vendredi 23 novembre 2012

Bombes guidés, les femmes et les enfants


Les bombes guidées, les femmes et les enfants comme kamikazes

 Par Anat Berko

 Rowman & Littlefield Publishers, 2012. 212 p, 42 $

 ISBN: 978-1-4422-1952-6

 

Anat Berko a passé les quinze dernières années dans les prisons à interviewer des terroristes, ce qui lui a donné une maîtrise incomparable de ce sujet parmi les chercheurs universitaires; et personne n'a montré une aussi grande capacité qu'elle pour obtenir des personnes interrogées qu'elles s'expriment. Les résultats, publiés dans une série d'études sur les personnalités, les circonstances et les motifs, ont ouvert un sujet, jusque-là mystérieux, à l'examen public.

Après s'être concentrée sur les prisonniers de sexe masculin, le Dr Berko, dans ce livre, oriente son attention vers les femmes et les enfants. Les différences sont profondes, comme on pouvait s'y attendre, surtout dans la société musulmane, où les femmes sont particulièrement défavorisées. Les restrictions concernant le sexe qui dominent la vie d'une femme ont des implications profondes pour l'engagement des femmes dans le terrorisme: Le chapitre 7 montre que les femmes rêvent de «cette chose» (c'est-à-dire le sexe) [existant] sans cesse au paradis. Les chapitres 8 et 15 établissent le profil des femmes partant en mission terroriste après avoir eu des relations sexuelles avec ceux qui les envoient [en mission].Le chapitre 11 démontre le fait remarquable qu' «un nombre significatif [de femmes palestiniennes] ont préféré la prison israélienne à leur propre maison» en raison de mauvais traitements infligés par les parents; en effet, certaines d'entre elles font semblant d'attaquer les Israéliens afin d'aller en prison et laisser la vie malheureuse qu'elles ont à la maison. Le chapitre 14 montre l'occasion récurrente pour les femmes d'échapper au déshonneur sexuel par la violence.

Anat Berko, auteur de "The Smarter bomb." 

Le Dr. Berko, qui travaille à l'Institut international pour la lutte contre le terrorisme en Israël, demande provocante, "Une femme qui a mené une attaque suicide à la bombe, sa bombe est-elle une bombe intelligente ou une bombe stupide?" En d'autres termes, ces femmes savent-elles ce qu'elles font et sont-elles efficaces? En réponse à la première question, elle distingue un large éventail de terroristes, depuis les raffinées instruites et hyper-politisées jusqu'aux aux rustres illettrées. Quant à leur efficacité, à l'exception de celles qui sont raffinées et instruites, généralement des femmes font un mauvais travail, se donnent la mort sans faire de graves dommages aux Israéliens. 

Le livre contient une mine d'informations, en grande partie présentée comme des données brutes sous forme de rapports sur les conversations. D'autres peuvent bénéficier du travail précieux du Dr. Berko pour tirer leurs propres conclusions. Quelques-uns des grands thèmes qui se dégagent de ces pages comprennent:

 •Le contraste entre l'utilité des femmes dans le terrorisme (en raison du fait qu'elles ont moins de soupçons que les hommes) et leur piètre performance (en raison du fait qu'elles tiennent moins à l'idéologie).

 •La tension entre l'admiration pour une femme qui renonce à la vie et le soupçon que son sacrifice a pu impliquer une certaine forme de culpabilité sexuelle. Comme un journaliste palestinien l'a dit, quand une femme exécute un attentat terroriste, les autres blaguent qu '«elle a explosé en se masturbant .... Elle n'a pas assez de sexe .... Elle n'était pas satisfaite.»

 •Dans certains cas, des circonstances désespérées poussent les femmes à des actions désespérées dans l'espoir de mettre fin à leur existence misérable. Comme un complice d'un attentat-suicide a dit: «Ces filles ne pensent pas qu'elles iront en prison, elles pensent qu'elles vont mourir. Elles pensent que la mort c'est mieux que de vivre comme elles le font.»

 •Dans d'autres cas, les femmes prisonnières délibérément recherchent la prison comme un abri sûr pour échapper à des mariages forcés, à des accusations de comportement inapproprié, ou à la violence domestique. Pour atteindre la prison, elles poignardent les soldats, brandissent des couteaux dans l'air, ou jettent de l'acide sur un soldat israélien.

 •Les terroristes considèrent les Israéliens comme des êtres inférieurs, mais après avoir passé du temps dans les prisons israéliennes, où les prisonniers (comme on l'a dit) "donnent du respect et sont respectés», elles améliorent souvent leurs attitudes: "les Juifs prennent mieux soin de moi que nous [les Arabes] . "

 •Dans une mesure surprenante, les femmes terroristes s'engagent dans la violence pour s'associer étroitement aux hommes vers qui elles sont attirées physiquement. Comme un avocat de la défense l'a dit: «Je n'ai jamais rencontré une femme seule qui ait été motivée par l'idéologie ... toute femme impliquée dans le terrorisme est une romantique.»

 •Pour ces raisons, le Dr Berko trouve qu '«un nombre important» de femmes détenues préfère rester dans une prison israélienne plutôt que rentrer dans leur propre maison. Comme une l'a dit, «Je préfère être en prison, ils m'aident ici.»

 •Les détenues sont généralement issues de familles éclatées ou de familles qui n'ont pas une forte protection masculine.

 •La notion même de femmes qui font la guerre et vont pour cela en prison bouleverse les concepts palestiniens de l'ordre. Dans les mots qui illustrent cela de l'administrateur général du Hamas: «Si une femme est en prison pour longtemps, elle va devenir un homme" (ce qui signifie, qu'elle aura des idées aberrantes d'indépendance).

 •En conséquence, les Palestiniens gardent leurs distances avec les détenues femmes: «C'est une héroïne mais je ne laisserais jamais mon fils ou mon frère épouser une femme comme ça»

Un membre de la famille tient une image célébrant Fatma An-Najar, 57 ans, la plus vieille kamikaze palestinienne.

Au passage, le Dr Berko révèle aussi beaucoup de choses sur les détails quotidiens des prisonnières dans les prisons israéliennes. Peut-être le plus surprenant, c'est l'optimisme de beaucoup d'entre elles quand il s'agit de quitter la prison dans le cadre des échanges avec l'Autorité palestinienne ou le Hamas. Il s'avère que ce n'est pas seulement de la chevalerie de la part du gouvernement d'Israël, mais plutôt une reconnaissance du fait que les terroristes femmes sont beaucoup moins susceptibles de se réengager dans le terrorisme que les hommes.

Enfin, l'étude du Dr Berko fait allusion à des tactiques de contre-terrorisme. Par exemple, la sensibilité profondément heurtée quand il s'agit de voir les corps de femme nus, même dans la mort, même explosé en plusieurs parties («Si une femme se fait exploser toute sa chair sera vue, et cela conduit à une situation très difficile"), suggère que les autorités israéliennes et d'autres peuvent dissuader les femmes kamikazes musulmans en distribuant des photos de leurs restes nus , et surtout de leurs parties sexuelles. (La même tactique, à un degré moindre, pourrait également être utile vis-à-vis des terroristes musulmans) 

Le traitement sensible par Anat Berko d'un sujet répugnant met la mentalité et l'univers social des ennemis d'Israël femmes en pleine lumière. Les idées qu'elle glane profitent à tous les engagés dans la lutte antiterroriste concernant les femmes musulmanes, indépendamment de l'emplacement de ces femmes ou de leur cause.

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