jeudi 17 novembre 2011

L’Iran Signale qu’il est prêt à la Confrontation Finale Lt.-Col. (ret.) Michael Segall

Depuis la publication du rapport de l’AIEA en novembre 2011, qui a explicitement mis en lumière les projets de l’Iran de fabriquer des bombes nucléaires, des personnalités de premier plan du régime iranien et les médias d’Etat ont commencé à faire usage d’un langage menaçant, défiant et parfois méprisant, envers Israël et les Etats-Unis.
  • Du point de vue de l’Iran, une confrontation imminente et dirigée par lui contre les Etats-Unis et Israël servirait ses objectifs dans la région et renforcerait son image en tant qu’acteur principal qui se dresse contre l’Occident et fournit un agenda alternatif pour refonder le Moyen-Orient. Dès lors, l’Iran a cessé d’envisager la voie du compromis comme une option.
  • On pourrait concevoir l’actuel cycle conflictuel entre l’Iran, les Etats-Unis et Israël, à propos du programme nucléaire (militaire) de l’Iran dans un contexte plus large, comme centré autour du façonnement d’un nouveau paysage au Moyen-Orient. L’Iran se perçoit comme « la prochaine grosse affaire » dans la région et se comporte comme tel – sans réel challenge ou réplique, en ce moment, de la part des Etats-Unis et de l’Occident.
  • Par le passé, l’Iran a alimenté des contacts clandestins avec des mouvements islamiques, principalement dans les Etats arabes d’Afrique du Nord, sur le territoire soudanais (comme Ennharda, qui vient de remporter les élections tunisiennes), il peut, à présent, stimuler ouvertement son influence dans des pays où les « Dictateurs soutenus par les Américains » sont tombés.
  • L’Iran ne craint plus de reconnaître ouvertement qu’il a fabriqué des capacités pour réagir à une attaque – comprenant les organisations palestiniennes à Gaza et le Hezbollah au Liban- et les décrit comme faisant partie de sa stratégie de défense et de réplique, en cas de confrontation avec Israël et les Etats-Unis.
  • A l’intérieur, la puissance croissante des Gardiens de la Révolution leur donne le pouvoir d’influencer de plus en plus la politique étrangère et, principalement, d’exporter la révolution par des moyens encore inédits dans le passé. Les Commandants en chef de sa force d’élite émergent de l’ombre et ils auront un rôle-clé dans le combat à venir contre les Etats-Unis et les alliés qui leur reste dans la région, particulièrement, Israël. L’Iran, comme le déclare son Président, est prêt pour « la confrontation finale »…
Le débat animé en Israël et en Occident, au sujet d’une éventuelle attaque contre les installations nucléaires de l’Iran, suscite, naturellement, un vif intérêt en Iran. Dans un premier temps, les cercles dirigeants iraniens ont choisi de ne pas réagir et n’ont fait que des déclarations mineures, à propos de ces discours de guerre. Mais, dès la publication du rapport de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA) de novembre 2011, 1, qui met la dimension militaire du programme nucléaire iranien et ses projets de fabrication d’armes nucléaires sous les feux de la rampe, des personnalités importantes du régime et les médias d’Etat ont commencé à faire usage d’un langage menaçant, défiant et parfois, méprisant envers Israël, les Etats-Unis et le Président de l’AIEA, Yukiya Amano, que le Président Mahmoud Ahmadinedjad a décrit comme un « laquais de l’Amérique » n’ayant « aucune autorité par lui-même » 2. L’Ambassadeur d’Iran à l’AIEA, Ali Asghar Soltanieh a déclaré : « Ce rapport est déséquilibré, non-professionnel et préparé sous le coup de motivations politiques et sous la pression politique, venant principalement des Etats-Unis… Il s’agit, en fait, d’une erreur historique fondamentale » 3. Parallèlement, des porte-parole et commentateurs iraniens ont insisté sur la puissance de l’Iran, sa capacité à réagir de façon « décisive » (y compris le long des frontières d’Israël) et sur sa capacité a faire face aussi bien aux sanctions qu’à une offensive militaire.
