et 3 fois accompagné de figures bibliques. A l’échelle de l’Arabie 15 sur une datation allant jusqu’à 832 soit deux cent ans après la mort du fondateur, sur 677 inscriptions16, il est cité à 64 reprises (9%) : 12 fois sur le premier siècle et 52 fois sur le second. La plus ancienne occurence date de 738/39. Comparativement à ce qui sera raconté par les sources islamiques (Tabari, Ibn Is’haq, Ibn Hicham, etc) dont l’objet est le fondateur, ces statistiques sont incompréhensibles. La sidération provoquée est telle que l’on assiste, chez des auteurs, au déni leur interdisant d’en tirer des conséquences factuelles, pour ne pas être qualifié de « révisionniste ».
En conséquence, les faits sont minorés17 : « La constatation de l’absence du prophète n’est pas nouvelle en soi ; elle fut déjà signalée par des spécialistes de l’islam ancien qui intégrèrent cette donnée dans leurs recherches. Y. Nevo, qui mena les prospections épigraphiques au Néguev dans les années 1990, fut à l’origine d’une théorie assez radicale sur la genèse de l’islam dans laquelle il s’appuie sur les graffiti « pré-muḥammadiens » pour remettre en cause l’existence même de Muḥammad et revisiter l’histoire de la fondation de l’état islamique. La religion islam aurait ainsi succédé à la naissance d’un état arabe et l’ « invention » de Muḥammad serait intervenue pour compenser une absence de généalogie de prestige (Nevo, 2003). Cette démarche de révisionnisme historique remettant largement en cause la vision historiographique classique, même si elle peut apparaître excessive, permet de soulever de passionnants débats dans lesquels l’épigraphie a son mot à dire. » Dans les faits, il n’y a guère de « passionnants débats » ; il y a des clivages, de l’intimidation18 des arguments d’autorités19 : l’emploi d’expressions telles que « révisionnisme » ou théorie « radicale » sont des termes établis dans le monde des études islamiques qui, s’ ils n’ont pas la résonnance que nous connaissons dans ce milieu précis, ceux qui les emploient ne peuvent ignorer à quoi ils servent par ailleurs.
● L’année 42 de la juridiction des croyants
Les autres sources disponibles à disposition sont le papyrus et les monnaies. Les plus anciens papyrii sont bilingues grecs/arabes ; ils nous donnent quelques renseignements sur les gens qui tiennent le pays vers 640.
Le grec est introduit en Orient par les conquêtes d’Alexandre (m. 323 av. J.C) et ses successeurs grecs qui tiennent l’Egypte, Judée-Samarie, Syrie, Asie Mineure et en partie la Mésopotamie, jusqu’à leur défaite contre les Romains qui les remplacent (arrivée de Pompée à Jérusalem 61 av.J.C, fin de la Judée qui avait réussi à arracher son indépendance aux rois grecs cent ans plus tôt). A côté du grec, regroupés sous le vocable d’araméen, des différents dialectes sémitiques (syriaques de l’est, de l’ouest, judéo-araméen) émerge une littérature importante à partir de la christianisation de l’Empire (+- 150 ). Ces langues et dialectes sont avec le grec la lingua franca des discussions commerciales, de ce qu’on appellerait la classe moyenne de tout l’Orient romain; à partir de la classe moyenne supérieure, tout le monde est bilingue grec/araméen, tous les documents administratifs sont en grec. En Egypte, le grec des classes dirigeantes s’est diffusé également par l’adoption des caractères grecs pour écrire l’égyptien à partir de 150 .
