mercredi 16 octobre 2013

COMMENT LA CIA A PLACE UN DE SES AGENTS A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE


«Nicolas Sarkozy doit être jugé à son action et non pas dřaprès sa personnalité. Mais lorsque son

action surprend jusquřà ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en détail sur sa

biographie et de sřinterroger sur les alliances qui lřont conduit au pouvoir. Thierry Meyssan a

décidé dřécrire la vérité sur les origines du président de la République française. Toutes les

informations contenues dans cet article sont vérifiables, à lřexception de deux imputations,

signalées par lřauteur qui en assume seul la responsabilité.

Réseau Voltaire | Almaty (Kazakhstan) | 19 juillet 2008

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Les Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont

élu Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils espéraient une

rupture avec des années dřimmobilisme et des idéologies surannées. Ils ont eu une rupture avec les

principes qui fondent la nation française. Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se

saisissant chaque jour dřun nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche, bousculant tous

les repères jusquřà créer une complète confusion.

Comme des enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se

trouver des excuses pour admettre lřampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent dřautant plus de

voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, quřils auraient dû sřen rendre compte depuis longtemps.

Cřest que lřhomme est habile. Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie

privée en spectacle et en posant dans les magazines people, jusquřà leur faire oublier son parcours

politique.

Que lřon comprenne bien le sens de cet article : il ne sřagit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens

familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher dřavoir caché ses attaches aux Français

qui ont cru, à tort, élire un homme libre.

Pour comprendre comment un homme en qui tous sřaccordent aujourdřhui à voir lřagent des États-

Unis et dřIsraël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française,

il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. Il nous faut emprunter une longue digression au

cours de laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourdřhui leur revanche.

Secrets de famille

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens sřappuient sur le parrain

italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer le

débarquement allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment par

Frank Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et sřexile en Italie, par son « ambassadeur »

corse, Étienne Léandri.

En 1958, les États-Unis, inquiets dřune possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait lřAfrique

du Nord à lřinfluence soviétique, décident de susciter un coup dřÉtat militaire en France.

Lřopération est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA ŕ

théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr. et par lřOTAN. Mais Wisner a déjà sombré dans la

démence de sorte que cřest son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis Alger, des

généraux français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le pouvoir civil

parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général De Gaulle sans avoir besoin de

recourir la force [1].

Or, Charles De Gaulle nřest pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler. Dans un

premier temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large autonomie aux

territoires dřoutre-mer au sein dřune Union française.

Mais il est déjà trop tard pour sauver lřEmpire français car les peuples colonisés ne croient plus

aux promesses de la métropole et exigent leur indépendance. Après avoir conduit victorieusement

de féroces campagnes de répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à lřévidence.

Faisant preuve dřune rare sagesse politique, il décide dřaccorder à chaque colonie son

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indépendance.

Cette volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui lřont porté au pouvoir. La

CIA et lřOTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour lřéliminer, dont un putsch manqué

et une quarantaine de tentatives dřassassinat [2]. Toutefois, certains de ses partisans approuvent

son évolution politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le protéger.

Pasqua est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille dřun bootlegger

canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après avoir

commercialisé de lřabsinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de lřanisette.

Cependant, la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation avec

la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il nřest donc pas étonnant que

Pasqua fasse appel à Étienne Léandri (« lřambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras

et constituer la milice gaulliste [3]. Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du

SAC, lřancien garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti ŕun Corse lui aussiŕ.

Ainsi défendu, De Gaulle dessine avec panache une politique dřindépendance nationale. Tout en

affirmant son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership anglo-saxon. Il

sřoppose à lřentrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ; Il refuse le

déploiement des casques de lřONU au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains à

sřaffranchir de lřimpérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il expulse lřOTAN de France et se

retire du Commandement intégré de lřAlliance atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du Viêt-

Nam (discours de Phnon Penh, 1966) ; Il condamne lřexpansionnisme israélien lors de la Guerre

des Six jours (1967) ; Il soutient lřindépendance du Québec (discours de Montréal 1967) ; etc.