« La Confrontation finale »
De toutes les déclarations iraniennes, l’une d’entre elles, faite par Ahmadinedjad, ressort du lot. Au cours d’une rencontre avec des fidèles, il a dit : « L’Occident mobilise toutes ses forces pour terminer le travail, parce qu’il est clair comme le jour que l’OTAN a le désir ardent de passer à l’action contre l’Iran ». Il a ajouté, dans un esprit apocalyptique et messianique, que les conditions qui prennent forme dans la région ne sont pas normales (une allusion à l’Imam Mahdi) 4 et que « nous somme tout proches du point de confrontation finale ». Une telle confrontation, a-t-il expliqué, ne sera pas nécessairement militaire et pourrait prendre une dimension politique ou autre. Ahmadinedjad a souligné que l’Iran était presque au summum de sa puissance, mais pourrait, s’il n’est pas réellement résolu à le démontrer, essuyer un coup duquel il ne se remettrait pas pour, au moins cinq cents ans. Il a aussi mis en garde que toute attaque de l’OTAN sur la Syrie provoquerait une explosion régionale5.
 L’Iran ne fait pas qu’observer la crise provoquée par le rapport de l’AIEA, mais, également, les changements au Moyen-Orient et le rôle qu’il y joue. Le 4 novembre, l’Iran a commémoré l’anniversaire de la prise de l’Ambassade américaine à Téhéran, en 1979 (en plein milieu du débat sur l’éventualité d’une attaque occidentale). Effectivement, l’Iran perçoit les soulèvements au Moyen-Orient et les tendances islamiques croissantes (avec la Tunisie comme exemple), comme une preuve supplémentaire de la (D .ivine) Justice de sa Cause. Elles s’ajoutent à une série de « glorieux » accomplissements, selon la façon dont l’Iran les perçoit, après une décennie de retraits israéliens, du Liban, la seconde Intifada, les guerres en Afghanistan ( le coup dur porté aux Talibans) et en Irak (la chute de Saddam Hussein), la seconde guerre du Liban, et l’opération israélienne de 2009 à Gaza. 
Arrogance?
Selon la position de l’Iran, une confrontation qu’il dirigerait contre les Etats-Unis et Israël servirait ses objectifs dans la région et renforcerait son image comme l’acteur qui se dresse fermement contre les puissances occidentales et ne se soumet pas aux pressions. S’il subsistait la moindre chance que Téhéran accorde des concessions, lors de discussions sporadiques avec l’Occident, concernant son programme nucléaire, la tourmente moyen-orientale a, désormais, rendu tout compromis plus qu’impossible. Qui plus est, étant donné le rapport sévère de l’AIEA, plus critique que par le passé et fournissant plus de détails sur les aspects militaires de son programme nucléaire, un compromis a, pour ainsi dire, cessé de constituer une option pour l’Iran, qui affiche délibérément sa défiance à la lumière des évolutions moyen-orientales et mondiales.
Téhéran se sent aussi encouragé par les prises de position de la Russie et de la Chine, qui lui garantissent (aux côtés de son client, la Syrie) l’immunité contre toutes sanctions cinglantes de la part du Conseil de Sécurité. Plus spécifiquement, l’Iran se sent encouragé, en ce qui concerne sa capacité à faire face aux sanctions, par les déclarations de la Russie, depuis la publication du rapport de l’AIEA6 (qui ont fait de plus fréquentes mentions de la réaction de l’Iran aux conclusions du rapport). Ainsi l’Iran exhibe sa confiance en elle – confinant parfois à l’arrogance – et se prépare à prendre des risques, jusqu’au point de tenter d’assassiner l’Ambassadeur saoudien aux Etats-Unis et, par là, d’importer le théâtre moyen-oriental en plein Washington.
Une interview d’Ahmadinedjad, qu’il a accordée en début novembre au journal égyptien Al-Akhbar reflète avec acuité l’interprétation iranienne des récentes évolutions moyen-orientales et les dangers auxquels il est confronté. « Les Etats-Unis, a affirmé Ahmadinedjad, cherchent effectivement, à attaquer l’Iran, comme le souhaitait le Président Bush, mais quelle énorme différence il y a, entre le destin de Bush et le statut dont jouit l’Iran aujourd’hui!… L’Iran devient un pays de plus en plus avancé et, par conséquent, il est en mesure de contrebalancer et de contenir les puissances globales… L’entité Sioniste et l’Occident, et, plus particulièrement, les Etats-Unis, craignent la puissance de l’Iran et son rôle (croissant) et, ainsi, ils tentent d’enrôler le monde dans une bataille visant à contenir et à réduire son pouvoir et son rôle… Ils doivent savoir que l’Iran ne tolérera pas une telle évolution ».
