mercredi 17 octobre 2012

Débat Obama-Romney

Nous vous proposons de revenir sur le débat Obama/Romney d’hier avec les analyses de plusieurs intervenants, inutile de préciser que nous avons parcouru la presse et que nous en avons extrait ce qui nous a semblé le plus pertinent.

Rappel avec David d »antagoniste à la suite du premier débat
À l’exception de Barack Obama, le reste de la planète sait que Mitt Romney a servi une raclée mémorable au président sortant lors du premier débat.
En fait, cette raclée est, selon la maison de sondage Gallup, historique, car jamais dans le passé un candidat présidentiel n’a perdu un débat par une aussi grande marge. Selon Gallup, 72% des électeurs ont désigné Romney comme gagnant du débat (un record) alors qu’Obama a dû se contenter de 20% des appuis (aussi un record dans un débat à 2), pour une différence de +52 favorisant Mitt Romney (encore une fois un record). La marque à battre avait été établie par Bill Clinton dans le deuxième débat en 1992, il avait gagné avec une marge de +42.
Il reste encore deux débats dans la présente campagne et rien n’est encore joué pour Mitt Romney, mais, chose certaine, ce dernier est passé à l’histoire comme étant le candidat ayant le plus écrasé son adversaire lors d’un débat présidentiel ! Pas seulement un K.-O., mais un K.-O. historique pour Mitt Romney !
Ce qui avait eu pour conséquence de modifier quelque peu la donne.
Etat du terrain avant le deuxième débat
Avec Sil d’extremecentre
Sondage avant le 2ème débat
1) Gallup : Romney à 50% et Obama à 46%
Point de non retour ? Le dernier sondage Gallup montre que l’écart se creuse entre Obama et Romney parmi les electeurs potentiels
2) Les femmes se détournent d’Obama
Les sondeurs enregistrent une montée en puissance du vote féminin en faveur de Mitt Romney depuis le premier débat. A tel point que celui-ci se situe désormais dans les Etats clés pour l’election à 49% d’intentions de vote pour Obama et 48% pour Romney. On peut donc commencer à parler de débandade. le vote masculin se situant à 44% pour Obama et 52% pour Romney
3) Les juifs aussi
Avec 44% contre 40%, Mitt Romney devancerait désormais Barack Obama dans l’électorat juif américain pourtant traditionnellement démocrate
4) Et même chez les Hispaniques…
En l’espace d’un mois, en Floride, chez l’électorat hispanique, les intentions de vote en faveur de Barack Obama se sont érodées d’une manière spectaculaire, passant de 52% à 44%. Les intentions de vote en faveur de Mitt Romney passent quant à elles de 43% à 46%
5) Raz-de-marée pour Mitt Romney dans les milieux ruraux
Mitt Romney bénéficierait de 59% d’intentions de vote auprès de l’électorat des comtés clés du scrutin, contre 37% pour Obama qui enregistre de cette manière un recul de 10 points par rapport à 2008
6) Du coup les pétages de plombs se multiplient chez les Obamaniaques
Les menaces de mort à l’encontre du candidat Romney se multiplient sur twitter
7) Et l’équipe d’Obama commence à perdre ses nerfs
Ils attaquent la méthodologie des sondages, notamment ceux fournis par Gallup, maintenant qu’ils tournent à leur désavantage. Ah ! Ah ! Ah !
Le deuxième débat a eu lieu, qu’en est-il sorti ?
avec jcdurbant
Au lendemain d’un deuxième débat présidentiel où, multipliant les attaques verbales gratuites et les contre-vérités, un président sortant en chute libre dans les sondages suite au désastre du premier semble avoir réussi à donner le change …
Et où, malgré quelques erreurs tactiques (notamment le pinaillage inutile sur le temps ou l’ordre de parole) et le manque de précision sur certaines de ses propositions, son adversaire républicain a largement tenu sa place et surtout réussi à pointer l’indéfendable bilan du locataire actuel de la Maison Blanche …
Retour, sur l’évidente opération de dissimulation, pour ne pas dire mensonge y compris pendant le débat, de l’Administration Obama sur l’attaque terroriste de Benghazi.
Opération de dissimulation qui commence dès la première déclaration présidentielle du Rose Garden du 12 septembre où son utilisation réelle du terme « acte de terrorisme », mais dans un sens purement général, vient juste après le rappel appuyé de la volonté des Etats-Unis de « respecter toutes les croyances » et de « rejeter tous les efforts visant à dénigrer les croyances religieuses d’autrui », référence on ne peut plus claire à la version « manifestation qui a dégénéré » et donc à la vidéo anti-islamiste censée avoir déclenché l’attaque.
Et qui, jouant sur la confusion avec les autres manifestations du Monde arabe qui ont suivi et balayant les critiques derrière le rideau de fumée de l’enquête en cours, sera de fait maintenue près de deux semaines quand, sans compter les revendications explicites d’Al Qaeda et le fait qu’il n’y eut même pas de manifestation à Benghazi au moment de l’attaque, les déclarations des responsables militaires et de renseignement américains auront démontré que la vidéo n’était qu’un prétexte pour une attaque délibérément terroriste …
Avec l’évidente volonté de préserver, en cette journée hautement symbolique de l’anniversaire du 11/9 et surtout en pleine campagne électorale (débat d’hier compris!), l’un des rares points forts supposés d’un bilan catastrophique …
A savoir celui d’avoir, grâce notamment aux dispositifs mis en place par son prédécesseur, tenu tête à Al Qaeda …
Comment s’est déroulé le débat ?
Avec Gérard Olivier de franceamerique
Tels deux boxeurs sur un ring, Mitt Romney et Barack Obama se sont rendu coup pour coup, hier soir, au cours d’un débat pugnace et chargé d’électricité. Un affrontement beaucoup moins cordial que leur première rencontre.
Après sa médiocre performance du 3 octobre, le président Obama se devait de relever la tête. De présenter aux Américains un autre visage que celui d’un homme sincère mais résigné. Sous peine de voir la campagne basculer un peu plus en faveur de Mitt Romney. Depuis leur premier débat, le candidat républicain a gagné trois points dans les sondages quand le président sortant en a perdu deux. Se retrouvant à la traîne, pour la première fois de la campagne !
C’est donc en challenger en quête de rachat et avec la ferme intention d’attaquer son adversaire qu’il a abordé la rencontre organisée sur le campus de l’université Hofstra, à Hempstead, dans l’Etat de New York.
Mitt Romney a fait mieux que se défendre. Il a défendu avec fermeté ses positions et sa personne. Mais à l’issue du débat les téléspectateurs de CNN donnaient à 46% Obama vainqueur et à 39% Romney.
Le format retenu était celui du « town hall meeting », où les questions sont posées par des personnes choisies dans le public. Les candidats sont débout au centre de ce qui ressemble à une petite arène, et peuvent se déplacer, ou se reposer sur un tabouret.
Parmi les sujets abordés, l’économie, l’emploi, les impôts et l’énergie ont occupé la place la plus importante. Les sujets des armes à feu, de l’inégalité homme-femme au travail, et l’affaire de Benghazi, furent aussi évoquées.
La première question fut adressée à Mitt Romney, et portait sur l’emploi. Mais la première flèche fut décochée par Barack Obama. Dans sa propre réponse, il accusa son adversaire de favoriser les riches, d’exporter les emplois en Chine, et d’avoir voulu laisser couler l’industrie automobile américaine. Romney répondit qu’avec Obama il fallait « regarder les faits, pas se contenter de la rhétorique ». Sous sa présidence l’Amérique avait perdu des emplois, il ne fallait rien attendre de mieux pour les quatre ans à venir s’il restait à la Maison Blanche…
A maintes reprises les deux hommes se sont interrompus l’un l’autre, ont imploré la modératrice pour le droit de répondre, ont accusé leur adversaire de mentir, se sont pointés du doigt mutuellement, interpellés et même dévisagés. Interrogé par Romney sur les permis d’exploration délivrés par son administration Obama a ostensiblement détourné son regard et ignoré la question. Mais quelques minutes plus tard, quand Romney a tenté une autre charge sur la question des revenus d’investissement du président, qui sont gérés par un « blind trust », comme les siens, Obama d’un sourire en coin l’a renvoyé dans les cordes « je ne regarde pas mes revenus d’investissements, ils ne sont pas aussi importants que les vôtres »
La tension entre les deux hommes fut palpable au moment où fut évoquée l’affaire libyenne. Romney insista sur les errements de l’administration, qui mit 14 jours avant d’ admettre que l’attaque contre le consulat de Benghazi, où quatre américains dont l’ambassadeur avaient été tués, était une attaque terroriste. Il critiqua aussi le président pour s’être rendu à un « fundraiser », un dîner de collecte de fonds à Las Vegas, dès le lendemain de l’attaque. Obama, accepta toute la responsabilité de cette tragédie en tant que Commandant en chef, mais, doigt levé, il accusa Romney de faire de la politique avec une question de sécurité nationale…
Dans un moment plus personnel, et à l’évidence planifié par les organisateurs du débat, Romney et Obama se virent posés une question « personnelle ». « Qu’est-ce qui vous différencie de George Bush ? » demanda à Mitt Romney une dame, qui visiblement ne tenait pas l’ancien président en grande estime. « J’ai voté pour vous en 2008 », dit un homme noir à Barack Obama, « qu’avez-vous fait depuis pour mériter à nouveau mon vote ? »
Rarement un second débat présidentiel n’avait suscité autant d’attention que celui-ci. Rarement une élection présidentielle a été aussi serrée et indécise si près du scrutin.
Ce débat ne va pas bouleverser la course. Les deux hommes ont réitéré des prises de positions déjà connues. Aucun n’a commis d’impair irréparable. Son impact sera aussi limité par le fait que le troisième débat, consacré à la politique étrangère, va venir très vite, dans cinq jours, dès ce lundi 22 octobre, laissant à peine aux Américains le temps de digérer le combat d’hier.
L’avis de Guy Millière sur le débat chez dreuz.info
Candy Crowley sauve Barack Obama
Quelques mots sur le débat d’hier soir. Comme prévu, Candy Crowley, la modératrice ne s’est pas comportée en modératrice et n’a pas fait preuve de la moindre neutralité : c’est une militante démocrate, et elle s’est comportée en militante démocrate. Dès lors que la plupart des journalistes américains et français sont dans le camp démocrate, ils diront qu’elle a fait remarquablement son travail, ce qui ne changera rien à la réalité. Combien de temps le parti républicain tolèrera-t-il encore des modérateurs ou modératrices aussi partiaux ?
Comme prévu aussi, les deux tiers des questions du public ne venaient pas d’électeurs indécis, mais de démocrates plus ou moins déçus par Obama, ou de gens qui penchent assez nettement du côté d’Obama. Ce qui a débouché sur plusieurs questions très biaisées et relativement inutiles qui ont permis à Barack Obama de dérouler son programme comme s’il avait un téléprompteur devant lui. Obama n’avait pas de téléprompteur, mais des réponses apprises par cœur et répétées à l’avance.
Comme prévu encore, Barack Obama a été bien plus présent que lors du premier débat (aurait-il pu l’être moins sans devenir un ectoplasme ?). Il s’est montré très agressif, mesquin, menteur. Il a même menti, comme on dit, avec l’aplomb d’un arracheur de dents du dix-neuvième siècle ou d’un vendeur de potion miracle sur les foires. Il a ainsi osé déclarer que si le prix de l’essence était bas il y a quatre ans, c’est parce que les Etats-Unis étaient en dépression et qu’il avait autorisé la production supplémentaire de pétrole et de gaz sur les terres publiques, tout en permettant un accroissement de la production de charbon, et je m’en tiens à une seule de ses réponses : tout ce qu’il a dit là était faux, puisque le prix de l’essence a été bas pendant toutes les années Bush, pendant lesquelles il y a eu de la croissance jusqu’à aout 2008, puisqu’il a interdit toute production supplémentaire de pétrole et de gaz sur les terres publiques, et puisqu’il a fait fermer nombre de mines de charbon.
Mitt Romney a été précis, factuel, a énoncé ce qui devait l’être concernant le bilan des quatre années d’Obama. Une question lui a permis de se démarquer des politiques économiques menées sous George Walker Bush. Il , dans l’ensemble, bien riposté aux attaques incessantes d’Obama.
Mitt Romney aurait pu clouer Obama sur place lorsque la seule question de politique étrangère a été posée, sur Benghazi. Il a dit là encore ce qui devait l’être, mais il n’a pas totalement mis Obama face à ses mensonges. Il ne l’a pas fait essentiellement parce que la modératrice (qui porte mal son nom de modératrice) a sauvé Barack Obama de la noyade. Barack Obama venait de dire qu’il avait déclaré dès le 12 septembre que l’attaque contre le consulat de Benghazi était une attaque terroriste. Mitt Romney venait de le prendre en flagrant délit de mensonge. Candy Crowley a déclaré alors qu’elle avait la transcription des propos d’Obama le 12 septembre et qu’Obama disait la vérité. Obama, qui ne savait quoi répondre à Romney, a pu alors respirer et se dire indigné par les accusations de Romney, qui aurait pu répliquer plus fortement et ne l’a pas fait. Il y aura lundi prochain un débat de politique étrangère et Obama ne pourra, j’espère, pas s’en tirer si aisément.
Que conclure ? Les journalistes américains et français diront qu’Obama l’a emporté.
La réalité, et c’est, je pense, ce que montreront les sondages, que ce sera un match nul, avec un léger avantage pour Romney, parce qu’il a été précis et factuel. Ceux que les discours vides d’arracheur de dents que peut tenir Obama séduisent seront séduits. Obama a même parlé du gros oiseau de Sesame Street, que demander de plus quand on est fan d’Obama ? Peut-être Obama aura-t-il arrêté son glissement vers le naufrage. Mais je ne pense pas que ce sera suffisant pour arrêter le naufrage et pour empêcher la vague Romney de continuer à monter.
Le fait qu’Obama ait dû être sauvé par Candy Crowley n’est, en supplément, pas très glorieux. Obama a beaucoup de mal à s’en sortir tout seul. Pour expliquer son bilan calamiteux lorsqu’il l’a fait, il s’est caché derrière George W. Bush. Pour expliquer son débat raté du 3 octobre, il s’est caché derrière John Kerry, désigné comme responsable de la contre performance. Pour le scandale de Benghazi, il a tenté de se cacher derrière Hillary Clinton, qui a accepté de prendre la responsabilité de ce qui s’est passé jusqu’à ce que ce soir, Obama dise qu’il assumait, lui, la responsabilité de tout. Ce soir, Obama s’est caché derrière Candy Crowley, et je pense qu’il la remerciera chaleureusement.
Retour sur le Benghazi Gate
L’attentat de Benghazi hante la campagne
Mitt Romney avait failli se griller définitivement en réagissant hâtivement aux événements du 11 septembre dernier à Benghazi. L’assaut du consulat américain par un groupe armé avait coûté la vie à quatre Américains, dont l’ambassadeur Chris Stevens. Mais désormais c’est la Maison Blanche qui est embarrassée par les révélations sur sa gestion de l’affaire. Les républicains espèrent en faire « un thème de campagne majeur ». Le 11 octobre, lors du débat entre « running mates« , la première question de Martha Raddatz, et les propos de Paul Ryan, ont mis Joe Biden sur la défensive.
Dès le lendemain du drame, des informations contradictoires sont publiées au sujet des circonstances de l’attaque. Le 16 septembre, l’ambassadrice à l’ONU Susan Rice évoque un événement soit-disant lié aux débordements suivant la diffusion de la vidéo « l’innocence des Musulmans ». Mais elle est contredite le jour même. Il apparaît rapidement que l’attaque était complexe et organisée. Fin septembre, la Maison Blanche évoque un attentat en lien avec Al Qaida. Désormais, c’est la sécurité du consulat qui fait l’objet d’investigations, notamment par le Congrès. Des cadres du département d’Etat ont témoigné devant une commission avoir demandé le renforcement de la sécurité de la mission diplomatique, sans succès.
Durant le débat, Paul Ryan a accusé la présidence de n’avoir pas pris les menaces au sérieux. Ce à quoi Joe Biden a répondu que les demandes concernées n’étaient pas parvenues à la Maison Blanche, mais au Département d’Etat. Il a aussi rappelé que le Congressman Ryan avait soutenu une loi qui implique des coupes budgétaires dans la sécurité des ambassades.
Un article du New York Times donne les derniers développements de l’affaire, et s’étonne de l’ouverture de ce nouveau front dans une campagne dans laquelle « des questions comme la guerre en Afghanistan et la confrontation grandissante avec l’Iran sont restées en second plan ».
Le Washington Post revient sur le débat d’hier: Paul Ryan a laissé entendre que la version initiale de la Maison Blanche, celle d’une manifestation qui a dégénéré plutôt qu’un attentat terroriste, visait à préserver un des points forts du bilan de Barack Obama, celui d’avoir infliger une sévère défaite à Al Qaida en tuant Ossama Bin Laden. Une version plus diplomatique de cette affaire est donnée par Foreign Policy qui remet dans leur contexte les différentes phases dumessage de la Maison Blanche.
The Atlantic: Joe Biden a-t-il lâché Hillary Clinton pour mettre fin au débat? En déclarant n’avoir pas été averti de la nécessité de renforcer la sécurité de l’embassade de Benghazi, le Vice-Président a livré le Département d’Etat aux critiques. Pour épargner la Maison Blanche?
Le prochain débat portera sur la politique étrangère, alors voyons voir un peu !
Moyen-Orient ; Obama confronté à son bilan
La politique étrangère entre le débat présidentiel, après les attaques en Libye et en Tunisie. L’Amérique est-elle dépassée par les événements ?
Par Estelle Devisme — Son discours est devenu fameux. En visite au Caire le 4 juin 2009, Barack Obama avait cherché l’apaisement :
«Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.»
Par un long discours vantant les liens entre États-Unis et pays musulmans, l’apport de la civilisation musulmane à l’Occident, certes dénonçant le fondamentalisme qui avait tué tant d’Américains, Barack Obama avait fait la fierté des démocrates mais s’était attiré les foudres des Républicains, qui voyaient dans cette initiative diplomatique la preuve que son mandat serait placé sous le signe de la naïveté et de l’angélisme.
Le nouveau départ n’a pas eu lieu
C’était il y a quatre ans. Mais The Innocence of Muslims, une vidéo d’une bêtise et d’un amateurisme flagrants, a remis le feu aux poudres. Mardi 11 septembre 2012, des manifestants ont tenté de prendre d’assaut l’ambassade américaine au Caire. La bannière étoilée a été remplacée par le drapeau noir des djihadistes. Tout un symbole. L’ambassadeur Christopher Stevens et trois autres américains sont morts dans l’attaque du consulat de Benghazi, en Libye. Le 13 septembre, c’est au Yémen et au Bangladesh que l’ambassade des États-Unis a été prise pour cible. L’attaque de l’ambassade de Tunis et l’incendie de l’école américaine le 14 septembre, à la suite de l’appel du leader salafiste Abou Iyadh a conduit à l’évacuation du territoire des ressortissants américains. Sans oublier les réactions meurtrières au Pakistan et au Soudan, les violentes manifestations au Liban, en Afghanistan, au Nigeria…
La politique étrangère américaine au Moyen Orient remise en question
Bien que Barack Obama puisse se prévaloir de la mort de Ben Laden et du retrait des troupes d’Irak, il traverse maintenant une crise qui pourrait bien remettre en cause sa doctrine de la main tendue. Cette crise aurait évidemment pu éclater pendant un mandat de Mitt Romney. Mais l’auteur de No Apology : The case for American greatness trouve aujourd’hui les meilleurs arguments pour contrer la vision du leadership du Président actuel. En effet, avant même d’être attaquée, l’ambassade des États-Unis au Caire avait publié un communiqué condamnant la vidéo, dénonçant «les efforts continus d’individus mal intentionnés pour blesser les sentiments religieux des musulmans». Un communiqué depuis retiré du site internet de l’ambassade, car il n’avait pas été visé par le gouvernement. Cette déclaration, qui n’a nullement ému les manifestants, n’est pas pour autant passée inaperçue aux yeux des Américains réclamant un leadership plus affirmé de la part de l’exécutif.
Critiquant la réaction de l’administration, qui n’avait pas immédiatement condamné les attaques envers l’Amérique, Mitt Romney a profité de l’occasion pour souligner les couacs de la communication officielle, et déploré que «les États-Unis envoient des signaux ambigus au monde.» Soucieux de proposer une représentation des États-Unis plus ferme dans le monde musulman, le prétendant républicain à la Maison blanche a ensuite déclaré que son gouvernement n’accorderait l’aide d’un milliard de dollars promise par Obama à l’Egypte que si son gouvernement prenait de réelles initiatives pour protéger l’ambassade américaine — et respectait ses engagements envers Israël.
