lundi 16 février 2015

La stratégie derrière la barbarie déployée par l'État islamique

Les Nazis avaient «Mein Kampf». L'État islamique dispose du manifeste «La gestion de la barbarie».

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La gestion de la barbarie
(traduit ici en anglais par William McCants)

Publié en 2004, ce manifeste promeut l'usage stratégique de tactiques ultra-violentes, telles que celles utilisées par l'État islamique
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Un usage stratégique de tactiques brutales
D'après les recherches de Hassan Hassan, ce manifeste est étudié par des jihadistes importants de l'État islamique, à savoir «les membres et les commandants bien établis».
Selon [l'auteur de La gestion de la barbarie] il faut distinguer le jihad des autres principes religieux, en ce que le jihad n’implique aucune miséricorde mais plutôt des représailles d’une extrême violence pour dissuader les ennemis.

Ce manifeste dépeint un contexte où la puissance des États-Unis a décliné et où le monde islamique, divisé par les frontières coloniales tracées en 1916, sombre dans le chaos.
(Daily Mail) - Le livre Management of Savagery, un guide de 268 pages sur le terrorisme, révèle les intentions de l’État islamique : 

  • cibler les touristes à différents endroits dans le monde musulman;
  • exploiter la valeur de propagande du ciblage de journalistes occidentaux, et tenter d’enlever des travailleurs du secteur pétrolier;
  • frapper à répétition les mêmes cibles stratégiques, afin de révéler les faiblesses de la sécurité occidentale.
Le Guide a été soigneusement étudié par les commandants terroristes en Syrie et en Irak. Le message :
«Notre bataille est longue et ne fait que débuter... Cependant, la longue durée de cette bataille fournit l'occasion d’infiltrer les adversaires. [Nous] devons infiltrer les forces de police, les armées, les sociétés de sécurité privées, les institutions civiles sensibles».
Le modèle proposé pour tuer les otages indique qu’il faut privilégier une méthode qui maximisera le choc en Occident.

Le manifeste propose d'impliquer profondément les Américains dans les conflits du monde musulman. Les jihadistes doivent provoquer une Amérique déclinante et débordée pour qu'elle s'engouffre dans une longue guerre qui finira par l'épuiser.
Cette stratégie, propose l'auteur, requiert
  1. de polariser le monde musulman par des manoeuvres ultra-violentes; et
  2. de convaincre ceux qui, parmi les musulmans, espèrent encore que les États-Unis les protègeront des tyrans -- qu'ils rêvent en couleur.

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Il s'agit de détruire l'aura d'invincibilité des États-Unis. Les États-Unis, avance l'auteur, s'épuiseront dans une longue guerre au sein des pays islamiques, et seront minés de l'intérieur par d'importants problèmes sociaux-économiques.
«Il faut exposer la faiblesse du pouvoir central des États-Unis en les poussant à abandonner leur guerre médiatique psychologique et la guerre par procuration, jusqu’à ce qu’ils s’engagent directement dans les combats».
La gestion de la barbarie, cité par David Ignatius in The manual that chillingly foreshadows the Islamic State

Une violence bestiale, sauvage, crue: telle serait la clef pour miner la puissance américaine. Faire usage d'une violence qui choque, qui affecte avec force, capable de démoraliser les adversaires et d'en enrager les dirigeants. Déployer une violence capable d'exposer la faiblesse de l'Occident, et assez problématique pour forcer les musulmans modérés à choisir enfin leur camp.
«Si notre jihad n’est pas violent et que la mollesse s’empare de nous, il s'agira d'un facteur majeur dans la perte d’un élément de force».
La gestion de la barbarie, cité par David Ignatius in The manual that chillingly foreshadows the Islamic State

L'auteur souligne que «deux califes ont brûlé des opposants par le feu, même si c'est odieux, parce qu'ils étaient conscients des effets de la violence brutale en temps de besoin».
«Nous devons massacrer», plaide-t-il, «comme les musulmans l'ont fait suite à la mort de Mahomet». L'ultra-violence recèle des avantages, avance-t-il:
«Entraîner les masses dans la bataille exige davantage d’actions qui choqueront les opposants, et feront en sorte que les gens s’engageront dans le combat, de gré ou de force… Nous devons faire de cette bataille un combat très violent, où la mort est constamment frôlée».  
La gestion de la barbarie, cité par David Ignatius in The manual that chillingly foreshadows the Islamic State

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