mercredi 22 avril 2015

Afrique du Sud : la « nation arc-en-ciel » broie du Noir

Le monde blanc occidental où l’on n’a pas trop à batailler pour trouver sa pitance, adore les films animaliers. Ils flattent sa fibre écologiste, et puis surtout on y voit, débarrassée de tout discours socialisant et moralisateur, la vie comme elle est : sauvage.

Les animaux, ma bonne dame, ne se posent pas de questions. Ils ont, grâce à mère Nature, un ordre des priorités qui ne souffre aucune exception : survivre à tout prix et perpétuer l’espèce. La leur, bien sûr. Leur vie, il est vrai, n’a qu’un but : tenir jusqu’à cet acte essentiel qu’est la reproduction et assurer l’élevage de la génération suivante jusqu’à ce qu’elle soit elle-même en mesure de le faire. Aucun animal – ni végétal, d’ailleurs – ne déroge à cette règle, et pour y parvenir tout est bon.
Depuis monsieur Rousseau Jean-Jacques qui avait collé ses enfants à la DDASS (son équivalent de l’époque) pour mieux se consacrer à ses leçons sur l’éducation, nous feignons de croire que la race humaine échappe à ces contraintes. De billevesées en balivernes et de lunes fraternelles en mères porteuses, nous nous berçons d’illusions que la première grave crise économique se charge de balayer.
Ainsi les fadaises sur l’Afrique du Sud, la merveilleuse « nation arc-en-ciel » de saint Madiba, notre merveilleux Nelson Mandela. Un pays d’amour et de tolérance, un laboratoire du rousseauisme en marche dès lors qu’il fut débarrassé de son cancer blanc, tumeur Afrikaner et autres métastases de l’apartheid. Sauf qu’à part les quelques Noirs (généralement du parti victorieux, l’ANC) qui se sont hissés au pouvoir et ont fait main basse sur les affaires, les couleurs dominantes de la richissime Afrique du Sud sont la violence et la pauvreté.
Les crève-misère sont comme les animaux : ils n’ont qu’une obsession, c’est survivre à tout prix. Dans l’ordre des priorités : moi d’abord, mes enfants, ma famille, ceux de mon clan, enfin ceux de mon pays puis, au-delà, ceux de ma religion. Les autres, s’il en reste.
En Afrique du Sud, il n’y a plus de Blancs à chasser. Restent les Noirs. Les autres Noirs. Les voisins de misère du township. Aujourd’hui, ce sont les Nigérians. Depuis trois semaines maintenant, comme ils le furent déjà en 2008, ils servent de gibier pour la chasse à l’homme. Une quinzaine de morts, 5.000 en fuite, poursuivis par des pouilleux comme eux qui les battent à mort, pillent leurs taudis, incendient leurs boutiques. Ah ! Quelle horreur ! disent en se pinçant le nez les BHL de Saint-Germain-des-Prés. Comment cette nation en qui nous placions l’espoir de l’humanité peut-elle ainsi se caricaturer !
Et comment les pouilleux entassés sur des rafiots de fortune peuvent-ils jeter leurs compagnons d’infortune à la mer ? Parce qu’ils sont chrétiens ? Non. Pour se faire de la place. Pour n’avoir pas à partager ce qu’ils trouveront à l’arrivée. Pour se protéger, eux, leur famille, leurs enfants, leur clan, leur race, leurs frères en religion.
Pensez-y bien, vous tous qui tirez les ficelles depuis vos bureaux à lambris : la misère nous renvoie à notre condition animale. Il n’y a pas loin à gratter, la bête est là, toute proche. Struggle for life, c’est la loi de la jungle et celle des hommes aussi.
Pour l’instant, les miséreux s’étripent entre eux. Déjà, ils remontent par milliers via ce cimetière qu’est devenue la Méditerranée. Un jour, qui sait, ils s’abattront peut-être sur les beaux quartiers… à Johannesburg ou Saint-Germain-des-Prés.

Ecrivain, musicienne, plasticienne
L’Afrique du Sud s’enfonce lentement dans un désastre économique et social. Cette chute sera plus longue que celle de l’ancienne Rhodésie car l’Afrique du Sud compte encore plusieurs millions de Blancs. Mais ceux-ci sont irrémédiablement spoliés, voire assassinés et quittent progressivement leur pays, surtout les jeunes. 

« Partout où les blancs ont été les plus puissants ils ont tenu les nègres dans l’avilissement ou dans l’esclavage. Partout où les nègres ont été les plus forts, ils ont détruit les blancs ; c’est le seul compte qui se soit jamais ouvert entre les deux races. » Alexis de Tocqueville. De la Démocratie en Amérique.

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