mardi 18 décembre 2012

La France et les islamistes ont les mêmes «meilleurs amis»


Si la Côte d’Ivoire a été l’obsession des exécutifs Chirac et Sarkozy (au pouvoir jusqu’en mai 2012), la «reconquête» du Sahel malien semble être la priorité des priorités de l’administration Hollande. Il n’empêche qu’il est difficile de ne pas tiquer lorsque l’on sonde la profondeur des alliances des uns et des autres. C’est un secret de polichinelle : la France réac et la France baba cool se retrouvent unies dans une fascination pour les «hommes bleus» des dunes dont le MNLA est la figure emblématique.
Mais alors que Paris hausse le ton contre les islamistes liés à la nébuleuse Al Qaida qui coupent les mains et manient le fouet plus que de raison, comment oublier tout à fait que, selon de nombreux spécialistes du renseignement, une partie de l’approvisionnement des salafistes provient de réseaux qataris? Ce n’est pas un détail, puisque le Qatar d’aujourd’hui est dans le monde arabe, pour Paris, ce qu’était la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny dans les années 1960 et 1970 en Afrique: un allié sûr, un pivot stratégique, un partenaire central.
Le Qatar est même plus que cela, puisqu’il met la main à la poche pour financer le Paris-Saint-Germain (club de foot de la capitale française) ou pallier aux défaillances de l’Etat français dans les banlieues.
Mais pourquoi, au lieu de financer une invasion militaire du pays qui pourrait le transformer en une sorte de lieu de cristallisation de longue durée des forces en présence dans le cadre d’une guerre froide qui ne dit pas son nom, François Hollande – qui n’a pas un sou en poche, dit-on – ne prend-il pas son téléphone pour appeler ses amis les émirs? Pourquoi les Etats-Unis ne sont pas «chauds» pour une intervention? Iront-ils jusqu’à la saboter si elle a lieu?
Pourquoi les salafistes sont-ils les alliés, voire la force virile de l’Occident en Syrie, comme hier en Libye, quand il s’agit de chasser de vieux régimes «laïcs», et deviennent en Afrique subsaharienne la menace absolue?
Les Maliens ont l’impression d’être les victimes d’un grand jeu qui les dépasse. Ils n’ont pas sollicité la guerre de Libye menée par l’OTAN sans aucun souci de l’après-Kadhafi, mais ils sont obligés d’en subir les conséquences, dans un contexte où ils sont divisés, mal préparés militairement, et persuadés d’avoir fort peu d’amis dans la grande épreuve qui les étreint. C’est pour cette raison qu’ils se méfient. Et ils ont bien raison.
Théophile Kouamouo

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