Ce qui est indiqué sur les papyrii des années 640 ap.JC , correspond peu ou prou à ce qui est indiqué sur les pierres. Mais ici l’absence de Mahomet est totale, comme celle des mots « islam », Coran, Médine, la Mecque, l’Hégire, « musulman », d’Abou Bakr, Othman, Ali, etc., en fait de tout ce que raconteront 150 ans plus tard les sources islamiques qui devait exister à cette époque. Corroborant les inscriptions et les papyrii, l’étude des monnaies montre le même silence. La première monnaie portant mention de « Mahomet » qui serait mort en 632, date entre 685 et 688-9 , elle est frappée loin des lieux attendus (La Mecque, Médine) à Bishapûr en Iran. Les papyrii donnent à lire des nouveautés ; un calendrier et une désignation : ce qui semble être une « année » et le nom de « muminin » (croyants) qu’A.-L. de Prémare traduit par affidés et un nom commun « qadaa » que l’on traduit par juridiction. Serait entendu dans l’expression : « année 42 des croyants », année 42 de l’Hégire mais, indique Fred Donner : « le fait demeure qu’aucun des documents anciens – pas un seul- n’utilise la terminologie « hégire » pour désigner l’époque. Un très petit nombre, toutefois désigne l’époque, mais en utilisant un autre terme: un papyrus conservé au Louvre, par exemple, fait référence à « l’année min Qada ‘al-Mu’minīn 42″, « dans la juridiction des Croyants» (Ragib, 2007), et quelques autres avec cette terminologie se trouvent à Vienne. » Aucun papyrii avant + 930 n’utilise le terme Hégire pour désigner l’ère. Il ajoute qu’il est frappant20 que l’ère soit liée au mot Hégire si tardivement
Perf_558_642
Fig.4. Perf 558. Heracleopolis, Egypte, Erzherzog Rainer Papyrus Collection, Vienne. Le plus vieux papyrus en arabe daté de 642 . En en-tête le signe de la croix.
Fig.5. Transposition du PERF 558. Les signes de croix sont traditionnels dans les documents administratifs de cette époque depuis 395.
● Traduction de haut en bas
Recto
Texte grec –1– Au nom de Dieu. [De la part de] Amir ‘Abd-Allah [Commandant Serviteur de Dieu ] à vous Christophor[os et] Theodor[akios], pagarques de Hérakle[opolis],
–2– J’ai pris de votre part la décision de nourrir les Saracènes qui m’accompagnent, dans Hérakle[opolis], par des ovins, soixante-
–3– cinq, pas plus ; et j’ai fait ce présent document pour que cela soit clair.
Texte Arabe –4– Au nom de Dieu, le miséricordiant le miséricordieux ! Voici ce qu’a pris ‘Abdallah,
Texte grec –5– écrit par moi, Ionnès, no[taire] et huis[sier], le trentième jour du mois de Pharmouti [de l'année] de l’ind[iction]
Texte Arabe 5′– fils de Jabir et ses compagnons d’armes, à Héracleopolis, comme moutons d’abattage ; nous avons pris
–6– d’un représentant de Théodorakios, deuxième fils de Apa Kyros, et d’un substitut de Christophoros, fils aîné d’Apa Kyros, cinquante ovins, comme moutons d’abattage,
–7– et quinze autres ovins. Il les donna, en vue de l’abattage, pour l’équipage de ses navires, ainsi que pour sa cavalerie et son infanterie cuirassée, dans
–8– le mois de Jumada, le premier de l’an vingt-deux. Ecrit par Ibn Hadid.
Verso
Texte grec
Document relatif aux ovins cédés aux muhajirun (grec magaritai) et autres arrivants, contre [la remise du] paiement de l’impôt pour [l'an de] l’indiction 1.
Rien de spécifique à l’islam qui aurait dû être mentionné à cette date (hégire, Mahomet, le nom du calife, "musulmans" etc) si l’on suit le récit des sources islamiques. Le fait que des "musulmans" puissent écrire entre des signes de croix pose problème. Sauf s’ils ne sont pas musulmans
L’invention de Mahomet
Il est remarquable de constater que la temporalité d’apparition des éléments principaux de l’islam suivent une voie parallèle ; les inscriptions du nom « Mahomet », sur les pierres et dans les papyrii, les premiers feuillets coraniques que nous possédons, l’établissement de la shahada (il n’y a d’Allah qu’Allah et Mahomet …) sont contemporains. A tous ces éléments on peut donner une version primitive, médiane et finale.
