mercredi 11 décembre 2013

Mandela n’a pas gagné sa guerre politique tout seul !

Michel Cardoze

Mandela transformé en icône christique par l’unanimisme bêlant de la planète, j’espère que c’est insupportable à ceux qui ont un peu de mémoire politique.
Mandela n’a jamais tendu la joue gauche lorsque le pouvoir raciste afrikaner frappait sa joue droite. C’est lui, au contraire, qui a pris la responsabilité au sein de l’ANC de créer « le fer de lance de la nation », organisation chargée de la lutte armée après le massacre de Sharpeville en 1960. Il a d’ailleurs refusé sa libération lorsqu’on lui proposait de l’échanger contre une renonciation à la lutte armée (1964).
Sabotages, attentats, meurtres, dépôts de mines, camps d’entraînement : les combattants armés de l’ANC ont assuré le travail légitime de déstabilisation du régime,pendant que les luttes sociales et politiques, la recherche d’alliance chez les blancs humanistes, en Afrique du Sud et dans le monde entier, délégitimaient le régime raciste.
Ce sont les hommes d’affaires sud-africains qui, en 1986, ont effectué le voyage de Lusaka (où siégeait l’ANC) pour explorer les conditions d’une paix civile et d’un enterrement de l’apartheid. On connaît la suite.
Plus de vingt ans de lutte clandestine ou publique, politique et armée, ont précédé la libération de Mandela et ce qui s’ensuivit. Et, pour être plus précis, qui dit lutte armée dit formation de combattants et recherche d’armes, d’explosif, de mines, etc.
De 1960 aux années 80, on était encore dans un monde vite oublié aujourd’hui, qui était marqué par l’existence de l’Union Soviétique et de ses « filiales » – si je puis dire – comme Cuba ou comme des réseaux multiples et divers. Un seul nom parmi d’autres, celui du militant internationaliste Henri Curiel, communiste hors parti(s), assassiné en 1978 à Paris : son réseau « Solidarité »contribua de manière décisive à l’armement de l’ANC (et d’autres combattants d’autres dictatures), comme il a œuvré pour des rapprochements pacifiques au Moyen-Orient, ceci n’excluant jamais cela.
Les temps ont changé : l’URSS n’existe plus, l’apartheid a sauté de manière spectaculaire alors que se profilait en effet l’affaiblissement du« communisme ». La légalisation, de fait, de l’ANC suit de quelques mois la chute du mur de Berlin en 1989, et Mandela est libéré en 1990. De petits malins pourront affirmer que c’est la fin du « communisme » d’État à Moscou et ailleurs qui a libéré Mme Thatcher et de Klerk de leur peur du communisme… Sans doute.
Mais si des communistes officiels ou officieux dans le monde, et d’autres, n’avaient pas aidé l’ANC dans sa lutte armée (« terroriste » selon le vocabulaire d’alors, lui aussi oublié) et politique, vivrait-on aujourd’hui le merveilleux conte de fées d’une planète et des chefs d’État derrière leurs vitres blindées, rendant hommage à un ancien terroriste qui a gagné sa guerre politique ?
Allez, Madame l’Émotion, encore un effort pour laisser place à la vérité critique !
Heureusement " on ne meurt qu'une fois " car tels les rois mages venus du monde entier se prosterner devant le petit jésus, voici venus le temps des hypocrites, des amnésiques, neurasthéniques et autres minus politiques que compte la planète venus ceux-là, pleurnicher et se lamenter devant la dépouille d'un criminel pas même repenti...Sanctifié et déjà béatifié, non par les évêques réunis en conclave, mais par des " chefs d'état " qui pensent se grandir eux-même le temps qu'ils élève l'âme et l'esprit du gisant à défaut de pouvoir le réssusciter et, en auraient-ils eus le pouvoir qu'ils s'en seraient bien gardés, de peur que le " géant " ne leur fasse de l'ombre...! hélas des minus, la planète en compte beaucoup à l'image d'un F. Hollande qui met chez nous les drapeaux en berne en déclarant que le " monde entier est en deuil " pour un homme inconnu de la plupart d'entre nous et que, vivant ou mort, il nous laissait parfaitement indiférents, alors qu'il interdisait à ce même drapeau de se déplacer avec sa garde, pour rendre un dernier hommage à un officier superieur bien Français celui-là et grand résistant, qui avait servi sous ses plis et commandé le régiment auquel lui et son drapeau appartenaient...! Il y avait Lourdes pour les croyants ordinaires, il y aura désormais Soweto ou Joannesburg, pour nos chefs d'état, qui ne prient ni les mêmes dieux ni avec les mêmes gueux...!

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