jeudi 24 octobre 2013

L’enquête de l’ONU sur le Père Fouettard passe mal aux Pays-Bas

Le débat passionné aux Pays-Bas sur le « Zwarte Piet », l’acolyte noir de peau de Saint-Nicolas, a ravivé le débat plus large du racisme, souvent passé sous silence dans un pays fier de son ouverture d’esprit. Les Néerlandais étant très attachés à la fête de Saint-Nicolas, les esprits se sont échauffés à l’annonce de l’ouverture d’une enquête de l’ONU sur le « Zwarte Piet », personnage affublé d’un costume médiéval clinquant, coiffé d’une perruque afro, et dont le visage est peint en noir.
Pourtant, certains analystes estiment que cette polémique a un effet positif sur le débat sur le racisme. « Zwarte Piet » se traduit littéralement par « Pierre Noir ». Ce personnage, connu dans la francophonie comme « Père Fouettard », accompagne Saint-Nicolas dans sa distribution de cadeaux aux enfants. Selon la tradition, Saint-Nicolas arrive le troisième dimanche de novembre aux Pays-Bas à bord d’un bateau rempli de cadeaux, une arrivée mise en scène et diffusée chaque année en direct à la télévision. Il est accompagné d’une quarantaine d’acolytes, les « Zwarte Pieten ». Trois semaines durant, les enfants déposent chaque soir leurs chaussons devant la cheminée et reçoivent des sucreries, jusqu’au soir du 5 décembre, quand ils reçoivent les cadeaux.
Saint-Nicolas était un évêque turc mort le 6 décembre 342. La fête remonte quant à elle au XVIe siècle, mais la première apparition des « Zwarte Pieten » date des années 1850. De l’ancien évêque, Saint-Nicolas, également célébré en Belgique, en Allemagne et dans l’est de la France notamment, a gardé une longue barbe blanche, une mitre et un grand manteau rouge.

Un blagueur inoffensif ou un symbole raciste ?

Le « Zwarte Piet » est quant à lui considéré comme un blagueur inoffensif et apporte de la gaieté à la fête, mais ses détracteurs le voient comme un symbole raciste et un retour à l’époque des colonies néerlandaises.

Au vu de l’enquête de l’ONU, le débat qui anime chaque année les Pays-Bas depuis la fin des années 60 a pris une nouvelle dimension, ironiquement, l’année où les Pays-Bas fêtent le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. La présidente du comité du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme en charge de l’enquête a jeté de l’huile sur le feu mardi en suggérant d’abandonner la fête de Saint-Nicolas pour ne garder que la fête de Noël. « Qu’y a-t-il de mauvais à avoir un seul Père Noël, pourquoi devez-vous en avoir deux ? », a-t-elle déclaré à la télévision néerlandaise, ajoutant de l’huile sur le feu de la colère néerlandaise.
Les remarques de Mme Sheperd ont été vite tournées en dérision aux Pays-Bas, où, selon une enquête menée par le quotidien populaire De Telegraaf, quelque 66 % des 10.000 personnes sondées estiment que la fête de Saint-Nicolas ne pourrait pas avoir lieu sans son acolyte. Près de 96 % des sondés estiment que le débat sur l’éventuelle suppression du « Zwarte Piet » doit cesser.

« C’est bien qu’on nous force à ouvrir les yeux »

Mercredi soir, plus d’un million de personnes avaient soutenu sur le réseau social Facebook une pétition en vue de préserver le personnage, alors qu’une page affirme sur le réseau social que « Zwart Piet, c’est du racisme ». Mais au-delà, de cela, le débat sur « Zwarte Piet » soulève cette question du racisme, souvent délaissée aux Pays-Bas. « C’est bien que l’on nous force à ouvrir les yeux », a assuré la directrice du centre néerlandais pour la culture populaire et le patrimoine immatériel, Ineke Strouken. Il s’agit néanmoins d’« un personnage imaginaire » : « Cela ne signifie pas que ceux qui le jouent sont racistes ».
Pour John Helsloot, chercheur à l’institut Meertens pour la langue et la culture néerlandaise, « les critiques contre Zwarte Pietsont perçues comme une attaque contre la culture et la tradition néerlandaise ». « Dans le passé, les voix qui s’élevaient contre Zwarte Piet ont rarement été entendues », a-t-il ajouté.

À l’ère de la mondialisation, il est néanmoins « inévitable que des étrangers se mêlent au débat », assure également M. Helsloot, affirmant que ceux-ci devraient comprendre l’amour que portent les Néerlandais à l’acolyte de Saint-Nicolas. De nombreux Néerlandais, originaires du Surinam ou de Curaçao, « n’ont aucun problème » avec cette tradition, selon M. Helsloot. « Je comprends tout à fait pourquoi les Néerlandais estiment qu’il n’y a aucun problème avec Zwarte Piet : « c’est un gars sympa, et bien sûr, je ne suis pas raciste », disent les gens ».
Il faudrait néanmoins « éduquer les gens avec empathie et leur apprendre qu’il fait partie d’une certaine part de notre histoire », afin de changer cette perception, a-t-il également ajouté.

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