mercredi 12 février 2014

La faillite de Mandela et Juan Peron


Mandela richissime, la RSA ruinée

Le 3 février, l’un des exécuteurs testamentaires de « Madiba » faisait savoir que sa fortune personnelle était provisoirement évaluée à 46 millions de rands, soit 3 millions d’euros. Pas mal pour un simple avocat (diplôme obtenu sous le régime honni de l’apartheid, notez bien) : libéré en 1990 après de longues années passées en prison pour entreprise terroriste, il n’aura occupé que cinq ans la présidence de la République sud-africaine, dont l’appauvrissement a, au contraire, été proportionnel à l’enrichissement de son premier président noir, si bien qu’en effet la faillite du pays est avérée. Quelles qu’aient été les intentions pacificatrices de Mandela couronnées par un prix Nobel de la paix également attribué à son complice afrikander Frederik Willem de Klerk, président du Parti national et président de la République d’Afriquedu Sud de 1989 à 1994, qui a trahi son peuple au profit de la majorité noire et d’un puissant capitalisme apatride, le résultat n’est pas à la hauteur des folles espérances mises par la mediaklatura dans la « nouvelle Afrique du Sud ». Les chiffres accablants fournis par J.-Cl. Rolinat le prouvent : « Le passage du pouvoir blanc au Black Power » a accouché d’un pays malade.

Le pays malade d’une « ségrégation de la revanche »

Aujourd’hui, la République d’Afrique du Sud est malade :
  • – malade de la criminalité : 25.000 assassinats par an, 30.000 tentatives de meurtre et 300.000 cambriolages, plus le taux de violence sexuelle le plus élevé au monde ; en 2009, on estimait qu’un Sud-Africain sur quatre avait commis un viol, qu’un enfant était violé toutes les trois minuteset, en 2013, les statistiques avançaient que « 40% des Sud-Africaines seront violées dans leur vie », les Blanches en priorité ;
  • – malade du racisme institutionnel : les politiciens noirs flétrissent l’ancien régime et imputent tous leurs échecs au défunt apartheid et aux Blancs ; ceux-ci sont tacitement accusés de saboter les plus beaux projets et vivent dans une telle insécurité physique et professionnelle que le quart d’entre eux a préféré s’exiler ;
  • – malade des rivalités tribales : l’appartenance commune à l’African National Congress (ANC au pouvoir) cache mal les haines et les rivalités entre Xhosas, ethnie de Mandela, et Zoulous, ethnie de l’actuel président Jakob Zuma, prévaricateur et fornicateur d’élite ;
  • – malade de la « discrimination positive » ou, plutôt, comme le dit notre auteur, d’une « ségrégation de la revanche » : en effet, l’africanisation massive et précipitée de l’administration, du secteur hospitalier, de la police et de l’armée, des services et de l’industrie a mis à mal en moins de vingt ans l’économie la plus florissante du continent noir.
Comme pouvaient le constater tous les visiteurs des années 1970 et 1980 de l’autre siècle, l’auteur a raison de souligner qu’à certains égards la Republik, qui était aussi moderne et dynamique que les Etats-Unis, a sécrété un chômage exponentiel, frappant indistinctement toutes les communautés puisque de plus en plus de Blancs sont réduits à la mendicité. Là encore, les chiffres sont éloquents : 23,2% de la population active sont officiellement sans emploi, 40% selon les syndicats, ce chômage étant lui-même générateur de misère. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d’extrême pauvreté, soit 260 euros par an, a doublé pendant la décennie suivant l’accession de Mandela à la présidence, passant de 1,9 à 4,2 millions d’individus, entraînant une criminalité subséquente.

