jeudi 13 février 2014

Livre Rwanda - Un génocide en questions Bernard Lugan

 

Le 6 avril 1994, l’avion qui transporte les présidents du Rwanda et du Burundi est abattu à Kigali par un tir de missile. Le lendemain de l’attentat, un gigantesque massacre prend pour cible la minorité tutsie, accusée d’être responsable de la mort du président de la République rwandaise. Une flambée de violence embrase le pays. En un peu plus de trois mois, quelque 800.000 Tutsis sont exterminés à coups de machette.
Les Européens, tétanisés par des photos de vastes charniers, apprennent alors le nom de cette ancienne colonie belge où se déroule le dernier génocide de ce XXe siècle finissant.
Quelque vingt ans plus tard, le Rwanda défraie de nouveau l’actualité française. En ce début de février 2014 s’ouvre à Paris le procès d’un officier rwandais accusé de « complicité de génocide et crime contre l’humanité ».
Les internautes fréquentant Boulevard Voltaire connaissent Bernard Lugan. Ils ont eu l’occasion de lire les derniers ouvrages de cet historien spécialiste de l’Afrique. L’un d’eux, « Les Guerre d’Afrique », vient de recevoir le prix Raymond-Poincaré 2013. Il était logique que ce professeur à l’École de guerre, à Paris, se penche sur l’histoire du génocide rwandais. Notre ami a d’autant plus raison d’étudier ce drame qu’il a été l’objet d’une incroyable campagne d’accusations contre la France et son armée. Cette dernière fut rendue responsable de tous les péchés du monde. Elle était coupable. Elle était complice des bourreaux, des assassins, et de toutes les malversations possibles et imaginables. Bernard Lugan se donne la noble tâche de remettre les faits à l’endroit. Ce faisant, il bouscule rudement bien des clichés et démonte des assertions tout à fait fallacieuses.
En octobre 1990, le président Mitterrand décide l’intervention de la France au Rwanda. Devant l’accroissement des troubles, des renforts sont envoyés en juin 1992, lesquels quitteront le pays en décembre 1993. À la suite des massacres de masse perpétrés après l’attentat contre le président, le Conseil de sécurité de l’ONU autorise, le 22 juin 1994, la France à intervenir afin de protéger les populations. L’opération Turquoise débutera dès le lendemain.
L’armée française fut dès lors accusée de partialité. Dans une guerre à la fois ethnique et révolutionnaire, elle aurait été censée être favorable aux génocidaires. Les accusations sont tellement excessives qu’elles dépassent, par leur ampleur, un antimilitarisme convenu dans toute une presse si éprise de vertu et d’humanisme qu’elle en perd parfois la raison.
De fait, une certaine opacité plane toujours sur les tenants et aboutissants de ce génocide. Les lecteurs s’intéressant à l’histoire de ce malheureux pays ont du mal à comprendre l’inaction des divers gouvernements français dans la traque aux génocidaires dont un certain nombre (de prétendus réfugiés) coulent des jours paisibles sur notre sol. Ce trouble ne se dissipe pas avec le procès qui vient de s’ouvrir devant la cour d’assises de Paris à l’encontre du capitaine Pascal Simbikangwa. Vingt ans après, on plonge de nouveau dans la tragédie.
On ne peut oublier que de nombreux Hutus furent jugés et condamnés pour leur participation au génocide. Ils le furent en Norvège, en Belgique, en Allemagne. Comment expliquer la cécité de la France ? D’une justice bien silencieuse, on est en droit de se demander si elle ne fut pas bâillonnée.
 

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