Le Président iranien a prétendu, un peu plus tard, que « les Etats-Unis « avaient pour but d’assurer la sauvegarde de « l’entité sioniste”, mais qu’ils échoueraient dans cette entreprise, parce que cette entité n’avait aucune place au Moyen-Orient et qu’elle était destinée à l’extinction. Si, suggère Ahmadinedjad, les peuples de la région devaient tenir, entre eux, un référendum concernant l’existence de l’entité sioniste, il est évident que le résultat serait : « Cette entité peut être comparée à un rein transplanté dans un corps qui le rejette… Il n’a aucune place dans la région et les pays d’ici s’en débarrasseront et l’expulseront de la région… Elle s‘effondrera et sa fin est proche 7 “.
L’Iran continue de projeter de devenir une puissance militaire, politique et économique dans la région, et il perçoit la focalisation israélienne et américaine sur l’éventualité de l’attaquer comme destiné à éroder son statut en progression dans le Moyen-Orient en pleines transformations, et, aussi, comme une manifestation de la perte de l’Occident des piliers de sa puissance dans la région. La propagande iranienne prétend que les débats sur une attaque contre lui ne sont pas sérieux, « parce qu’aucune option de ce genre n’existe réellement » et que le véritable but de ces discussions est seulement d’encourager à voter des sanctions plus fermes – avec des chances minimes d’emporter la conviction, étant donnée la position russe et chinoise.
Un bluff politique et militaire.
Dans un éditorial qui analyse le discours commentant un attaque contre l’Iran (citant le Ha’aretz, le Guardian et le Président Shimon Peres), l’agence de presse conservatrice iranienne Mehr a évalué que « les Israéliens tentent de mettre en scène l’imposition de sanctions plus strictes contre l’Iran ». Mehr observe que : « Au cours des jours qui viennent de s’écouler, les émmisions des médias occidentaux ont généré un brouhaha, à propos de l’éventualité que le régime sioniste puisse lancer une frappe militaire unilatérale contre l’Iran ». L’article fait remarquer que : « Israël a récemment testé le tir d’un missile balistique, dont la capacité est destinée à toucher l’Iran » et que «  L’armée israélienne, qui est, d’ordinaire, secrète sur ses activités, a autorisé les gens des médias à faire des reportages sur cet évènement ».
L’éditorial conclut en disant : “Il est clair qu’une attaque contre l’Iran n’est pas une option viable pour Israël » et il offre plusieurs raisons pour l’expliquer :
(1) Ils savent pertinemment qu’une frappe n’arrêtera pas le programme nucléaire iranien.
(2) Même les stratèges israéliens et américains qui pensent qu’une frappe pourrait retarder le programme nucléaire iranien, disent qu’une telle frappe ne retarderait le programme nucléaire iranien que de deux ans, et que, de ce fait, cela ne vaudrait pas la peine de déclencher des troubles pour entamer une guerre contre l’Iran.
(3) Toute attaque contre l’Iran ne ferait que renforcer la cohésion nationale de l’Iran
(4) L’Iran a démontré qu’il est totalement préparé à parer à toute menace militaire et qu’il est capable de s’impliquer dans des pays de la région et au-delà, au cours de toute possible guerre.
(5) Les responsables américains et israéliens du renseignement ne pensent pas que le programme nucléaire iranien est leur menace n°1. Ils savent que le « Printemps arabe » est un danger bien plus grand pour leurs intérêts.
Alors, quelle peut bien être la raison qui se cache derrière le nouveau jeu politique en direction de l’Iran?
Il semble que les Israéliens essaient de mettre en scène les conditions pour l’imposition de sanctions plus strictes contre l’Iran, mais que l’obstacle le plus important est, en fait constitué de la Russie, de la Chine et de plusieurs membres de l’Union Européenne, qui sont farouchement opposés à de nouvelles sanctions.
Toute cette rhétorique de guerre est utilisée pour forcer la main de ces pays et les contraindre à cesser de s’opposer  à l’imposition de nouvelles sanctions au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, contre l’Iran, qu’ils préfèrent au déclenchement d’une guerre dangereuse, qui pourrait avoir de sérieuses répercussions pour le monde 8″.
