mercredi 2 novembre 2016

Maroc : la police tue un pêcheur – le printemps arabe a commencé ainsi, en Tunisie

Une ville côtière dans le Rif marocain, Al-Hoceima, 55 000 habitants.
Mohcine Fikri, 30 ans, a passé sa journée à pêcher. Il rentre chez lui avec un panier plein d’espadon, il s’agit d’une espèce protégée. Intercepté par une patrouille de police, elle saisit sa marchandise et la jette dans une benne à ordures. Mohcine s’oppose tout d’abord à la destruction de sa pêche, puis se précipite pour tenter de la récupérer.
Quelqu’un (un policier selon certains témoignages) met volontairement en marche la benne de ramassage d’ordures.
Mohcine Fikri est broyé vivant.
Un téléphone portable a filmé cette scène abominable. La tête et un bras de la victime dépassant du mécanisme de broyage de la benne.
Diffusée sur Internet, puis sur les réseaux sociaux, la scène macabre a provoqué une colère immédiate dans tout le pays.
Au Maroc, il est vrai que la police a «presque» tous les droits, alors qu’en France les policiers doivent se faire tuer… avant de pouvoir tirer (ce n’est pas drôle mais vrai).
Des milliers de personnes ont assisté, dimanche, aux funérailles de Mohcine et l’ont accompagné jusqu’à la localité d’Imzouren, où il a été inhumé.
Drapeaux berbères en tête des cortèges et des slogans scandant «Criminels, assassins, terroristes», «Nous sommes tous Mohcine», ou encore «Écoute makhzen (Palais royal) on n’humilie pas le peuple du Rif», et, enfin, «Bienvenue à la COP 22 : ici on «broie» les gens».(Dans une semaine s’ouvre à Marrakech la conférence internationale sur le climat, la COP22, dont Rabat souhaite en faire une vitrine internationale).
Le roi, Mohammed VI, actuellement en déplacement en Tanzanie (Afrique de l’est) a dépêché le ministre de l’Intérieur, Mohammed Hassad, afin de présenter les condoléances et la compassion du souverain à la famille de la victime et donné des instructions pour qu’une enquête soit diligentée afin que les responsables soient punis sévèrement (nous connaissons parfaitement ces déclarations d’usages en France).
Souvenons-nous que le printemps arabe a débuté à Tunis, en 2010, parce qu’un jeune vendeur ambulant, Bouazizi, s’était immolé par le feu afin de protester contre la saisie de sa marchandise !
Et que cette ville côtière du Rif, Al-Hoceima, fut à l’origine d’une insurrection populaire en 1958 et l’un des principaux foyers de contestations lors de la version marocaine de ce «printemps arabe» en 2011.
Mais si «débarquer» un président semble possible en Tunisie, un roi, au Maroc, cela paraît impensable… alors qu’en France on «le» décapite !
© Manuel Gomez 
Ce n’est pas parce que la rue crie fort qu’elle a forcément raison. Surtout quand la rue est manipulée, ça saute aux yeux dans les reportages, car ils ont tous le même slogan…Bizarre non ?


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