La place minime dans le Coran (cité quatre fois) du fondateur contraste avec les occurences des figures bibliques incontournables. Son absence de lien avec une famille, un peuple, des gens à qui l’associer et les différentes manipulations du sens de son nom conduisent à s’interroger. L’étymologie du nom « Muhammad » inconnu en arabe précédemment peut être démêlée. Donné par les sources islamiques avec la signification de « [celui qui est très] Loué » l’étymologie nous montre que cette signification ne correspond pas. Due à la structure des langues sémitiques organisées en racines de trois consonnes qui se déploient via l’agencement des voyelles, on sait que HMD possède le sens de « désirer, convoiter » et que la racine correspondant à « Loué » est SBH. Aucun rapport formel donc. Mais par extension, « digne d’éloges, loué » est « désirable » ; il y a une contiguïté entre les deux notions. On retrouve ce sens dans la phrase de l’ange Gabriel au prophète Daniel qui le nomme « l’homme des prédilections », celui qui est désiré, le voulu, le choisi. Tel pourrait être le sens réel de « Muhammad », celui qu’Allah a choisi. Il s’agit donc d’un adjectif qualificatif qu’il n’est guère difficile de transformer en nom (d’où la difficulté qu’on les auteurs de situer grammaticalement le mot de « muhammad »; dans les inscriptions du Dôme du Rocher d’Abd-al Malik 691-692 ).
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Fig.6. Les inscriptions sont visibles sur le pourtour supérieur du Dôme. Il s’agit de morigéner les chrétiens orthodoxes sur leurs croyances fondamentales dans un style qui sera coranique. A la différence du Coran, rien est dit sur les juifs dans ce premier texte de ce qui va devenir l’islam.
Pour l’archéologue israelien Yehuda D. Nevo (m. 1992) dans son livre Crossroads to Islam (Prometheus Books, 2003), le problème « Mahomet » se résout de la manière suivante vers 685 ; il s’agit de l’invention d’une figure, permettant l’émergence et l’établissement d’une entité religieuse distincte du christianisme majoritaire, servant à justifier une autorité et à ne pas être absorbé par la majorité chrétienne. Les inscriptions du Dôme du Rocher d’Abd-al Malik 691-692 sont toutes dirigées contre la théologie chrétienne : Trinité, divinité de Jésus et de l’impossibilité qu’a Allah d’avoir un fils.
Fig.7.Bishâpur, Iran, 685-9 . Première occurence de « Mahomet envoyé d’Allah » sur une monnaie frappée par le « Commandant des Croyants » Ibn Zubayr.
La datation du Coran
L’incapacité des clercs musulmans du second VIIIè et premier IXè siècle à expliquer et commenter le Coran se comprend mieux quand on fait état des sources réelles. Les études récentes sur les premiers feuillets coraniques que nous avons tendent à montrer que le texte est une compilation ancienne dont le travail de collage a été effectué entre 660 et 680 et a été finalisé vers 700. Cette finalisation correspond à l’émergence de la Sunna qui explique les circonstances de la « Révélation » en exploitant le texte coranique allusif et vague et les premières tentatives de biographies de celui qui est « le Choisi ».
Chronologie succinte
Cadre : Empire romain en guerre chronique à l’Est contre les Perses (sous leurs différentes dénominations, il s’agit du même substrat ethnique) depuis la défaite de Crassus à Carrhae.
614 : offensive perse, conquête de la Palestine et de l’Egypte dont la religion majoritaire est un christianisme considéré hérétique par Constantinople.Ces provinces sont dégarnies de troupes romaines depuis le Vè siècle et remplacées en Palestine par des tribus arabes importées du Sinaï et de l’Arabie du nord dont les chefs doivent se convertir au(x) christianisme(s) , qui sont payées pour le service militaire et dont les devoirs consistent également à la police et au recouvrement des taxes. Jérusalem est remise à des juifs, auxiliaires perses, qui la gouvernent trois ans.