Dans  un esprit similaire, Esmaeil Kowsari, adjoint au Président de la Sécurité Nationale et de la Commission de politique étrangère du Majlis, déclare que :  » les menaces récentes, faites par des responsables des Etats-Unis et du régime sioniste constituent un bluff politique et militaire. Le régime sioniste et les Etats-Unis ne sont pas en position d’attaquer l’Iran.. Les Etats-Unis et le régime sioniste sont retenus par une peur intense et de grandes préoccupations, quant aux évolutions régionales dans la région et dans le monde. Et, après avoir perdu leurs bastions et intérêts illégitimes dans les pays de la région, ils tentent de s’extraire de cette situation 9″.
Une diplomatie active
Au milieu de la campagne des medias israéliens, à propos d’une éventuelle attaque contre les installations nucléaires de l’Iran, les commentateurs des publications conservatrices proches du pouvoir iranien ont appelé les dirigeants du pays à adopter une diplomatie active pour la contrer. Derrière cette « obscure » campagne, prétendent-ils, il faut lire la crainte d’Israël que les évolutions au Moyen-Orient aient retiré la question du nucléaire de l’agenda occidental et que les courants ne soient pas favorables à Israël. Ainsi, prétendent ces commentateurs : « Israël utilise une tactique consistant à tenter de faire peur au monde et d’attirer l’attention sur ce problème nucléaire, en espérant ainsi accroître la pression sur la Russie et la Chine, pour qu’elles soutiennent des sanctions supplémentaires au Conseil de Sécurité. Ceci, du point de vue de ces observateurs, constitue essentiellement une guerre psychologique menée par Israël et l’Occident et ne résulte pas d’une intention réelle d’attaquer l’Iran ».
Ils arguent, ensuite, que l’Iran a besoin de tenir deux positions claires face au monde : d’abord, il devrait souligner qu’aucune attaque militaire contre ses installations nucléaires ne profitera aux assaillants, parce que ces sites sont dispersés et souterrains. Deuxièmement, il devrait déclarer qu’en cas d’attaque, même si elle ne parvient pas à endommager ces installations, elle sera considérée comme un acte d’agression et une violation des conventions internationales, et, par conséquent, l’Iran quittera le Traité de Non-Prolifération (TNP) et n’aura plus d’obligation envers l’AIEA, ni de tolérer la présence d’inspecteurs atomistes. Selon les commentateurs, une telle menace aurait un impact important. Et, ensuite, afin de neutraliser la guerre psychologique, l’Iran devrait épouser une diplomatie active et faire comprendre ses positions aux autres états comme la Russie et la Chine10. D’autres commentateurs ont suggéré de mettre étape par étape l’initiative russe, sur l’agenda 11.
Une réplique écrasante
Des responsables militaires et religieux iraniens de haut rang, des commentateurs ont adopté le langage de la menace, mettant en garde du fait que l’Iran réagira avec une grande sévérité à toute attaque contre lui.
  • Le Guide Suprême l’Ayatollah Khamenei : “Les forces du CGRI et du Bassij (volontaires) répliqueront à toute agression par une gifle cinglante et un poing d’acier que ‘nos ennemis, les Etats-Unis, ses alliés, et le régime sioniste, en particulier, devraient prendre en considération. La nation iranienne n’a l’intention d’attaquer aucun pays ni aucune autre nation, mais réagira plutôt avec force à toute agression ou menace, jusqu’à ce que les agresseurs et les assaillants s’effondrent de l’intérieur… La nation iranienne ne restera pas les bras croisés en observatrice des menaces de ces puissances matérialistes absurdes… Il n’y a qu’une nation disposant d’un pouvoir stable d’auto-défense qui puisse survivre dans ce monde où… malheureusement, les relations entre les nations et pays sont fondées sur la force des armes12 ».
  • Le Ministre de la Défense Ahmad Vahidi a déclaré que tout acte hostile quelconque contre l’intégrité du territoire de l’Iran serait confronté à une réplique ferme et rapide et à une réponse écrasante de ses forces armées » 13.
  • Yadallah Javani, chef du politburo du CGRI (Gardiens de la revolution), a déclaré que : “Si le régime sioniste commet une telle erreur [comme d’attaquer l’Iran], cela signifierait qu’il vient d’entamer les derniers jours de son existence, puisque la République d’Iran est un pays puissant et fort capable de défendre l’intégrité de son territoire et ses intérêts à travers le globe, particulièrement au Moyen-Orient… La République Islamique d’Iran dispose de moyens et de possibilités dans des zones très rapprochées du régime sioniste et peut facilement apporter une riposte à Israël pour que ses dirigeants se repentent de leur action » (souligné par nous).
  • Javani  aussi pointé du doigt les « échecs successifs et les défaites » de l’armée israélienne, au cours de la guerre de 33 jours au Liban, à l’été 2006, ainsi que les 22 jours d’offensive à Gaza, durant l’hiver 2008-2009, et il en a déduit qu’Israël n’est pas assez fort pour se permettre de menacer l’Iran 14
  • L’adjoint du chef d’équipe des affaires culturelles et de la propagande pour la défense, le Général de Brigade Massoud Jazayeri, a déclaré que l’Iran ne se laisserait pas menotter face à l’agression ennemie. Le site nucléaire de Dimona et d’autres parties d’Israël sont à portée des missiles iraniens. « La cible la plus facile à atteindre pour les capacités militaires iraniennes est le réacteur (nucléaire de Dimona)… Nos capacités et nos tactiques de défense pousseront définitivement les ennemis, y compris les Etats-Unis et les Sionistes, à se repentir. Tel Aviv sait pertinemment que le moindre geste contre l’Iran mènera à la disparition totale de l’existence de cette entité… Si des colonnes de fumée s’échappent de nos installations nucléaires, alors cette fumée pourrait aussi bien s’élever au-dessus d’autres installations en d’autres endroits… Nos renseignements militaires, informés des intentions, faits et gestes de nos ennemis, sont bons et suffisants» 15.
  • L’Ayatollah Seyed Ahmad Khatami, un membre de l’Assemblée des exeprts, a affirmé : “Aujourd’hui, l’Iran est puissant, fort et plein de ressources, et il répliquera contre tout complot de manière si puissante que cela servira de leçons aux autres.16 ». Un autre membre de la même assemblée, Hossein Ebrahimi, a averti que « avant [d’être capable de lancer] une action quelconque contre l’Iran, les Israéliens sentiront notre colère au coeur même de Tel Aviv ». Ebrahimi «  a évalué les capacités militaires d’Israël durant la Seconde Guerre du Liban et les trouvées faibles ». Il a déclaré : « Les Israéliens sont entrés en guerre avec toutes les capacités dont ils disposaient, mais n’ont rien obtenu d’autre que l’humiliation… Je ne pense pas que les Israéliens, aux côtés des Américains et des Britanniques commettront une telle folie… Si cette menace se réalise, ils découvriront la puissance politique des institutions iraniennes, la solidarité de la nation iranienne et la force du pays » 17. Un autre membre de l’Assemblée des Experts, Mahmoud Alavi a dit : « Washington et Tel Aviv sont avertis du fait que leurs menaces anti-iraniennes, s’ils les mettaient en pratique, leur coûteraient très cher, et donc, qu’ils ne souhaiteraient pas s’engager dans une telle folie ». Il a ajouté que les Etats-Unis et Israël savent que de telles menaces vides de sens ne peuvent intimider l’Iran et, ils savent aussi qu’ils subiront des représailles écrasantes si jamais ils attaquaient la République Islamique18
Sont particulièrement à signaler les déclarations fortes de Sadollah Zarei, du journal Kayhan, qui reflète les conceptions du Guide de l’Iran. Zarei a prétendu qu’il est très improbable qu’Israël ait le moindre plan pour attaquer l’Iran ou même, de prendre part à une attaque plus collective ; les conditions régionales et les capacités d’Israël ne le lui permettent pas. « L’Iran est trop grand pour  que le régime sioniste le menace ». « Quatre missiles iraniens conventionnels, affirme Zarei, suffiront à causer un million de réfugiés sionistes, alors que même si Israël tire une centaine de missiles sur l’Iran, à peine quelques habitations seront démolies ». Il insiste sur le fait que la puissance de l’Iran et ses capacités en missiles balistiques peuvent provoquer une défaite totale à Israël et ajoute : « Le tir de missiles n’impliquera pas de dépenses considérables au budget national, parce que l’Iran vend ses missiles dans 35 pays du monde et fabrique ses propres missiles opérationnels grâce au profit de ces ventes. D’où, avec très peu d’argent, il sera possible de détruire Tel Aviv et les territoires occupés 19 »
« La prochaine grosse affaire »
En résumé, on devrait envisager l’actuel cycle du conflit entre l’Iran, les Etats-Unis et Israël autour du problème nucléaire iranien comme une nouvelle épreuve de force dans une campagne bien plus vaste, celle qui  est centrée sur le façonnement d’un nouveau paysage, dans un Moyen-Orient qui est encore en plein bouleversement. L’Iran se perçoit comme la « prochaine grosse affaire » dans la région et se comporte conformément à cela – pour le moment, sans réponse significative de la part des Etats-Unis et de l’Occident. Le rapport de l’AIEA de novembre 2001 augmentera probablement la pression sur l’Iran pour un temps et conduira à des mesures limitées contre lui. Il apparaît, en analyse ultime, cependant, que l’approche à reculons du système international, bien qu’il dise vouloir se servir du rapport de l’AIEA afin de déclencher des sanctions « paralysantes » (principalement contre les secteurs bancaires et énergétiques de l’Iran) et en vue d’un nouveau cycle de discussions avec l’Iran (la proposition russe ?), sera, une nouvelle fois, contrecarrée par la Russie et la Chine, qui agiront pour pondérer toute mesure coercitive.
Etant donné son évaluation de l’équilibre des pouvoirs régionaux et internationaux, l’audace de l’Iran s’accroit, même dans des zones distantes du Moyen-Orient (comme l’a révélé son recrutement d’un Cartel de la drogue mexicain pour monter un complot d’assassinat contre l’Ambassadeur saoudien). Au Moyen-Orient, lui-même, la perception de l’Iran est que les barrages ont sauté. Si, dans le passé, il a tenu secrets ses contacts avec des mouvements islamiques sur le sol soudanais (tels que Ennahda, qui a, à présent, remporté les élection tunisiennes), ils peut désormais affirmer son influence dans des pays où « Les dictateurs soutenus par les Etats-Unis » sont tombés. Iran ne craint plus de reconnaître ouvertement qu’il a construit des capacité pour réagir à une attaque – dont les organisations palestiniennes à Gaza et le Hezbollah au Liban – et les décrit comme faisant partie intégrante de sa stratégie défensive et de réplique en cas de confrontation avec Israël et les Etats-Unis.
Tenir tête aux Etats-Unis et à Israël, concernant la question nucléaire sert bien les intérêts iraniens dans la rue arabe, qui était et demeure hostile à ces deux pays. Alors que l’Islam regagne son emprise sur le Moyen-Orient, après des années où il a été réprimé (ou contenu) par les régimes arabes, la confiance en elle-même de l’Iran grandit et elle lui laisse penser qu’il est en position de déterminer la nouvelle équation des pouvoirs dans la région et d’en expulser les Etats-Unis, autant qu’Israël.
A l’intérieur, la force croissante des gardiens de la révolution – qui jouent un rôle central en ce qui concerne les politiques intérieures de l’Iran autant que son programme nucléaire, sa protection, ses conditions de survie et de sécurité, ainsi que des missiles qui sont éventuellement supposés véhiculer les ogives nucléaires – leur permet d’influencer de façon croissante la politique étrangère et d’exporter la révolution de manière plus audacieuse  et par des voies inaperçues par le  passé. Effectivement, tout récemment, Kayhan a publié un aveu (autrefois) extraordinaire, disant que les forces Qods des gardiens de la révolution avaient déjà affronté, plusieurs fois, les forces américaines en Irak, en Afghanistan et ailleurs.
La force Qods est plus qu’une force opérationnelle active ; c’est une idéologie qui ne reconnait pas de frontières, une vision du monde, dont les principes et croyances sont en conflit frontal avec la culture occidentale… Depuis qu’ils ont conquis l’Irak et l’Afghanistan et qu’ils sont entrés dans la région, les Etats-Unis ont fait l’expérience, plus que jamais, du goût de la confrontation avec les forces Qods, aussi profondément et de façon tangible que possible. L’appréciation américaine de la puissance régionale de l’Iran est principalement basée, et peut-être exclusivement, sur l’expérience des affrontements avec la Force Qods (souligné par nous) 20.
