vendredi 17 avril 2015

COMMENT L’ETAT ISLAMIQUE ENRÔLE ET RADICALISE SES NOUVELLES RECRUES !

Les exactions commises par l’Etat islamique (EI) horrifient le monde entier… Mais parfois aussi les nouvelles recrues de l’organisation terroriste, qui doivent suivre un long processus d’endoctrinement, avant d’être opérationnelles. Cette procédure commence dès le recrutement, puis se poursuit pendant leur entraînement dans des camps militaires situés dans les zones contrôlées par l’Etat islamique en Irak et en Syrie.
Le processus mis en oeuvre pour que les nouveaux arrivants deviennent de parfaits fanatiques est désormais mieux connu grâce à plusieurs témoignages inédits recueillis dans un livre* à paraître en anglais, écrit par Hassan Hassan et Michael Weiss, respectivement chercheur à l’institut Delma et journaliste au Daily Beast. «Dans ces camps d’entraînement, les nouvelles recrues reçoivent une formation politique, militaire avec une part de contre-espionnage, mais surtout un enseignement sur la Charia, explique au Figaro Hassan Hassan.
L’enseignement religieux est l’un des aspects les plus sous-estimés de leur endoctrinement pour expliquer la résilience et la loyauté des djihadistes de l’EI.»
Les djihadistes «purifiés» de toute pensée séculière
L’entraînement diffère selon le profil des recrues. Les auteurs les classent en six catégories. On compte bien sûr des religieux ultra-radicaux qui composent la majorité des rangs de l’organisation. D’autres sont des opportunistes, en mal d’argent ou de pouvoir.
Certaines recrues syriennes ou irakiennes, plus pragmatiques, s’engagent car elles souhaitent davantage de stabilité. «Nombre de sunnites ne sont pas d’accord avec l’idéologie du groupe. Mais ils considèrent l’organisation comme étant la seule capable de les protéger», explique Hassan Hassan à l’AFP.
«Dans la région, les chiites sont confiants et ont le vent en poupe, tandis que les sunnites se sentent menacés et persécutés», ajoute le chercheur.
Il peut se passer deux semaines, un mois voire un an, avant qu’un candidat soit jugé apte au combat. «Ça n’est pas simple, il faut être patient», se souvient un djihadiste syrien interrogé par l’auteur. «Ils commencent par vous tester.Ils parlent avec vous pendant quelque temps. Ils contrôlent votre connaissance de la religion. […] Ils vous parlent du régime des Nusayri (terme péjoratif qui désigne les Alaouïtes, tribu dont est issu le président syrien Bachar el-Assad) mais aussi de l’Armée Syrienne Libre et de tous les groupes qui sont dans l’erreur».
Dans chaque camp d’entrainement, au moins quatre instructeurs prennent en charge la formation physique et idéologique des nouvelles recrues. «Il sont ‘purifiés’ de toute pensée séculière, baasiste ou pro-occidentale», détaille l’auteur.
«En clair, ils doivent abandonner tout ce qui ne correspond pas à l’idéologie du groupe.» Pendant la formation, les nouvelles recrues peuvent être assignés à des checkpoints, mais ne sont jamais envoyés au front. A la fin du programme, ils écoutent le discours de leurs instructeurs et font allégeance au chef de l’État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, au cours d’une cérémonie ritualisée.
«L’un des points les plus fascinants, c’est que l’EI présente l’islam ‘ordinaire’ pratiqué par les musulmans d’aujourd’hui comme une pratique qui a été ‘inventée’ il y a quelques dizaines d’années», écrit Hassan Hassan dans le Guardian. L’Etat islamique justifie les décapitations, les crucifixions ou les exécutions de masse par un retour aux sources de l’islam et une application stricte de la charia. Certains châtiments, comme le fait de jeter des individus accusés d’être homosexuels depuis le sommet d’immeubles, sont des méthodes inconnues, même dans les pays comme l’Arabie Saoudite où se pratique la charia la plus brutale, selon le chercheur. Pourtant, ce châtiment pratiqué par l’EI existe bien dans les textes de la charia, explique-t-il.
«L’objectif de l’Etat islamique est de provoquer des questionnements sur ces pratiques, auxquelles l’organisation est bien plus à même de répondre que les clercs traditionnels, qui préfèrent dissimuler les enseignements qui proposent de tels châtiments», souligne Hassan Hassan dans le Guardian. Ainsi, beaucoup de militants sont séduits «par la manière dont l’Etat islamique présente l’Islam, simplifiée à l’extrême», conclut-il.

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