622 : contre attaque romaine contre la Perse. Année I du calendrier des « muminin »/croyants.Pour certains auteurs il y a un lien entre cet événement et l’établissement du calendrier qui deviendra celui de l’islam.
629 : les Perses défaits, libération de Jérusalem par Héraclius. Retour des troupes et de l’empereur à Constantinople. Les Arabes fédérés à l’Empire pour le service militaire ne sont plus payés par Constantinople.
634/40 : N’étant plus payés par Constantinople, des Arabes armés réclament de l’argent et des "taxes" en nature aux différentes villes de Palestine et de Syrie contre protection. C’était une partie de leur travail en tant que fédérés à l’Empire.
640/660 : prise du pouvoir par ces Arabes appellés en grec « moagaritai » et en araméen « maggrayé » et par eux-mêmes « muminin » (croyants/affidés).
660 : Muawiya, serviteur d’Allah et « Commandant des Croyants » établit sa capitale à Damas.
685/689 : un Arabe du nom de Ibn Zubayr « Commandant des Croyants » frappe une monnaie à Bishapûr (Iran) avec la mention « Mahomet envoyé d’Allah ».
689/91 : importation à Damas de la même formule sur la monnaie.
692 : fin de la construction du Dôme du Rocher.
705 : Prise de possession de l’église St Jean de Damas par les Arabes qui en font un lieu de prière. Finalisations du texte coranique.

1Andreas Gorke, PROSPECTS AND LIMITS IN THE STUDY OF THE HISTORICAL MUḤAMMAD, 2011 (Perspectives et limites à l’étude du Mahomet historique, 2011) Andreas Gorke est lecteur en Etudes Islamiques à l’Université d’Edinbourg.
2 C’est pourtant ce que les musulmans ont fait avec le Coran : les sources islamiques (parmis d’autres versions du même événement) décrivent comment « les corans » différents ont été détruits par le « calife » Othman « afin que personne ne diverge comme les Juifs et les Chrétiens ». Quand Othman est assassiné, elles n’hésiteront pas à donner comme raison, entre autres, la destruction des « corans ». Le Coran est devenu par la suite la Parole Incréée d’Allah.
3 Andreas Gorke, PROSPECTS (Perspectives…)
4 Arabe chrétienne, la famille de Jean Damascène fait partie des classes dirigeantes de l’Empire romain quand arrivent au pouvoir des Arabes qui s’appellent « Croyants ». Il reste flou de savoir si c’est réellement la famille du Damascène qui leur a ouvert les portes de la ville pour éviter un siège.
Si bien qu’un auteur comme Yehuda Nevo dans son livre Crossroads to Islam (Prometheus Books, 2003) ne trouvant aucune explication dans les sources romaines aux différentes réorganisations administratives – dévolution des pouvoirs des magistrats civils aux Eglises considérées par Constantinople comme « hérétiques » (monophysites, jacobites, nestoriennes)- et militaires (retrait des troupes impériales systématique, abandon des forts dans le désert, etc) aux tribus arabes importées du Sinaï et de l’Arabie du nord depuis le Vè siècle- qu’ont subi les provinces de Palestine et de Syrie- en arrive à penser qu’il s’agit là d’une politique délibérée d’abandon de ces provinces à l’insu de tous. Non payées par Constantinople pour le service militaire après la libération de Jérusalem (629 ), ce seraient ces mêmes tribus arabes qui auraient « pris le pouvoir » ; il ne s’agirait donc pas d’une « invasion », ils étaient déjà là. A l’examen des faits, on constate qu’Héraclius, lors de sa campagne de 622 ne libère ces deux provinces sous domination des Perses depuis 614 qu’au bout de sept années . Héraclius aura laissé la Syrie et la Palestine plus de 15 ans sans réagir. Après cette libération, les troupes romaines ne restent pas en Palestine. Les tribus arabes entrent en action dès 634 .