« Kill the Boer, kill the farmer ! »

Entre 1990 et 2005, selon l’indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Afrique du Sud a ainsi reculé de 35 places, et la dégringolade risque de s’accélérer du fait d’un phénomène terrifiant encore qu’il ne semble pas inquiéter nos commentateurs : l’élimination systématique des fermiers blancs, selon l’un des slogans chers à l’ANC, « Kill the Boer, kill the farmer ! ». Plus de 4.000 éleveurs et agriculteurs ont ainsi été assassinés, bien souvent en compagnie de leurs proches et dans des conditions abominables, depuis l’avènement tant attendu de la « nation Arc-en-ciel ». Résultat redouté par J.-Cl. Rolinat : « En 1994, on dénombrait 133.000 fermiers commerciaux. Aujourd’hui, il en reste moins de 40.000. Déficit énorme. Hémorragie dont les statistiques de production se font l’écho… Un processus à la zimbabwéenne avec, à la clé, les conséquences qu’on peut imaginer, chute des ventes, baisse des exportations et, à terme, la famine ! »
Loin des dithyrambes de la presse occidentale, voilà le véritable héritage de Mandela dont le vrai prénom est Rolihlahla, autrement dit « fauteur de troubles » en bantou : un Etat, certes, « décolonisé » mais, comme tant d’autres, ruiné par le délire idéologique, le racisme rabique, le revanchisme imbécile mais aussi la rapacité et la corruption de son nouvel Establishment, ces riches politiciens et affairistes bantous dont la surenchère dans le luxe est une insulte à la misère et à la désespérance ambiantes. Le tableau brossé par l’auteur, qui retrace aussi brièvement l’histoire de la RSA, est tristement véridique. Tout au plus peut-on regretter qu’il ne souligne pas le rôle capital joué par une certaine oligarchie financière – très étrangère à la geste des Boers – dans la dérive du Parti national puis la mortifère abdication de De Klerk… dont l’épouse Monika fut elle-même victime en 1998 de la criminalité organisée.

A l’opposé du mandélisme, le péronisme

2 RolinatAlors que paraissait ce livre, Winnie Madikizela-Mandela, épouse répudiée de Nelson et jadis surnommée Bloody Winnie, Winnie la Sanglante, pour son goût de la violence, estimait, le 26 janvier dans Le Journal du dimanche, avoir été la véritable opposante à l’apartheid et affirmait avec un certain dédain : « Sans moi, il n’y aurait pas eu de Nelson Mandela. Si je ne m’étais pas battue, il n’y aurait pas eu de Mandela, le monde entier l’aurait oublié. »
Sans Evita Perón, y aurait-il eu un Juan Perón et, sous ses avatars si divers et souvent si éloignés de l’original, le péronisme aurait-il encore des adeptes, au point que l’actuelle présidente argentine, Cristina Kirchner, s’en réclame, d’ailleurs bien abusivement ?
C’est toute la question qui sous-tend la monographie que J.-Cl. Rolinat, décidément très productif, publie sous le titre Juan Perón (**). Mais la photo de couverture est celle du couple, vite devenu indissociable tant la jeune et fragile Eva Duarte, actrice de très humble condition mais animée d’une volonté et d’un nationalisme farouches, participa aux conceptions, à l’organisation et au prodigieux succès du parti justicialiste, cette « troisième voie » entre l’URSS et le trop puissant voisin états-unien.
L’auteur se défend de vouloir faire une icône de cette « femme faite homme dans un corps féminin » (qui finit par la trahir, le cancer ayant emporté l’idole des descamisados alors qu’elle avait à peine dépassé la trentaine). Il conclut : « On ne peut pas parler de Juan Domingo Perón sans évoquer son double, celle qui mit toute son énergie, son talent, son intuition de femme, sa force de caractère et son intelligence au service de la cause du peuple, au service des ambitions de son mari. A un point tel que, à un moment, on pouvait se demander qui était l’inventeur du péronisme. »
Au contraire du mandélisme, le péronisme avait su redresser l’économie argentine, ramener la cohésion sociale et pratiquement éradiquer la pauvreté.
 Camille Galic4/02/2014
 (*) J.-Cl. Rolinat, République sud-africaine : la faillite de Mandela, éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, 1/01/2014, 188 pages.
(**) J.-Cl. Rolinat, Juan Perón, éditions Pardès, Collection Qui suis-je ? 21/12/2013, 128 pages.

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