Simultanément, De Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant dřun complexe militaroindustriel

incluant la force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement

énergétique. Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant des

missions à étranger. Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourdřhui Total)

[4], tandis que Charles Pasqua devient lřhomme de confiance des chefs dřÉtats dřAfrique

francophone.

Conscient quřil ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De Gaulle sřallie à la

famille Rothschild. Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de la Banque, Georges

Pompidou. Les deux hommes forment un tandem efficace. Lřaudace politique du premier ne perd

jamais de vue le réalisme économique du second.

Lorsque De Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la

présidence avant dřêtre emporté par un cancer. Les gaullistes historiques nřadmettent pas son

leadership et sřinquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la trahison lorsque Pompidou,

secondé par le secrétaire général de lřÉlysée Edouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion »

dans le Marché commun européen.

La fabrication de Nicolas Sarkozy

Ce décor étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en 1955, il

est le fils dřun noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après

avoir fui lřArmée rouge, et dřAndrée Mallah, une roturière juive originaire de Thessalonique. Après

avoir eu trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-

Bocsa se remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-

Olivier et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans cette famille

recomposée.

Sa mère est devenue la secrétaire dřAchille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps

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de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été élu député et maire de

Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de lřAssemblée

nationale.

Malheureusement, en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le magazine

Time révèle lřexistence dřune organisation criminelle secrète « lřUnion corse » qui contrôlerait une

grande partie du trafic de stupéfiants entre lřEurope et lřAmérique, la fameuse « French connexion

» quřHollywwod devait porter à lřécran. Sřappuyant sur des auditions parlementaires et sur ses

propres investigations, Time cite le nom dřun chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années

plus tôt au Canada, et qui nřest autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la société

dřalcool Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « lřUnion corse », dont les

Peretti. Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de lřAssemblée nationale et échappe même à

un « suicide ».

En 1977, Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors

avec le n°2 de lřadministration centrale du département dřÉtat des États-Unis. Elle lřépouse et

sřinstalle avec lui en Amérique. Le monde étant petit, cřest bien connu, son mari nřest autre que

Frank Wisner Jr., fils du précédent. Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il

clair quřil y joue un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son demi-frère et

de sa demi-soeur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des programmes de

formation du département dřÉtat.

À la même période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente dřautant plus

rapidement Charles Pasqua que celui-ci nřest pas seulement un leader national, mais aussi le

responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine.

En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et sřétant inscrit au barreau, épouse la

nièce dřAchille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant quřavocat, Me Sarkozy

défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur lřîle de beauté, à

Vico, et imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi.

Lřannée suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son bel-oncle, Achille

Peretti, terrassé par une crise cardiaque.

Cependant, Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec

Cécilia, lřépouse du plus célèbre animateur de télévision français de lřépoque, Jacques Martin,

dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly. Cette double

vie dure cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un

nouveau foyer.

Nicolas est le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un

éditorialiste du Figaro. Il ne peut sřempêcher de séduire Claude et de mener une brève relation

avec elle, tandis quřil vit officiellement avec Cécilia. Le mari trompé se suicide en absorbant des

drogues. La rupture est brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy.

En 1993, la gauche perd les élections législatives. Le président François Mitterrand refuse de

démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac, qui

ambitionne la présidence et pense alors former avec Edouard Balladur un tandem comparable à

celui de De Gaulle et Pompidou, refuse dřêtre à nouveau Premier ministre et laisse la place à son «

ami de trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua devient

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ministre de lřIntérieur. Sřil conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite de sa

situation pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en

Afrique francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et devient officier

dřhonneur du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est ministre du Budget et porte-parole du

gouvernement.

À Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la

planification politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui lřunissent

au porte-parole du gouvernement français.

Cřest alors que reprend au sein du parti gaulliste la tension que lřon avait connu trente ans plus tôt

entre les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La nouveauté, cřest

que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se

rapprocher du courant Rothschild. Tout dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995

lorsquřÉdouard Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à lřélection

présidentielle, et sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le

gouvernement Balladur ouvre les négociations dřadhésion à lřUnion européenne et à lřOTAN des

États dřEurope centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.

Rien ne va plus dans le parti gaulliste où les amis dřhier sont près de sřentre-tuer. Pour financer sa

campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du parti

gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf. À peine le vieux Étienne Léandri

mort, les juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais Balladur, Pasqua

et Sarkozy ne parviendront jamais à récupérer le magot.

La traversée du désert

Tout au long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance. Lřhomme se

fait discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à nouer des relations

dans les cercles financiers.

En 1996, Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce qui nřen finissait pas

se marie avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et Bernard

Arnaud (lřhomme le plus riche du pays).

Dernier acte

Bien avant la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction

du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent en trois temps :

dřabord lřélimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis

lřélimination du principal rival de droite et lřinvestiture du parti gaulliste à lřélection présidentielle,

enfin lřélimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain dřemporter

lřélection présidentielle.

Pendant des années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes dřun promoteur

immobilier. Avant de décéder dřune grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais élucidée

une confession en vidéo. Pour une raison encore plus obscure, la « cassette » échoue dans les

mains dřun hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir

indirectement à la presse.

Si les aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de

Pandore. La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain Juppé. Pour

protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales. La mise à lřécart de Juppé laisse la

voie libre à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.

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Sarkozy exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au

gouvernement, malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de lřIntérieur. Erreur ! À

ce poste, il contrôle les préfets et le renseignement intérieur quřil utilise pour noyauter les grandes

administrations.

Il sřoccupe aussi des affaires corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné. Bien quřil nřait pas

été revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par les

indépendantistes à la République. Après une longue traque, la police parvient à arrêter un suspect

en fuite, Yvan Colonna, fils dřun député socialiste. Faisant fi de la présomption dřinnocence,

Nicolas Sarkozy annonce cette interpellation en accusant le suspect dřêtre lřassassin. Cřest que la

nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de lřIntérieur organise en Corse

pour modifier le statut de lřîle. Quoi quřil en soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon

certains, favorise les intérêts mafieux.

Bien quřYvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé son innocence

et aucune preuve matérielle nřa été trouvée contre lui. Étrangement, lřhomme sřest muré dans le

silence, préférant être condamné que de révéler ce quřil sait.

Nous révélons ici que le préfet Érignac nřa pas été tué par des nationalistes, mais abattu par un

tueur à gage, immédiatement exfiltré vers lřAngola où il a été engagé à la sécurité du groupe Elf.

Le mobile du crime était précisément lié aux fonctions antérieures dřÉrignac, responsable des

réseaux africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. Quand à Yvan Colonna, cřest

un ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont fréquentés.

Une nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement plusieurs

personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream. Parmi les

personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de droite à

lřélection présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette machination. Il

ne cache pas son intention de le faire jeter en prison.

En réalité, les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation francoaméricaine

[5], dont John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur.

Ce que les juges ignorent et que nous révélons ici, cřest que les listings ont été fabriqués à Londres

par une officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr. est également

administrateur.

Villepin se défend de ce dont on lřaccuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence et, de

facto, écarté provisoirement de la vie politique. La voie est libre à droite pour Nicolas Sarkozy.

Reste à neutraliser les candidatures dřopposition. Les cotisations dřadhésion au parti socialistes

sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants. Soudainement des milliers

de jeunes prennent leur carte. Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des

militants du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert).

Cette petite formation dřextrême gauche sřest historiquement mise au service de la CIA contre les

communistes staliniens durant la Guerre froide (Elle est lřéquivalent du SD/USA de Max

Shatchman, qui a formé les néoconservateurs aux USA [6]). Ce nřest pas la première fois que les «

lambertistes » infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont notamment placé deux célèbres agents de la CIA

: Lionel Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal

conseiller de Dominique Strauss-Kahn [7].

Des primaires sont organisés au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à lřélection

présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal. Seul le

premier représente un danger pour Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec

pour mission dřéliminer Fabius au dernier moment. Ce quřil sera en mesure de faire grâce aux

votes des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur son nom, mais

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sur celui de Royal.

Lřopération est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des États-Unis.

Les Français ignorent quřil donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le prévot de

lřuniversité, Condoleezza Rice [8].

Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront Strauss-Kahn en le

faisant élire à la direction du Fonds monétaire international.

Premiers jours à lřÉlysée

Le soir du second tour de lřélection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa

victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG de

campagne. Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les militants de son

parti, mais il se rend au Fouquetřs. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le

rendez-vous de « lřUnion corse » est aujourdřhui la propriété du casinotier Dominique Desseigne.

Il a été mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa

campagne. Une centaine dřinvités sřy bousculent, les hommes les plus riches de France y côtoient

les patrons de casinos.

Puis le président élu sřoffre quelques jours de repos bien mérités. Conduit en Falcon-900 privé à

Malte, il sřy repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un milliardaire

formé à la Banque Rothschild.

Enfin, Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. Le premier décret quřil

signe nřest pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis Desseigne

et Partouche à multiplier les machines à sous.

Il forme son équipe de travail et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien trouble

propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des casinos de lřami

Desseigne (qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).

Nicolas Sarkozy sřappuie avant tout sur quatre hommes :

Claude Guéant, secrétaire général du palais de lřÉlysée. Cřest lřancien bras droit de Charles

Pasqua.

François Pérol, secrétaire général adjoint de lřÉlysée. Cřest un associé-gérant de la Banque

Rothschild.

Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de lřancien directeur de lřAgence juive.

Ambassadeur de France à lřONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait trop

proche de George Bush.

Alain Bauer, lřhomme de lřombre. Son nom nřapparaît pas dans les annuaires. Il est chargé des

services de renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale

obédience maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en

Europe [9].

Frank Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour

lřindépendance du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires

étrangères avec une double mission prioritaire : lřindépendance du Kosovo et la liquidation de la

politique arabe de la France.

Kouchner a débuté sa carrière en participant à la création dřune ONG humanitaire. Grâce aux

financements de la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de Zbigniew

Brzezinski en Afghanistan, aux côtés dřOussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les

Soviétiques. On le retrouve dans les années 90 auprès dřAlija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine.

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De 1999 à 2001, il a été Haut représentant de lřONU au Kosovo.

Sous le contrôle de Wali, le frère cadet du président Hamid Karzaï, lřAfghanistan est devenu le

premier producteur mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté par

lřUS Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo). Là, la drogue est prise en charge par les hommes

dřHaçim Thaçi qui lřécoulent principalement en Europe et accessoirement aux États-Unis [10]. Les

bénéfices sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA.

Karzaï et Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui certainement

ignore leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été consacrés.

Pour compléter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de

lřÉconomie et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé le

prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du Center for International & Strategic

Studies de Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a

supervisé les privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de

Lockheed Martin contre les lřavionneur français Dassault [11].

Nouvelle escapade durant lřété. Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font

offrir des vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. La

facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier dřaffaires italo-new-yorkais,

sioniste et néo-conservateur pur sucre qui sřexprime dans Commentary, la revue de lřAmerican

Jewish Committee.

La réussite de Nicolas rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé «

dřOliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été recruté par

Frank Wisner Sr.) [12] directeur dřun nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la société

commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden) [13]. Sans qualité personnelle

particulière, il est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs des

fonds souverains du Koweit et de Singapour.

La cote de popularité du président est en chute libre dans les sondages. Lřun de ses conseillers en

communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner lřattention du public avec de nouvelles «

people stories ». Lřannonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son

ami Edouard de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève générale.

Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec lřartiste et ex-mannequin, Carla

Bruni. Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le battage médiatique

couvre à nouveau les critiques politiques.

Quelques semaines encore et cřest le troisième mariage de Nicolas. Cette fois, il choisit comme

témoins Mathilde Agostinelli (lřépouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet

dřEdouard Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.

Quand les Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont affaire ?

Thierry Meyssan

Les informations contenues dans cet article ont été présentées par Thierry Meyssan lors de la table

ronde de clôture de lřEurasian Media Forum (Kazakhstan, 25 avril 2008) consacrée à la

peopolisation et au glamour en politique.

Lřintérêt suscité par ces informations a conduit lřauteur à rédiger le présent article qui a été publié

par Profile, le principal news magazine russe actuel (édition du 16 juin 2008), sous le titre «

ОПЕРАЦИЯ САРКОЗИ ».

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Plusieurs versions et traductions non autorisées de cet article ont été diffusées alors que le site du

Réseau Voltaire était hors service. Nous vous prions de considérer le présent article comme le seul

valable.

NOTES :

[1] « Quand le stay-behind portait De Gaulle au pouvoir », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 27 août 2001

[2] « Quand le stay-behind voulait remplacer De Gaulle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 10 septembre 2001

[3] LřÉnigme Pasqua, par Thierry Meyssan, Golias ed, 2000.

[4] Les requins. Un réseau au coeur des affaires, par Julien Caumer, Flammarion, 1999.

[5] « Un relais des États-Unis en France : la French American Foundation », par Pierre Hillard, Réseau Voltaire, 19

avril 2007.

[6] « Les New York Intellectuals et lřinvention du néo-conservatisme », par Denis Boneau, Réseau Voltaire, 26

novembre 2004.

[7] Le responsable US du renseignement, Irving Brown en personne, a revendiqué avoir lui-même recruté et formé MM.

Jospin et Cambadélis pour lutter contre les staliniens alors quřils militaient chez les lambertistes pour, cf. Éminences

grises, Roger Faligot et Rémi Kauffer, Fayard, 1992 ; « The Origin of CIA Financing of AFL Programs » in Covert

Action Quaterly, n° 76, 1999. Il importe dřéviter une interprétation anachronique : leur engagement au service des USA

est celui dřatlantistes durant la Guerre froide. Au-delà, il les conduira, par exemple, en 1999, à jouer un rôle central

dans lřengagement de Paris au sein de lřOTAN pour bombarder Belgrade, pourtant allié traditionnel de la France. De

même, il importe dřéviter les fausses équivalences : la collaboration de Nicolas Sarkozy avec les USA ne sřest pas

développée sur une base idéologique, mais relationnelle et carriériste (note modifiée le 27 juillet 2008 en réponse à des

lecteurs).

[8] « Dominique Strauss-Kahn, lřhomme de « Condi » au FMI », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 5 octobre 2007.

[9] « Alain Bauer, de la SAIC au GOdF », Note dřinformation du Réseau Voltaire, 1er octobre 2000.

[10] « Le gouvernement kosovar et le crime organisé », par Jürgen Roth, Horizons et débats, 8 avril 2008.

[11] « Avec Christine Lagarde, lřindustrie US entre au gouvernement français », Réseau Voltaire, 22 juin 2005.

[12] « Lřhonorable Frank Carlucci », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 février 2004.

[13] « Les liens financiers occultes des Bush et des Ben Laden » et « Le Carlyle Group, une affaire dřinitiés », Réseau

Voltaire, 16 octobre 2001 et 9 février 2004.

Thierry Meyssan

Intellectuel français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il

publie des analyses de politique étrangère dans la presse arabe, latino-américaine et russe. Dernier

ouvrage en français : L‘Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP

Bertrand, 2007).

Une vidéo a été tirée de ce texte http://www.dailymotion.com/video/xeemmv_sarkozy-et-la-cia-1-

2_news

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