5 Jean Damascène témoigne qu’à la question : comment Mahomet a reçu l’Ecriture, on lui répondait qu’il la recevait durant son sommeil. Les sources islamiques donneront la version d’une « révélation » diurne s’étalant dans le temps donnée par l’ange Gabriel.
6 Muhammedanische Studien, vol. II, Halle, 190
7Henri Lammens, « Qoran et tradition: Comment fut composée la vie de Mahomet », Recherches de science religieuse, vol. 1, 1910 (Cet article est indisponible en libre-accès sur Internet)
8Les inscriptions n’étaient plus adressées aux anciens dieux astraux tels que Almaqa, Athar ou Shams, mais à une seule divinité appelée le « Seigneur du Ciel » ou « Seigneur du Ciel et de la Terre » qui est aussi appelée Rahmanan [le Miséricordieux]. Les débats continuent entre auteurs pour savoir si ce monothéisme, au moins à ces début, a été plus influencé par le judaïsme ou le christianisme, Norbert Nebes, The Martyr of Najran and the End of the Himyar…in The Qur’an in Context: Historical and Literary Investigations Into the Quranic Milieu, 2010, Brill
9
« La Tradition biographique » : ensemble à valeur normative de « traditions » ou « hadiths » rapportant les faits et gestes de Mahomet et de ses compagnons, recueillis oralement de transmetteurs en transmetteurs et mis par écrits cent à cent cinquante ans après les faits, vers 750- 800
10 Régis Blachère, Le problème Mahomet, p.7
11 Patricia Crone, Michael Cook, Gerald R. Hawting, Yehuda D. Nevo etc.
12 L’Islam …
13 Ibid.
14 L’article est un chef d’oeuvre de contorsion.NDA.
15 (Note 12) L’auteur ne précise pas ici les frontières qu’il donne à l’Arabie ; dans l’Antiquité, la Jordanie actuelle fait partie de l’Arabie dite Pétrée (cap. Pétra).
16 Thésaurus d’Épigraphie Islamique (édition 2009)
17 Cette minoration procède du mécanisme qui consiste à pointer l’exagération ou la « connaissance » préalable des faits.
18 Dans un documentaire fait pour Channel 4 (disponible en P.2.P sous-titré en anglais -seulement-) « Islam the Untold Story », Patricia Crone refuse visiblement d’aller dans ce qu’elle considère être un terrain glissant.
19 « [...] il est cependant inconcevable qu’ils [les musulmans] se soient mis d’accord sur une histoire fictive commune de leurs origines. Il est également inconcevable [...] » Andreas Gorke, PROSPECTS AND LIMITS…, 2011 (Perspectives …)
20 Fred.M. Donner (n. 1945) est professeur d’histoire du Proche-Orient à l’université de Chicago.Ce n’est frappant que si l’on croit les sources islamiques être ce qui est présenté qu’elles sont : des documents historiques. Dans le documentaire « Islam the Untold Story », le trouble de Fred Donner est perceptible ; à la question : » Comment pouvons-nous savoir que Mahomet vient de la Mecque ? » Il répond qu’on ne peut pas le savoir, mais que d’un autre côté, s’il ne vient pas de la Mecque, on doit apporter une alternative plausible ; d’où pouvait-il venir ? et donner les raisons pour lesquelles on pense cette alternative comme correcte.
● Bibliographie
  • A.-L. de Prémare, les Fondations de l’islam, entre écriture et histoire, Points Seuil 2009 (2002)
  • E.-M. Gallez, Le Messie et son Prophète, Paris 2005
  • Stefan Heidemann: The Evolving Representation of the Early Islamic Empire and its Religion on Coin Imagery, in The Qu’ran In Context, Brill, 2010
  • Yehuda D. Nevo, Crossroads to Islam, Prometheus Books, 2003
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