lundi 16 février 2015

Analyse « à chaud » des négociations qui se terminaient à Minsk

http://korovin-mgu.livejournal.com/58901.html

 Valeryi Korovine a fournit une analyse « à chaud » des négociations qui se terminaient à Minsk. Voici ce texte qui surprend, par le contrepied total qu’il propose.
Korov
En acceptant des négociations au format «Normandie», la partie russe et les républiques de Donetsk et de Lougansk ont essayé d’en élever le niveau de façon à atteindre un stade renforcé de respect des accords conclus au cours de telles négociations. Voyant ce que sont devenus les précédents accords signés à Minsk, nos représentants ont déployé des efforts visant à garantir la bonne exécution des présents accords, espérant que la présence de représentants occidentaux de premier plan offrirait peut-être cette garantie. Mais de mon point de vue, l’actuel format de «Normandie» contient un élément systémique qui empêche toute partie d’intervenir en tant que garante. C’est la raison pour laquelle cet accord est non signé, bien qu’il fût conclu. Il s’agit simplement du fait qu’aucune partie n’est en mesure de répondre de ce que Petr Porochenko sera en mesure d’exécuter ces accords. Car de facto, l’Ukraine n’existe plus en tant qu’État. Elle existe encore du point de vue nominal, nous y sommes habitués, nous nous y référons, mais en fait, la personne qui siège à Kiev, dès le départ, ne contrôle pas toute la situation, sans parler des militaires, milices et forces de l’ordre, que nous savons très hétérogènes. Il s’agit des bataillons punitifs, immédiatement subordonnés aux oligarques, il s’agit du «secteur droit» du maïdan, des soi-disant SBU, insatisfaits, eux aussi, et manquant de motivation envers les directives de Kiev. Ils ne reçoivent de Kiev ni garantie, ni moyens, ni aide, ni statut social. Pour Porochenko, la situation est incontrôlable ; cela signifie qu’avec la meilleure volonté du monde il ne peut prendre sur lui aucune obligation.
Après treize heures de négociation, on en était encore à rechercher une forme de mécanisme qui garantirait l’observation de n’importe quelle, vraiment n’importe quelle, partie des accords. Le contenu des accords ne sera pas l’essentiel. L’essentiel sera qui va répondre de l’exécution des accords. Personne ! Treize heures furent nécessaires pour comprendre que personne ne garantira le respect de l’accord, et si les dirigeants européens le signent, on en arrivera exactement comme sous Yanoukovich, à un maïdan. Ils ressembleront à de pâles idiots incapables d’accomplir rien de ce qui aura été convenu. C’est pourquoi il s’agit d’un problème systémique, et ici, malgré toutes les adjurations des dirigeants européens clamant que le problème ne peut être résolu par la guerre, je suis convaincu du contraire. Ce problème ne peut être résolu que par la guerre, dans le cadre de laquelle l’Ukraine devra être nettoyée  des représentants de la junte et des «bataillons de punisseurs» qui massacrent les populations innocentes.
Personne ne se portera garant du respect de ces accords, alors que le sens de la rencontre était d’essayer de trouver un moyen d’amener Kiev à les exécuter. Il aura fallu treize heures pour comprendre que ce n’était pas possible. Kiev n’est ni sujet, ni partie avec laquelle il serait possible de s’accorder quant au respect de ces accords. De ce point de vue le précédent format des négociations était plus proche de la réalité. Ne serait-ce que parce qu’y participaient directement des commandants immédiats, capables de transmettre des ordres concrets à des unités spécifiques, de faire reculer ses forces ou d’ordonner un cesser-le-feu. Mais au plus le niveau de représentation est élevé au moins les parties sont en mesure d’agir concrètement.Cela signifie qu’il faudrait aujourd’hui dialoguer avec les commandants du terrain chez les insurgés des républiques de Donetsk et Lougansk, avec les commandants des bataillons punitif, avec les oligarques ukrainiens qui s’entre-déchirent autour des restes refroidis d’un État défunt.Il est nécessaire de baisser le niveau des négociations le plus bas possible pour pouvoir trouver quelqu’un qui accepte la responsabilité de répondre du respect des accords. Au plus le niveau est élevé, au moins les accords seront réellement mis en œuvre.
Les pourparlers de Minsk représentent un effort tout à fait futile. C’est la raison pour laquelle Obama a réagi aussi calmement à la demande de Merkel de lui donner la chance de régler la situation de façon pacifique. Bénéficiant des données de ses services de renseignements, installés au centre de Kiev, dans l’immeuble du SBU, il est en mesure de comprendre qu’il n’y a là aucun État, c’est-à-dire qu’il n’existe personne qui puisse être garant de l’exécution de l’accord, aucun mécanisme qui puisse répondre de l’accomplissement de ce qui est convenu. Tout se déroule selon le plan américain : déstabilisation et dysfonctionnement de l’État, en le privant de toute stabilité, et création d’un mal de tête maximum pour la Russie et l’Europe. Ce qui les tient séparés, les empêchant de construire quelque stratégie que ce soit, ni l’un ou l’autre modèle de coopération. Voilà le plan américain, et il se déroule avec grand succès.
Porochenko est l’esclave de Washington. Il est complètement étranger à lui-même, c’est un pur produit de la politique extérieure de Washington. Il téléphone toutes les dix minutes, (ce qui l’a obligé à quitter régulièrement la table de négociation,  et que les correspondants de presse ont répercuté) afin de demander au Département d’État et à la CIA ce qu’il doit dire, ce qu’il ne doit pas dire, ce à quoi il peut s’engager et ce à quoi il ne peut pas. Bien sûr, à Washington, on lui a dit «promets tout ce que tu veux, mais après ils te pendront».
Les États-Unis comprennent que ces négociations sont une perte de temps. Merkel la naïve et Hollande le romantique s’imaginent qu’avec les négociations, ils ont arrêté l’envoi d’armes américaines en Europe, qui déstabilisent complètement celle-ci. Obama comprend très bien que tout cela c’est un vain effort. C’est pourquoi il n’est pas ici. Pourquoi ? Les agents de la CIA s’y trouvent et règlent tout ce qui se passe.

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