Mitt Romney pourrait donner tort aux sondages s’il parvenait à convaincre les indécis de sa plus grande capacité à revêtir une stature présidentielle. Car au-delà des accusations simplistes que l’on entend parfois, qui vilipendent « l’anti-américanisme » du Président, il est aisé de souligner les faiblesses stratégiques de Barack Obama dans la défense des intérêts de son pays.
Barack Obama a réagi en demandant le concours des autorités libyennes et égyptiennes pour la protection de ses ambassadeurs, en envoyant deux destroyers et deux cents Marines en Libye, cinquante autres Marines à San’a au Yémen, ou encore en ordonnant le départ des familles et du personnel «non essentiel» du gouvernement américain du Soudan et de Tunisie. Il a rappelé au président Mohammed Morsi que l’Egypte n’était pas plus un allié qu’un ennemi des États-Unis. Le Président a également déclaré devant les quatre dépouilles des tués de Benghazi que justice leur serait rendue et que les États-Unis résisteraient à de telles violences contre leur corps diplomatique, alors que les critiques fusent au sujet de la sécurité des ambassades et consulats.
Dans le même temps, un spot à 70,000 dollars de l’ambassade des États-Unis au Pakistan est diffusé sur sept chaînes de télévision locales, et sur les chaînes américaines, qui présente les déclarations de Barack Obama et Hillary Clinton rejetant toute implication du gouvernement américain dans la réalisation du film en cause, condamnant son message et répétant leur respect pour toutes les religions.
Or, pour les Républicains, si le gouvernement américain n’est effectivement pas responsable de ce pseudo-film, l’Amérique n’a pas à s’excuser et à prêter l’oreille aux «accès de colère», eux, provocateurs, des terroristes, qui n’ont pas besoin de prétexte pour frapper. Les adversaires de Barack Obama dénoncent une abdication par les États-Unis de leurs principes, déjà sous-jacente au discours du Caire, lorsque le Président louait par exemple la «tolérance» régnant sous l’occupation musulmane d’Al-Andalus — alors que Juifs et Chrétiens ne vivaient leur religion que sous conditions (paiement d’une taxe, nombreuses interdictions). En admettant cette erreur d’interprétation historique, il reste que l’interrogation d’Hillary Clinton après la mort de Christopher Stevens est symptomatique d’un certain aveuglement de l’administration Obama : «How could this happen in a country we helped liberate, in a city we helped save from destruction ?».
En effet, les États-Unis ont largement financé l’opération de l’OTAN ayant permis la chute de Muammar Khadafi et la libération du pays. Ils ont également soutenu l’opposition à Hosni Moubarak, largement récupérée par les Frères Musulmans. Mais un changement de système ne conduit pas forcément à un changement de valeurs.
Les élections libres qui ont suivi ont porté au pouvoir des partis qui ne sont «modérés» qu’en comparaison avec les djihadistes toujours présents dans le pays ; les discriminations persistent envers femmes et minorités, et l’opposition politique demeure quasi inexistante. De surcroît, les gouvernements en place n’ont pas porté secours aux ressortissants américains menacés. Samir Dilou, porte-parole du gouvernement tunisien, a lui-même affirmé : «Je reconnais que nous avons fait preuve, au début surtout, d’un certain laxisme face aux salafistes». En réalité, les autorités en place n’ont pas le contrôle de leurs populations. Des factions d’islamistes radicaux, proches d’Al-Qaida, prennent le pouvoir réel et comptent sur une forte mobilisation, révélée par les cris des manifestants du Caire : «We are all Usamas, Obama !».
L’on peut en définitive douter de la véritable capacité d’influence de Washington dans le monde musulman, qui ne pardonne pas à l’Amérique ses interventions en Irak et en Afghanistan et sa position envers Israël. En toile de fond, l’Iran poursuit toujours l’arme nucléaire, et arme «secrètement» la Syrie sous le bon œil de l’Irak.
A suivre …


http://www.israel-flash.com/2012/10/usa-le-point-sur-le-2eme-debat-dobamaromney/#ixzz29YrfGpgt

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