Asr-e Iran écrit aussi ouvertement au sujet de la présence active de la Force Qods en Irak, et de sa contribution au renforcement du statut de l’Iran, au détriment de l’ Arabie saoudite 21
A la lumière de l’implication de la Force Qods dans la planification de l’attentat contre l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Washington, en ont découlé des suggestions américaines visant à assassiner des personnages de haute lignée de la Force Qods, y compris son Commandant suprême, Kassem Suleimani. Cela a déclenché une vague d’adulation pour la Force et ses dirigeants, dans les médias iraniens. Ils sont perçus comme jouant et destinés à jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les Etats-Unis et Israël. Le nom de Suleimani‘ a également été récemment mentionné en tant que candidat pour les prochaines présidentielles en Iran (en 2013). Le précédent commandant de la Force Qods, Ahmad Vahidi, est, actuellement Ministre de la Défense. L’Iran se voit, effectivement, comme parfaitement préparé à la confrontation finale.
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Notes
1.  http://isis-online.org/uploads/isis-reports/documents/IAEA_Iran_8Nov2011.pdf.
2. http://tehrantimes.com/index.php/politics/4346-iran-will-make-us-regret-its-opposition-ahmadinejad-.
3. http://www.presstv.ir/detail/209099.html.
4. Part of the revolutionary leadership believes that the imminent return of the Twelfth Iman-as the Mahdi-can and should be accelerated by triggering global chaos. See Dore Gold, « The Diplomatic Implications of the Growing Iranian Threat, » in Iran’s Race for Regional Supremacy: Strategic Implications for the Middle East (Jerusalem: Jerusalem Center for Public Affairs, 2008), p. 20.
5.  http://www.fararu.com/vdceex8o.jh8eni9bbj.html.
8. http://www.mehrnews.com/en/NewsDetail.aspx?NewsID=1454640.
9.  http://tehrantimes.com/index.php/politics/4288-mp-dismisses-israel-threats-as-political-bluff.
D8%A7%D8%B3%DB%8C.%D9%85%D8%A7.%D8%A8%D8%A7%DB%8C%D8%AF.%D9%81%D8%B9%D8%
A7%D9%84.%D8%B4%D9%88%D8%AF.html.
11.http://www.khabaronline.ir/print/182230/%D8%A7%DB%8C%D8%B1%D8%A7%D9%86-%D9%88-%D8%A7%D9%85%D8%B1%DB%8C%DA%A9%D8%A7-%D8%AA%D8 %AD%D8%B1%DB%8C%D9%85-%D8%A7%D9%82%D8%AA%D8%B5%D8%A7%D8%AF%DB%8C-%D8%A2%DA%98%D8%A7%D9%86%D8%B3-%D8%A8%DB%8C%D9 %86-%D8%A7%D9%84%D9%258.
12. http://www.irna.ir/ENNewsShow.aspx?NID=30656629&SRCH=1
13. http://www.javanonline.ir/vdcdks0ozyt0kn6.2a2y.html.
14. http://www.farsnews.com/newstext.php?nn=13900817000865.
15. http://www.abna.ir/data.asp?lang=3&id=277456
16. http://english.farsnews.com/newstext.php?nn=9007272486.
17. http://english.farsnews.com/newstext.php?nn=9007272258.
18. http://www.presstv.ir/detail/208798.html.
19. http://www.farsnews.com/newstext.php?nn=13900814001095.
20. http://www.kayhannews.ir/900814/2.htm.
D8%B2-%D8%B3%D9%BE%D8%A7%D9%87-%D8%AF%D8%B1-%D8%A8%D8%B1%D8%A7%D8%A8%D8%B1-%D9%87%D8%AC%D9%85%D9%87-%D9%87%D8%A7%DB%8C-%D8%AE%D8%A7%D8%B1%D8%AC%DB%8C%D8%A8%D8%B1%D8%A7%D8%A8%D8%B1-%D9%87%D8%AC%D9%85%D9%87-%D9%87%D8%A7%DB%8C-%D8%AE%D8%A7%D8%B1%D8%AC%DB%8C.
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IDF Lt.-Col. (ret.) Michael (Mickey) Segall, expert des problèmes stratégiques centrés sur l’Iran, le Terrorisme et le Moyen-Orient, est analyse confirmé au Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (Jerusalem Center for Public Affairs).

Adaptation : Marc Brzustowski.

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