mercredi 18 avril 2012

Mali: le futur premier ministre consulte

Le nouveau Premier ministre malien de transition, Cheick Modibo Diarra, consultait mercredi à Bamako pour former son gouvernement dans un climat de tension après une vague d'arrestations d'hommes politiques et de responsables militaires par les putschistes du 22 mars toujours actifs.
L'ex-président Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars, se trouve actuellement à la résidence de l'ambassadeur du Sénégal à Bamako, a par ailleurs révélé le président sénégalais Macky Sall à l'issue d'un entretien avec Nicolas Sarkozy.
"Le président Amadou Toumani Touré (se trouve) lui-même en ce moment sur le territoire de la résidence de l'ambassade du Sénégal à Bamako", a dit M. Sall lors d'une conférence de presse avec son homologue français à l'Elysée.
Une dizaine de personnes liées à l'ex-président renversé Amadou Toumani Touré (ATT) ont été arrêtées par des hommes armés de l'ex-junte au pouvoir depuis lundi soir, parmi lesquels des poids lourds du monde politique malien, dont Modibo Sidibé, ex-Premier ministre d'ATT, et Soumaïla Cissé, ancien ministre.
Les arrestations se sont poursuivies dans la nuit de mardi à mercredi, visant deux nouveaux responsables politiques: Kassoum Tapo, membre de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), l'un des principaux partis maliens, et Tièman Coulibaly, de l'Union pour la démocratie et le développement (UDD).
La junte, qui avait accepté de se retirer au profit des civils deux semaines après le putsch mais qui n'entend pas être écartée des affaires, n'a pas précisé les raisons de cette série d'arrestations.
Le colonel Moussa Sinko Coulibaly, chef de cabinet du chef des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a simplement indiqué mardi soir qu'elles ont été opérées "sur la foi d'indications précises et d'informations graves et concordantes" et "sur instructions de la hiérarchie".
Ces personnes seraient soupçonnées d'avoir fomenté à leur tour un nouveau coup d'Etat, selon des sources concordantes.
Les arrestations compliquent singulièrement la tâche de Cheick Modibo Diarra, tout nouveau Premier ministre de transition et de "consensus", désigné mardi.
Cet astrophysicien de renommée internationale âgé de 60 ans doit maintenant former un gouvernement "d'union nationale", dont la priorité sera de tenter de résoudre la grave crise dans le nord du Mali, occupé et contrôlé par des mouvements islamistes armés, des rebelles touareg et des groupes criminels.
- "Patience" -
Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR), une coalition de partis et d'organisations de la société civile formée après le putsch du 22 mars, a condamné "avec la dernière énergie la vague d'arrestations arbitraires et illégales déclenchées par la junte".
Le FDR a exigé "la libération immédiate et sans condition des personnalités civiles et militaires ainsi enlevées et détenues au secret" et pourrait ne pas accepter d'entrer au gouvernement tant que cela n'aura pas été fait.
Dans un communiqué publié mardi, la coalition anti-putsch a affirmé "que la junte militaire et ses soutiens civils veulent instaurer un climat de terreur dans le but évident d'intimider les milieux démocratiques".
Elle a exigé que la junte "retourne effectivement dans les casernes et n'interfère pas dans le processus constitutionnel restauré".
Le FDR a en outre demandé à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et au reste de la communauté internationale la plus grande "vigilance" face aux agissement des putschistes.
L'accord du 6 avril sur le retour à l'ordre constitutionnel a été arraché à la junte par les médiateurs de la Cédéao, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, et Adama Bictogo, ministre ivoirien de l'Intégration africaine.
Depuis, l'ex-président de l'Assemblée nationale Dioncounda Traoré a été investi chef de l'Etat par intérim, et Cheick Modibo Diarra désigné Premier ministre, une nomination saluée mercredi par la France, qui y voit "une étape importante dans le retour à l'ordre constitutionnel" au Mali.
Mais les institutions de la transition en place pour une période indéterminée jusqu'à des élections n'ont pas encore commencé à vraiment travailler.
"Qu'il y ait quelques résistances, cela n'est pas forcément un obstacle majeur. Il nous faut de la patience, et une capacité à surmonter ces difficultés qui vont toujours se poser à nous", a estimé mercredi Adama Bictogo à Radio France internationale (RFI).

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