lundi 26 mars 2012

Décryptage des bobards et de la désinformation autour des attentats de Montauban et de Toulouse.

11 mars 2012, 15 mars 2012 et 19 mars 2012, trois dates qui jalonnent les tueries de Toulouse et de Montauban.
Bien antérieurement, le hasard du calendrier avait programmé la cérémonie des Bobards d’Or organisée par la Fondation Polémia, pour le 20 mars, soit vingt quatre heures après les terribles événements. Dans son allocution d’ouverture, Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation, incitait à la prudence et rappelait les manipulations qui avaient suivi l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic et la profanation du cimetière juif de Carpentras.
Hé bien, comme on pouvait s’y attendre, il n’a pas été entendu et ça n’a pas raté. Ce fut un véritable embrasement : dans l’emballement bien connu, les médias, les politiques, les ligues de vertu… se sont déchainées et les bobards ont fusé de partout.
Tentons de décrypter tous ces bobards et plus généralement la désinformation, au jour le jour.
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Dimanche 18 mars : la piste néo-nazie
La France s’interroge sur le meurtre d’un parachutiste, à Toulouse, puis de trois autres, à Montauban. Les hypothèses sont nombreuses : vengeance privée, trafics, action terroriste d’une organisation étrangère, opération de déstabilisation, action antimilitariste, attentat raciste, voire néo-nazi. C’est cette dernière hypothèse qui a la faveur des médias et de l’oligarchie. Ils soulignent l’origine musulmane des soldats assassinés, même si l’une des victimes est un Berbère, catholique pratiquant. Les médias font grand cas d’un témoignage selon lequel le meurtrier aurait le visage tatoué. A une exception près, Radio Courtoisie dans son Bulletin de réinformation du lundi matin, les médias n’émettent la moindre réserve sur les hypothèses avancées.

Lundi 19 mars : la piste raciste et antisémite se précise
Le meurtrier tue trois enfants et un professeur de religion devant une école juive intégriste de Toulouse. C’est le déchaînement médiatique.
Bernard-Henri Lévy donne le ton
« Avis aux pyromanes de la défense d’une “identité nationale” (…) il n’y a pas pire atteinte à notre culture, à l’âme de notre pays, à son Histoire et, au fond, à sa grandeur que le racisme et, ce matin, l’antisémitisme. » (Huffingtonpost)
Les télévisions précisent le portrait-robot du tueur :
  • « Un homme de type caucasien ou européen » pour M6
  • « Les yeux bleus sur un visage blanc » pour TF1
  • « Un Blanc aux yeux bleus » pour France 2
Ah ces salauds aux yeux bleus !

Sur Canal + le président de la Licra, Alain Jacubowicz, enfonce le clou. Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, déclare : « La France vient de vivre les événements racistes les plus graves depuis 30 ans. » L’Union des étudiants juifs de France défile derrière une banderole où il est écrit : « En France, on tue des juifs, des noirs et des arabes ». Le Conseil représentatif des institutions juives de France en fait immédiatement le titre d’un des articles de son site Internet.
Amalgamons, amalgamons !
Buffet, Bayrou, Lepage se lâchent et offrent un véritable concours de formules : « pyromanes de l’identité française », « climat de haine », « climat de tension », « intolérance » ; et de dénoncer pêle-mêle « ceux qui montrent du doigt en fonction des origines » et « libèrent la parole raciste ». Plus sobre, Mélanchon twitte : « Toulouse : Brasillach est servi. »

Mardi 20 mars : le festival de désinformation continue
Mme Yardeni, qui a confié à la police les images des caméras de surveillance de l’école Ozar Hatorah, déclare : « On y voit un homme casqué, déterminé, efficace au sens nazi du terme. »
Dans Le Parisien un criminologue étale sa science : « Le choix des victimes, trois hommes d’origine maghrébine, un autre des Caraïbes, ainsi que quatre personnes de confession juive, indique très probablement que le criminel est raciste, antisémite et épouse probablement des thèses extrêmes, néonazies. »
Beaucoup de médias évoquent Anders Breivik, le terroriste norvégien, en oubliant de rappeler son militantisme pro-sioniste, pourtant à l’opposé de tout antisémitisme.
Et le Grand-Orient de France donne son éclairage philosophique
« Voilà des années que nous dénonçons les propos qui attisent les haines au sein de la communauté nationale et que nous combattons un nationalisme rampant et destructeur, comme a pu le vivre la France dans les années 1930. »
La Fondation Polémia met en garde contre les manipulations possibles
A l’occasion de la Troisième Cérémonie des Bobards d’Or, la Fondation Polémia incite à la prudence (voir plus haut).
Mercredi : patatras, l’assassin est un islamiste !
Les journaux satiriques commencent bien la journée : pour Le Canard enchaîné : « Le tueur de Toulouse sent le nazi. » La Une de Charlie Hebdo montre une caricature de Jean Marie Le Pen à qui l’on prête ces mots : « Tuerie antisémite de Toulouse, c’est un point de détail de la campagne ».
Mais les faits démontent ces belles analyses. Depuis trois heures du matin la police fait le siège de l’appartement de Mohamed Merah, un islamiste d’origine algérienne, revenu du Pakistan et d’Afghanistan.
Nicolas Chapuis, journaliste au Nouvel Observateur, commente l’affaire sur twitter : « Putain ! Je suis dégoûté que ce ne soit pas un nazi ! »
Le CRIF refuse « tout amalgame »
Le CRIF précise qu’en raison des derniers développements de l’actualité, il a décidé d’annuler la marche silencieuse qu’il avait prévue dimanche 25 mars 2012 à Paris, manifestation qui devait être conduite avec les autorités musulmanes dans une logique de stigmatisation des Français de souche. Le CRIF résume sa position : « Toulouse : condamnation unanime, mais refus de tout amalgame. »
« Pas d’amalgame » et « pas de stigmatisation », tels sont désormais les mots qui tournent en boucle.
Le ton de la presse change : hier on parlait d’enfants juifs et de soldats d’origine maghrébine. Mais l’assassin, lui, est présenté comme « un jeune homme », un « jeune Français », un « jeune Toulousain ».
Jeudi 22 mars : émotion et propos liberticides
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, part enterrer les quatre victimes de l’école Ozer Hatorah en Israël. Nicolas Sarkozy rend hommage aux soldats français tués. François Bayrou, Eva Joly, François Hollande, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen sont présents.
Après un feu nourri d’une minute trente, Mohamed Merah est tué d’une balle dans la tête par un tireur d’élite du RAID.
Et Nicolas Sarkozy annonce des mesures liberticides
Avant même que les obsèques des paras tués à Toulouse et Montauban soient célébrées, Nicolas Sarkozy, sur le perron de l’Elysée alors que la dépouille du tueur est à peine refroidie, invente un nouveau délit pénal sur lequel il compte légiférer « Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine sera punie pénalement. » Fin de citation. Pour l’avocat Cédric Manara, spécialiste des questions juridiques touchant à Internet, la création de ce nouveau délit est tout simplement absurde puisque, selon lui : « Les personnes qui sont susceptibles de fréquenter des sites (…) terroristes, se sachant surveillées, ont déjà basculé vers une navigation cryptée du type Tor ou VPN. » On pourrait ajouter qu’un tel « délit » mettrait en cause le principe même des libertés individuelles.
Il s’agit d’un véritable renversement en matière de système accusatoire…
Dans le droit français actuel, seuls sont sanctionnés ceux qui diffusent et enregistrent, et non ceux qui lisent. « Ce type d’annonce à chaud, juste à la sortie d’un événement grave, rappelle la naissance du Patriot Act aux Etats-Unis, commente Cédric Manara. Après les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain avait alors justifié la mise en place d’un arsenal très dur de contrôle d’Internet par la nécessité de lutter contre le terrorisme. » L’avocat dénonce un risque de « bascule totalitaire comme en Arabie Saoudite ou en Chine : on se lance dans le deep packet inspection, et on embauche des milliers de fonctionnaires pour assurer la censure du net ». L’offensive sur le net avait déjà commencé, entre autres avec l'accord ACTA sur la contrefaçon. Pour le pouvoir, les événements de Toulouse et de Montauban tombent à point nommé pour tenter de tordre le cou au dernier espace de liberté de notre pays.
Vendredi 23 mars : Mohamed Merah, un garçon calme et gentil ?
Les médias de l’oligarchie dressent le portrait de l’assassin islamiste : « un garçon calme et gentil » pour RTL, Europe1, l’Express, Le Point, Le JDD, Le Télégramme de Brest, La Dépêche du Midi, Libération, Le Monde, Le Figaro.
Pour Le Figaro c’est « un jeune carrossier ». « Passionné de moto et de football comme la plupart des jeunes de sa cité », jugé « calme, gentil et respectueux », par un de ses proches, il a « une réputation de bon travailleur ».
N’en jetez plus ! La cour est pleine !
Pour Le Monde, ce « gamin des cités toulousaines » « a une beauté assez fascinante, selon son avocat », « un visage d’ange ».
En fait une petite racaille ?
Comme il en existe des dizaines de milliers dans les banlieues de l’immigration !
Caillasseur de bus, amateur de rodéos automobiles, voleur de portables, voleur de motos, voleur avec violence, habitué à proférer des menaces de mort, à vingt-trois ans, il affiche déjà un beau palmarès pour un « petit » délinquant multirécidiviste.
Bilan de la semaine : le dessous des cartes apparaît
Bernard Squarcini, le chef policier qui commande la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, fait des révélations dans Le Monde du 24 mars : il explique que la police a privilégié deux pistes : celle des islamistes et celle de « l’ultra-droite ». Une simple question : pour des raisons politiques ou pour des raisons policières ? La question se pose. Le Monde révèle ainsi que l’état-major de campagne du candidat Sarkozy s’interrogeait jusqu’à mardi pour savoir quelle était électoralement la meilleure hypothèse : « l’ultra-droite » ou les islamistes.
Et le colonel Prouteau critique les choix des policiers pour neutraliser l’assassin
Le colonel de gendarmerie Prouteau, fondateur du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) critique longuement, dans Ouest France, l'opération du Raid à Toulouse, « menée sans schéma tactique précis », s'étonnant notamment de l'absence d'utilisation de gaz lacrymogène. http://www.lefigaro.fr
Alors qu'on lui demande s'il est étonné que l'opération du Raid, unité concurrente du GIGN, se termine par la mort de Mohamed Merah, Prouteau répond : « Oui. Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ? »
« Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène », assure-t-il. « Il n'aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tours de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l'a incité à continuer sa “guerre”. »
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On laissera la conclusion à Malika Sorel-Sutter :
« Un nombre non négligeable de Français d’origine maghrébine se sentiront d’emblée plus proches de n’importe quelle autre personne d’origine arabe se trouvant à l’autre bout du monde, que du Français d’origine européenne qui vit pourtant à côté de chez eux ; cela pour la simple raison qu’ils partagent un immense héritage commun. La notion de Nation arabe a un sens. Se sentir y appartenir recouvre une réalité à part entière, tout aussi respectable que celle d’appartenir à toute autre nation. C’est la raison pour laquelle les conflits qui impliquent les peuples arabes sont vécus avec autant d’intensité et d’émotion dans les banlieues françaises. » […]
Malika Sorel est membre du Haut Conseil à l'intégration
Polémia
24/03/2011

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