mercredi 22 février 2012

Manque d'eau saine en Chine

On a tendance à présenter la Chine comme la grande bénéficiaire du déclin conjoint de "l'Empire américain" et de la crise de l'Eurozone. Certains spéculent même sur l'éventualité d'une "alliance" géostratégique avec son rival immédiat, la Russie, chacun bien conscients des bénéfices qu'ils pourraient ensemble, tirer du recul de l'omniprésence américaine, au Moyen-Orient, notamment. C'est faire fi du mode de développement qui structure cette grande puissance émergente depuis la nuit des temps et des défis internes auxquels elle est confrontée. Pour y faire face, Pékin pourrait s'inspirer des techniques d'assainissement des eaux expérimentées en Israël et de l'agriculture américaine. Mais, il convient ni de surévaluer des avancées surprenantes, ni de sous-évaluer les risques encourrus par la Chine autant que par le reste du monde, du fait de l'interdépendance globales des économies ...
Par Taylor Dinerman
Le problème de l’eau en Chine peut aussi affecter le reste du monde.
Une énorme crise à facettes multiples prend son essor en Chine. L’économie la plus importante du monde et son développement rapide, est à court d’eau fraîche et saine. Alors que les choses vont de plus en plus mal, cette crise mènera à une augmentation globale des prix de l’alimentaire, à un ralentissement du taux de croissance du PIB de la Chine et à l’éventualité d’un nouveau cycle de tensions avec ses voisins, notamment la Russie, qui, en Sibérie, contrôle l’unique ressource d’eau fraîche suffisamment proche pour répondre aux besoins de la Chine.
La Chine est peuplée d’environ 20% de la population mondiale et dispose d’à peu près 7% de l’eau du monde. Traditionnellement, la bonne gestion de l’eau pour son transport, l’irrigation et le contrôle des flux a été la façon dont le peuple chinois pouvait déterminer si l’Empereur et sa dynastie bénéficiait ou non du « Mandat du Ciel ». Grâce à ce « Mandat du Ciel », les cercles dirigeants avaient la légitimité et l’autorité de diriger ; sans elle, le peuple supposait que les troubles politiques et un changement de dirigeants étaient en cours.
William McNeil, dans son étude de l’histoire mondiale, en 1964, “L’apparition de l’Occident », décrivait ce « Mandat du Ciel » : « Tien (le Ciel) conférait un mandat à quiconque était désigné pour exercer l’autorité politique, mais le mandat pouvait se voir retirer, à chaque moment, de la même façon mystérieuse qu’il avait initialement été conféré ». McNeil poursuit, en expliquant que : « L’échec de l’Empereur à respecter l’un des aspects de sa fonction [qui consiste à respecter la tradition et à savoir bien gouverner] peut entraîner un désastre pour le pays – une inondation, une famine ou la peste – et, dans les cas extrêmes, cela peut même provoquer le retrait du mandat du Ciel et le renversement à jamais de la dynastie de l’Empereur ».
Depuis environ l’an 600 avant l’ère ordinaire, les efficaces dirigeants chinois ont investi dans une irrigation gigantesque et des projets de construction de canaux, dans le but d’accroître la prospérité de l’Empire et, par ce biais, sa puissance militaire.
Le climat et la géographie de la China, particulière dans le nord, requiert une irrigation extensive, et, de la même façon, des systèmes extensifs de contrôle des flux. Par le passé, les failles d’un seul de ces systèmes, ou des deux, ont provoqué des famines et des inondations qui ont des tué des millions de personnes.
Karl Wittfogal, le Sinologue de naissance allemande, don’t les travaux, en 1957, “Le Despotisme Oriental », portant sur les conséquences de ce qu’il a appelé : « la Civilisation hydraulique », écrivait : « Dans la Chine impériale, toute famille roturière était censée fournir un travail pour les services hydrauliques, parmi d’autres ». Le pouvoir d’organiser concrètement le travail de millions de paysans chinois pour construire des fortifications et des routes, aussi bien que des systèmes hydrauliques a permis à la civilisation chinoise antique d’accéder à sa capacité étonnante de survivre, alors que d’autres civilisations ont surgi puis périclité.
Alors que la population chinoise s’accroissait, et que ses besoins alimentaires devenaient plus importants et plus variés, c’est devenu une véritable obsession de tout gouvernement de maintenir les prix de l’alimentation à des tarifs que tant le peuple que son gouvernement pouvaient se permettre.
Dans une étude publiée en 2000, Xinoying Ma et Léonard Ortolano, dans « La régulation de l’environnement en Chine », déclaraient que « De nombreux fleuves, de lacs et d’estuaires de Chine sont encrassés, et pour certains fleuves, tel que le Huaï et le Hai, plus de 50% de la surface des eaux du bassin de la rivière appartiennent à la plus basse catégorie des eaux chinoises, la Classe V. Ces eaux sont si contaminées qu’elles ne peuvent être utilisées uniquement que dans les écoulements industriels et à quelques rares autres objectifs ». Il n’y a aucun signe que la situation se soit significativement améliorée.
Aujourd’hui, le peuple chinois souffre autant d’un manque général d’eau et d’une pénurie d’eau saine encore plus déterminante. Le problème semble empirer : selon un rapport cité dans le magazine The Economist, plus de 43% des rivières gérées par le gouvernement chinois fournit une eau qui est « incompatible à tout contact humain ». Il affirme également que les sources souterraines d’eau pour 90% des villes chinoises, sont contaminées.
Cet hiver, le plus grand lac d’eau fraîche de Chine s’est pratiquement tari, à la suite d’une sécheresse extraordinaire qui a empiré à cause des effets du barrage géant des Trois Gorges, sur le fleuve Yantse. Pour une nation relativement pauvre comme la Chine, la gestion combinée des besoins énergétiques et de l’eau est exceptionnellement difficile à maîtriser, particulièrement, lorsque la légitimité du gouvernement est en jeu.
Alors que les autorités chinoises peuvent tenter d’atténuer ces problèmes en important, dans une certaine mesure, des technologies d’assainissement de l’eau d’Israël, des Etats-Unis et d’ailleurs, l’ampleur du volume requis en eaux saines surpassera les efforts actuellement entrepris. Selon Wa et Ortolano, « Les dommages liés à la pollution sont en extension. De nombreux hectares de terres fermières ont cessé de produire, à cause de l’encrassement par des produits agrochimiques et des eaux usées lourdement contaminées, utilisées pour irriguer les cultures ».
Le cœur du dilemme auquel la Chine est confrontée est que les vieilles méthodes décrites par Wittfogal, qui mobilisaient des millions de paysans à réaliser quelques semaines ou mois de travail non rémunéré à l’irrigation et aux systèmes de contrôle des flux, chaque année, ne fonctionnement plus. Ce dont la Chine a besoin, c’est de nouvelles infrastructures fournissant de l’eau claire aux villes, de nouvelles méthodes d’irrigation et d’un vaste effort pour assurer que les normes de régulation de la pollution sont respectées. C’est cette dernière exigence qui reste la plus difficile à honorer.
Une solution partielle au problème de la contamination agrochimique des rivières serait l’adoption d’une agriculture de précision, parfois appelée culture GPS, qui fonctionne en combinant la carte géologique de l’humidité des sols autour d’une ferme, à un système GPS monté sur une machine agricole, telle qu’un tracteur. Le fermier emploie cette technique pour épandre juste ce qu’il faut de fertilisant, de pesticides et d’herbicides dans chaque champ, et pas plus. Aux Etats-Unis, cette forme appropriée de culture GPS a réduit l’utilisation de produits agrochimiques d’environ un tiers. La Chine travaille activement à l’adaptation de cette technologie à ses besoins locaux, mais il faudra des années avant que l’agriculture GPS puisse avoir un impact sur le problème de la pollution des eaux de la Chine.
Les Nations qui aspirant à un plus haut niveau de vie découvrent aussi que leurs citoyens ne sont plus disposes à sacrifier leur air pur et leur eau saine dans la réalisation d’une croissance économique à grande échelle. A la différence de l’URSS, la Chine a espéré devenir une puissance globale sans construire le même genre de puissance industrielle socialiste qui a voué le communisme russe à l’échec. Non seulement les usines de Russie n’ont réussi qu’à produire des biens qui valaient effectivement bien moins que les matières premières utilisées pour les fabriquer, mais elles ont laissées un héritage de pollution qui, à ce jour, a contribué à maintenir la Russie à un statut industriel de seconde classe.
La Chine n’a pas d’aute choix que d’investir lourdement dans les technologies d’assainissement des eaux. Les questions que doivent se poser les observateurs extérieurs sont les suivantes : « Cela sera-t-il suffisant, et cela surviendra ti-l à temps pour empêcher une perte conséquente de la capacité de la Chine à s’alimenter elle-même ? La pénurie de nourriture et l’augmentation des prix en Chine ont déjà eu un impact sur la globalité des prix de l’alimentaire ; si les choses empirent en Chine, le monde entier pourrait en comprendre sa douleur.   

http://www.stonegateinstitute.org/2854/china-mandate-of-heaven

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire