mardi 18 décembre 2012

Hamza Kashgari et l’idole islamique, par Hélios d'Alexandrie

Hélios d'Alexandrie nous explique pourquoi les autorités saoudiennes et des milliers de musulmans à travers le monde sont si profondément ébranlés par les courts messages du jeune poète et journaliste Hamza Kashgari qui nous paraissent anodins, au point de réclamer sa mise à mort (lire les messages incriminés à la fin du billet)
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Hamza Kashgari a été arrêté à Kuala Lumpur et renvoyé sous bonne garde en Arabie Saoudite. Il sera sans doute jugé et condamné, non pour apostasie, mais pour insulte à Allah et blasphème contre Mahomet, il risque la peine de mort par décapitation.
Fayoum3aNul n’est en mesure de dire si son sort est scellé, ni si les pressions internationales réussiront à le tirer d’affaire, mais quel que soit son destin, ce jeune journaliste et poète aura, sans le savoir et sans l’avoir recherché, renversé l’idole la plus formidable et la plus effrayante qui soit. C’est la raison pour laquelle les gardiens du temple, qui sont également ses marchands, se sont levés comme un seul homme pour le condamner. Les autorités malaises n’ont pas hésité un seul instant, malgré les pressions internationales, à acquiescer promptement aux demandes des saoudiens. C’est que les malais sont majoritairement musulmans et subissent de plus en plus l’influence du wahhabisme importé d’Arabie.
Notre mode de pensée et notre sensibilité ne nous permettent pas de saisir pourquoi les musulmans se scandalisent des propos tenus par Kashgari*. Nous ne voyons pas en quoi il a manqué de respect à Allah ou à Mahomet. Nous pouvons même constater qu’il n’a nullement fait mention d’Allah et qu’il s’adresse à Mahomet comme à une personne avec laquelle il aimerait établir une relation basée sur l’égalité et l’estime mutuelle.
Hamza Kashgari est tombé dans la marmite du salafisme quand il était petit mais il lui a tourné le dos à l’âge adulte et s’est laissé emporter par le vent de liberté qui souffle d’internet. L’atmosphère oppressante et irrespirable du Royaume saoudien l’a poussé à s’exprimer de plus en plus ouvertement en faveur de la liberté. Ses prises de position ont attiré l’attention des fanatiques et des sbires wahhabites, il s’est retrouvé sans y prendre garde dans leur ligne de mire, au premier faux pas (et quel faux pas !) il a été abattu.
La sympathie que nous lui témoignons et la profonde inquiétude que nous éprouvons pour lui ne nous empêchent pas de mesurer les dimensions de cette crise et de comprendre sa véritable signification. La clé pour la compréhension du problème se trouve dans la personne de Mahomet, plus précisément dans le rang qu’il occupe, non seulement en tant que sceau des prophètes, mais plus encore, en tant que créature parfaite auprès d’Allah.
...le portrait plus que flatteur de Mahomet est un dogme auquel tous les musulmans doivent adhérer
Les auteurs islamiques tels qu’al Souyouti, ibn Hanbal, ibn Kathir, al Saoudi et Ibn Taymiyah pour ne nommer que les plus importants, se sont inspirés du coran et se sont basés sur les hadiths pour tracer un portrait plus que flatteur de Mahomet. Ce portrait qui tient davantage du mythe que de la légende a été établi comme un dogme auquel tous les musulmans doivent adhérer.
Les éléments qui composent le mythe de Mahomet ne sont pas très différents de ceux que l’on rencontre un peu partout, tentons de les résumer : Mahomet selon les hadiths a affirmé avoir été façonné par Allah quatorze mille ans avant Adam et Ève. Allah avait ordonné aux anges de lui apporter le matériau nécessaire à sa création, ces derniers ont prospecté la terre entière et le lit des fleuves les plus purs avant de trouver une boue blanche et immaculée dont ils ont apporté un spécimen à Allah. De cette boue blanche et pure Allah a fait une lumière qu’il a gardée auprès de lui. À la création d’Adam Allah a placé cette lumière dans la colonne vertébrale d’Adam et les anges se sont alors attroupés pour la contempler et se sont prosternés devant elle. La lumière a été transmise aux prophètes descendants d’Adam, Noé, Abraham, Ismaël etc. tous ont été remplis de la lumière de Mahomet et sont par conséquent devenus musulmans, la lumière a ultimement rejoint son réceptacle définitif en la personne du prophète de l’islam. Les hadiths rapportent qu’une nuit Aïcha, l’épouse-enfant de Mahomet, a retrouvé une épingle qu’elle avait perdue, grâce à la lumière qui émanait de son époux endormi.
Mahomet-voyage-nocturneLes auteurs musulmans rapportent aussi que lors de son voyage dans le ciel nocturne, Mahomet a vu de ses propres yeux, son propre nom écrit sur le linteau des portes du paradis, il était également écrit entre les yeux des anges. Les arbres du paradis avaient des feuilles aussi grandes que des oreilles d’éléphants, sans surprise le nom de Mahomet y était inscrit, le nom d’Allah par contre brillait par son absence. Le trône d’Allah au ciel porte une inscription affirmant qu’il n’y a de dieu que lui et que Mahomet est son envoyé.
Et serait-on étonné d’apprendre que Mahomet a prétendu que l’ange Gabriel était son serviteur ? Pourtant cet ange était réputé n’être pas tendre avec les autres prophètes, il lui arrivait même de les rudoyer quand ils ne mettaient pas assez de cœur à l’ouvrage. Mais avec Mahomet il se montrait poli jusqu’à l’obséquiosité et lui obéissait en tout !
Sur le chapitre de la doctrine pure mentionnons que Mahomet est infaillible et sans péché, il est doté par Allah du pouvoir d’intercession au jugement dernier. Certains damnés (en première instance) peuvent donc compter sur lui pour échapper à l’enfer.
Certains musulmans nous diront que ce statut fantaisiste ne fait pas l’unanimité des docteurs, c’est possible; les coranistes le rejettent bien entendu mais les coranistes sont considérés comme des hérétiques du fait qu’ils ne prêtent pas foi dans la sunna. Certains courants dans l’islam considèrent Mahomet comme le réceptacle et le transmetteur de la révélation, il jouit certes d’un statut fort honorable mais qui ne lui confère en tant qu’humain aucun privilège particulier. Ces courants de pensée émanent des cercles intellectuels lesquels tentent de dépoussiérer l’islam et de le réformer mais ces courants sont très minoritaires.
...Mahomet a été déifié, les musulmans sont devenus des moushrikouns, soit des associateurs
Le fait est que Mahomet a été déifié, les musulmans sont devenus des moushrikouns, soit des associateurs. Ceux qui se targuent d’être intransigeants sur l’unicité d’Allah, lui ont associé une seconde divinité. Cette association n’est nulle part aussi évidente que dans la profession de foi islamique, puisqu’un musulman qui se contente de témoigner qu’il n’y a de dieu qu’Allah sans mentionner que Mahomet est son prophète est considéré comme un apostat! Par le fait même qu’il n’est pas consubstantiel à Allah, tout en étant parfait et jouissant d’attributs divins, comme la perfection, la pureté et l’infaillibilité, Mahomet est devenu un dieu ou plus précisément une idole.
Et c’est cette idole que Hamza Kashgari a eu l’outrecuidance de précipiter de son piédestal. Le pauvre jeune homme a réalisé un peu tard que la foi dans l’unicité d’Allah doit absolument s’accommoder de la présence d’un autre dieu, que c’est sur l’autel de ce (faux) dieu qu’il devra être sacrifié en châtiment de son peu de foi et de son blasphème.
Le dieu Mahomet est offensé, seul un sacrifice humain peut l’apaiser
L’islam à l’exemple d'un certain empereur est nu. Cet évènement anodin, ces quelques phrases banales d’un jeune homme idéaliste et naïf ont suffi à ébranler le château de cartes islamique. Des dizaines de milliers de saoudiens sans compter les milliers de musulmans de partout se sont déchaînés sur la toile, ils réclament tous la décapitation de Hamza Kashgari. Son crime, s’être adressé à l’idole comme on s’adresse à un homme, et avoir tenté d’humaniser Mahomet sans se rendre compte qu’en l’humanisant il le faisait tomber de l’autel où les musulmans l’avaient juché après sa mort.
Mais il y a plus, à l’exemple du suprématisme islamique la déification de Mahomet cache un profond sentiment d’infériorité et une mauvaise conscience manifeste. En tant qu’idole Mahomet est intouchable, mais redevenu homme et de surcroît faillible, il devient objet de critique et de jugement, il n’en faut pas plus pour que le château de cartes islamique s’écroule. Les autorités religieuses saoudiennes n’ont pas mis de temps à s’en rendre compte, le temps presse, elles doivent faire vite, replacer l’idole sur son piédestal au-dessus de l’autel, amener la victime propitiatoire, prononcer sur sa tête les malédictions d’usage et l’égorger selon le rite.
Le dieu Mahomet est offensé, seul un sacrifice humain peut l’apaiser. Retenez la leçon, braves gens !

