mardi 17 avril 2012

Les documents qui prouvent le flirt nucléaire entre Paris et Tripoli

« Il n’a jamais été question de vendre une centrale à M. Kadhafi ! [...] c’est un mensonge éhonté », s’est agacé Nicolas Sarkozy ce mardi sur France Inter, démentant les accusations d’Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva, selon laquelle jusqu’à l’été 2010, Paris était prêt à vendre un réacteur au dictateur Libyen.
Dans l’entourage du Président, on minimise les contacts qui ont eu lieu. On indique que Kadhafi était certes demandeur, en 2010, d’une « unité de dessalement Areva », dotée d’un « moteur nucléaire ». Mais sa demande serait restée lettre morte :
« Nous n’y avons pas répondu. A ma connaissance, il n’y a eu aucune discussion. »
Tout indique pourtant que des tractations ont eu lieu pour la livraison d’un, ou de plusieurs réacteurs, qui devaient alimenter une ou plusieurs usines de dessalement d’eau de mer, comme en témoigne plusieurs documents publics.
1

Le mémorendum du 25 juillet 2007

Le 25 juillet 2007, au lendemain de la libération des infirmières bulgares, la France signe avec la Libye un mémorandum d’entente sur la coopération nucléaire.
Le document, cosigné par les ministres des Affaires étrangères Bernard Kouchner et Mohamed Chalgam est consultable en ligne, comme l’a repéré Le Monde.
« Ce texte est destiné à donner un objectif précis à la coopération franco-libyenne : l’installation en Libye d’un réacteur nucléaire destiné à la production d’eau potable par le dessalement d’eau de mer. Un accord en bonne et due forme devra suivre à un stade ultérieur. »
Source : le porte-parole du Quai d’Orsay.
2

Le discours présidentiel du 3 juillet 2008

Le 3 juillet 2008, au Creusot (Saône-et-Loire), le chef de l’Etat affirme :
« Je sais qu’il y a des gens et des pays qui se disent “n’est-ce pas un peu dangereux de proposer le nucléaire civil à des pays comme l’Algérie, les Emirats arabes unis, ou la Libye ?” Ce qui serait vraiment dangereux, ce serait de leur refuser. »
Source : site de l’Elysée, discours sur la politique énergétique et industrielle de la France, Le Creusot.
3

L’accord franco-Libyen du 8 juillet 2008

Le 8 juillet 2008, après l’aval de la Commission européenne, le mémorandum de 2007 est devenu un accord en bonne et due forme, signé par Alain Joyandet, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie et Abdelaati Ibrahim El Obeidi, ministre libyen des Affaires européennes..
« Parmi les domaines couverts par l’accord, on peut citer notamment [...] la production d’énergie électrique et le dessalement de l’eau à partir de centrales nucléaires. »
Source : secrétariat d’Etat chargé de la coopération et de la Francophonie.
4

Le partenariat stratégique du 21 octobre 2010

Le 21 octobre 2010, le ministre français de l’Industrie, Christian Estrosi, a signé à Tripoli un partenariat stratégique prévoyant toujours l’ouverture de négociations pour la construction d’une centrale nucléaire. Le ministre déclare, sans donner de détail, à Reuters :
« Cet accord doit conduire à une coopération stratégique avec la Libye dans les domaines du transport, de la santé, de la construction, des hydrocarbures et de l’énergie nucléaire civile. »
Source : Reuters.
Les premières émeutes éclateront moins de quatre mois plus tard, le 15 février, à Benghazi.

http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/04/17/les-documents-qui-prouvent-le-flirt-nucleaire-entre-paris-et-tripoli

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire