lundi 21 octobre 2013

Attentat voiture piégée à Damas


Un attentat suicide et une attaque rebelles contre un barrage militaire ont tué 16 soldats samedi près de Damas, au moment où l'émissaire Lakhdar Brahimi tentait de préparer une conférence internationale pour sortir le pays d'une guerre dévastatrice.

Alors que 3.000 civils sont pris au piège dans la ville de Mouadamiyat al-Cham, en banlieue de Damas, la patronne des opérations humanitaires de l'ONU, Valérie Amos, a appelé à un cessez-le-feu et à l'établissement immédiat d'un couloir humanitaire pour les secourir, au lendemain d'un appel similaire des Etats-Unis.

Sur un autre plan du conflit complexe en Syrie, neuf chiites libanais libérés après 17 mois de détention par des rebelles syriens et transférés vendredi en Turquie sont arrivés samedi dans la soirée au Liban.

Dans le même temps, deux pilotes turcs enlevés en août à Beyrouth pour pousser Ankara à obtenir la libération des neuf Libanais, ont égalemnt regagné samedi soir leur pays.

Dans le cadre de ces échanges, quelque 200 Syriennes devaient être aussi libérées par le régime de Bachar al-Assad, une exigence des ravisseurs des Libanais pour libérer leurs otages, mais on ignorait dans l'immédiat si elles avaient été effectivement relâchées.

Alors que les violences ne connaissent aucun répit, un attentat a frappé l'entrée de la ville pro-régime de Jaramana, dans la banlieue sud-est de Damas, blessant 16 civils, a rapporté l'agence officielle Sana, en accusant les rebelles qualifiés à des "terroristes".

Mais selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 16 soldats et 15 rebelles islamistes ont été tués dans cet attentat et dans les intenses combats qui l'ont suivi, les rebelles ayant tenté de conquérir un barrage routier stratégique entre Jaramana (à majorité chrétienne et druze), et la localité rebelle adjacente de Mléha.

L'attentat a été perpétré par un kamikaze du Front Al-Nosra, un groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, a ajouté l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

Alors que les violences en Syrie ont fait, selon l'OSDH, plus de 115.000 morts en deux ans et demi, Valérie Amos a appelé "toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités à Mouadamiyat al-Cham pour permettre un libre accès aux associations humanitaires" qui cherchent à "évacuer les civils et à apporter médicaments et soins nécessaires".

Elle a souligné que "des milliers de familles" restaient aussi "prisonnières dans d'autres villes à travers la Syrie", ravagée par les combats entre soldats et rebelles.

Vendredi, condamnant le siège par l'armée de plusieurs banlieues de Damas, les Etats-Unis avaient déjà pressé le régime Assad de permettre l'accès à des convois d'aide pour les civils pris au piège.

Il y a un "nombre sans précédent d'enfants qui meurent de maladies liées à la malnutrition", avait déploré la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.

Selon des habitants de Mouadamiyat al-Cham, la nourriture devient extrêmement rare. Un cheikh a même dit avoir émis un décret religieux autorisant à manger chats et chiens.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé deux cas suspects de poliomyélite en Syrie, une maladie très contagieuse qui n'avait pas été enregistrée dans ce pays depuis 1999.

Parallèlement, l'ONU et les Etats-Unis déployaient des efforts en vue d'organiser une conférence de paix internationale, espérée en novembre à Genève.

Entamant une tournée régionale en Egypte, M. Brahimi, médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, a rencontré le ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmy, et devait s'entretenir dimanche avec le patron de la Ligue arabe Nabil al-Arabi.

Sa tournée régionale doit également le conduire à Damas et Téhéran, un allié du régime Assad.

Parallèlement, le secrétaire d'Etat John Kerry participera mardi à Londres à une réunion des "Amis de la Syrie", groupe de pays soutenant l'opposition, pour discuter de la conférence baptisée Genève-2.

Celle-ci s'annonce compliquée, d'autant que l'opposition est profondément divisée sur la question de sa participation, tandis que les deux protagonistes restent en total désaccord sur la place du président Assad dans une éventuelle transition.

Ces tractations interviennent plus d'un mois après la conclusion d'un accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, qui a éloigné la menace d'une frappe américaine, lancée après une attaque chimique meurtrière imputée au régime le 21 août près de Damas.

Alors que M. Kerry a assuré que les armes chimiques syriennes pourraient être "convoyées par bateau hors de la région" pour être détruites en toute sécurité, la Russie a jugé cette proposition prématurée.

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