lundi 29 octobre 2012

Un motard, une blonde, un djihadiste et un gros tas d'argent de la CIA

Ce reportage du média danois Jyllands-Posten montre l'imam américain d'ascendance yéménite Anwar al-Awlaki, l'un des terroristes les plus recherchés au monde, tué depuis lors par un drone de la CIA au Yémen, demander une Croatienne en mariage. Ce mariage était un piège de la CIA et des services de renseignement danois organisé par l'entremise de Morten Storm, un militant islamiste proche d'Awlaki, devenu agent double :

Dans une vidéo stupéfiante enregistrée plus d’un an avant d’être tué par un drone de la CIA au Yémen, l’imam d’origine américaine Anwar al-Awlaki s’était donné une mission bien particulière : demander en mariage une troisième femme.
Awlaki-aminah«Ce message s’adresse spécifiquement à Sœur Aminah», dit Awlaki dans la vidéo à sa future épouse, une jolie blonde de 32 ans de Croatie dont il espérait qu’elle partagerait sa vie de fugitif. La femme avait exprimé son admiration fervente pour Awlaki sur sa page Facebook et plus tard a précisé dans sa réponse par vidéo qu’elle partageait ses vues radicales, en disant: «Je suis prête pour des choses dangereuses.»
Ni Awlaki ni sa future épouse ne le savaient, mais leur rencontre avait été arrangée par un agent double danois dans une tentative d’aider les services de renseignement danois et la CIA à trouver la cachette de l’imam au Yémen. La tentative a échoué, mais l'agent double, Morten Storm, 36 ans, un ancien membre d’un gang de motards converti à l’islam, a continué à communiquer avec Awlaki. Lorsque celui-ci a été tué dans une attaque de drone le 30 septembre 2011, Storm était certain que ses efforts avaient joué un rôle important.
Storm, un roux à la forte carrure, a produit au soutien de son récit extravagant, outre la vidéo d’Awlaki et ses échanges de courriels avec lui, des cartes postales d’agents du renseignement, une cassette audio d'un agent de la CIA qu’il connaissait sous le nom de Michael, ainsi qu’une photo de 250.000 $ en billets de 100 $ - de l'argent, dit-il, payé par la CIA pour son rôle d’agent matrimonial.
Dans le cadre de ce plan, la valise apportée au Yémen par la mariée, identifiée seulement comme Aminah dans ses messages vidéo à Awlaki, avait été secrètement équipée d'un dispositif de repérage par lequel la CIA espérait retracer Awlaki, a déclaré Storm aux journalistes danois. Toutefois, un associé méfiant d’Awlaki lui a demandé de se défaire de sa valise à son arrivée à Sanaa, la capitale du Yémen. Elle a voyagé jusqu’à Awlaki et l’a épousé mais le plan de la CIA avait été déjoué.
L’histoire de Storm montre jusqu'où les responsables du renseignement américains sont allés pour retracer Awlaki, un chef de file de la filiale d'Al-Qaïda au Yémen qui, selon certains responsables du contre-terrorisme, posait une plus grande menace pour les États-Unis qu’Oussama Ben Laden. Leur méthode était une variation du traditionnel guet-apens des services d’espionnage : utiliser des femmes pour piéger des cibles masculines. Au cours de ses années comme imam aux États-Unis, Awlaki avait été arrêté pour avoir embauché des prostituées, ses deux épouses arabes ne vivaient pas avec lui en 2010 et il avait demandé à Storm de lui trouver une femme européenne disposée à vivre avec lui dans sa cachette.
Son influence a survécu à sa mort. Un homme de 21 ans du Bangladesh accusé mercredi aux termes d’une opération d’infiltration du FBI d'avoir tenté de faire sauter la Réserve fédérale à New York, a déclaré à un agent secret qu'il avait développé ses vues djihadistes en écoutant les sermons d’Awlaki.
Storm, qui a reçu des menaces de mort depuis qu’il a révélé son histoire, est en fuite et n’a pu être joint pour commentaire. … Aminah se cache avec des militants d’Al-Qaïda au Yémen et contribue à produire le magazine en langue anglaise Inspire qui donne des conseils sur la fabrication de bombes et nargue les États-Unis. Elle a communiqué avec Storm il y a un mois, a déclaré M. Collignon, et lui a dit qu’elle rêve de devenir kamikaze.
Source : A Biker, a Blonde, a Jihadist and Piles of C.I.A. Cash, par Scott Shane, NY Times, 19 octobre 2012

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