mercredi 6 juin 2012

Japon sans nucléaire : possible??


Depuis début mai, le Japon vit sans électricité nucléaire, pour la première fois depuis 1970. Preuve que c'est possible ? Pas sûr...


Lors de l'accident du 11 mars 2011, 40 tranches japonaises n'avaient pas été affectées par le séisme et le tsunami.

Trois d'entre elles, situées à Hamaoka, ont été arrêtées en mai 2011 par ordre du premier ministre japonais de l'époque, M. Naoko Kan, car leur protection contre les tsunamis étaient considérées insuffisante. 

Quant aux 37 autres tranches, elles ont cessé progressivement leur fonctionnement aux dates normalement prévues pour leur arrêt périodique de maintenance, inspection et rechargement de leur combustible.




























Mais ces tranches ne seront autorisées à redémarrer qu'après que leurs évaluations complémentaires de sûreté (les fameux stress tests) auront été approuvées par l'autorité de sûreté japonaise, que le gouverneur de la préfecture où elles sont implantées aura donné son accord et enfin que le premier ministre aura donné le feu vert final...  Aujourd'hui, les deux tranches REP Ohi 3 & 4 on passé le premier obstacle mais la suite tarde à venir.

En 2010, les 54 tranches nucléaires ont produit 27,5% de l'électricité du Japon.  En mi-juillet 2011 (période de pic de la consommation) les 18 tranches survivantes produisaient encore 15% de l'électricité.  En fin d'année, il ne restait plus que 10 tranches en fonctionnement et la part du nucléaire était tombée à 6,6%.  Aujourd'hui, c'est zéro.

Certaines personnalités françaises connues pour leur activisme antinucléaire n'ont pas manqué de s'émerveiller dans les media : "Regardez, le Japon arrête son nucléaire et les Japonais ne s'en portent pas plus mal ! Bel exemple à suivre !"

Voire...

L'été dernier, alors que la production d'électricité nucléaire n'était encore réduite que de moitié, les Japonais ont dû subir des restrictions importantes : fonctionnement de certaines usines seulement la nuit, limitation stricte de l'air conditionné, arrêt d'une partie des escalators dans les magasins, etc. 

Côté production, on a fait fonctionner en permanence les moyens de pointe, turbines à gaz et turbines à fuel et le Japon a dû augmenter considérablement ses importations de gaz naturel liquéfié - il est désormais le premier importateur mondial - avec les conséquences économiques et écologiques  correspondantes.  En tout, les combustibles fossiles ont produit 90% de l'électricité japonaise de janvier à avril 2012, comparés à 64% pour la même période en 2011.
 
Comment se passera le pic de consommation cet été, si aucune centrale n'est autorisée à redémarrer ?

Terminons sur une note positive : l'Organisation Mondiale de la Santé a publié en Mai un rapport préliminaire sur les doses de radioactivité subies par le public japonais du fait de l'accident de Fukushima. Selon l'OMS, les doses reçues dans les préfectures voisines de celle de Fukushima se situent entre 0,1 et 10 mSv, et celles reçues dans le reste du pays, entre 0,1 et 1 mSv.   Rappelons que la radioactivité naturelle dans le Bassin Parisien est voisine de 2,5 mSv, et qu'en dessous de 100 mSv, on n'a jamais détecté d'effet sanitaire.

Enfin, certaines régions de la zone évacuée dans les 20km autour de la centrale pourraient dès à présent être habitées de nouveau (voir figure)




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