*Le crime de Hamza Kashgari
Hamza-KashgariAu jour de ton anniversaire, je dirai que j'ai aimé le rebelle en toi, que tu as toujours été une source d'inspiration pour moi, et que je n'aime pas les halos de la divinité autour de toi. Je ne vais pas prier pour toi.
Au jour de ton anniversaire, je te trouve où que je me tourne. Je dirai que j'ai aimé certaines choses en toi mais j'en ai abhorré d'autres, et je n'ai pas compris beaucoup de choses à ton sujet.
Au jour de ton anniversaire, je ne m'inclinerai pas devant toi. Je n'embrasserai pas ta main. Je la serrerai plutôt d'égal à égal, et te sourirai comme tu me souris. Je te parlerai comme à un ami, pas plus.
 
Très, très bonne analyse, Helios.
Elle met à nu ce qu'est en réalité cette idéologie, la plus malfaisante et la plus maléfique de toute l'histoire de l'humanité : une idolâtrie païenne sous le prête-nom de "Dieu".
Elle est aussi la somme des pires hérésies antichrétiennes, à savoir l'arianisme (négation de la Trinité) et le nestorianisme (dissociation entre l'homme Jésus __ homme saint, mais simple homme __ et le Verbe de Dieu, donc négation de l'Incarnation).

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