vendredi 10 février 2012

Syrie guerre des blocs par procuration




Proche et Moyen-Orient : Une guerre civile se propage en Syrie, la guerre par procuration entre les blocs (Russie, Chine, Occident) aussi ?
Par Aschkel et David Feldman
Si une date devait être fixée pour marquer la fin de « l’ère post-soviétique » dans la politique mondiale, elle pourrait être celle du 04 Février 2012 du double veto de la Russie et de la Chine, (résolution de la Ligue arabe sur la Syrie au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies) et qui constitue un événement décisif.
Coïncidence ou non, le secrétaire général de l’Atlantique Nord (OTAN) Anders Fogh Rasmussen, a choisi ce même jour pour indiquer à la Russie, que l’alliance mettrait en œuvre les premiers éléments du système du Bouclier anti-missile (ABM)  en Europe (sommet de l’alliance qui se tiendra en mai à Chicago), ne tenant pas compte des objections de Moscou.
Le premier double véto de la Russie et la Chine sur la question syrienne au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies date d’Octobre dernier et a été un mouvement coordonné cherchant à saborder une résolution qui pourrait être exploitée par l’alliance occidentale pour monter une opération militaire en Syrie.
Mais la répétition du véto sur une motion poussant le président syrien Bachar al-Assad à abandonner le pouvoir donne une signification beaucoup plus grande.
Guerre par procuration
La situation syrienne a évolué depuis Octobre et est venue se greffer de façon géopolitique sur l’avenir du régime iranien, le contrôle du pétrole du Moyen-Orient et de la perpétuation de l’influence prépondérante de l’Occident dans cette région.
La Russie et la Chine ont senti qu’elles pourraient être écartées du Moyen-Orient.
Avec ce double veto, la seule option disponible pour les États-Unis et ses alliés en Syrie est aujourd’hui de bafouer le droit international et la Charte des Nations Unies pour renverser le régime de Damas.
En effet, une option existe – la voie de l’intervention secrète. Selon l’ancien agent Philippe Giraldi de la CIA, (article du magazine The American Conservative:
Les avions de l’OTAN sont arrivés à la base militaire turque à proximité d’Iskenderum à la frontière syrienne, des livraisons d’armes (qui ont servi en Libye), ainsi que des bénévoles de la Jamahiriya lybienne (Conseil national de transition) expérimentés forment des bénévoles locaux contre les soldats syriens, une compétence qu’ils ont acquis face à l’armée de Kadhafi.
Iskenderum est également le siège de l’armée syrienne libre, l’aile armée du Conseil national syrien.

Les Français et les britanniques ont des forces spéciales  sur le terrain, et aident les rebelles syriens tandis que la CIA fournit des d’équipements de communication et de renseignement pour aider les rebelles contre le régime, (ce qui permet aux combattants d’éviter les concentrations de soldats syriens).
Giraldi ajoute que les analystes de la CIA sont eux-mêmes « sceptiques quant à l’approche de la guerre», car ils savent que le compte des civil tués relevé par les organismes des Nations Unies est largement basé sur les sources des rebelles et non corroborées.
La CIA doute de défections massives au sein de l’armée syrienne.
De même, les comptes de batailles rangées entre déserteurs et soldats fidèles semblent être parfois fabriqués, bien que quelques défections se confirment de façon indépendante.
Si Washington connaît les réalités du terrain en Syrie, Moscou et Pékin les connaissent aussi.
Les Etats-Unis, ses alliés et la Turquie peuvent multiplier les opérations manifestes. Mais la Russie peut également mettre en exergue le « coût » politico-militaire de la guerre secrète. Le Ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré ces jours derniers que Moscou « fera tout son possible pour éviter une interférence lourde en Syrie », même si elle « ne peut pas empêcher une intervention militaire dans les affaires syriennes si cette décision est prise par un pays. »
D’autre part, l’Occident n’accepte pas que la Russie se comporte comme un arbitre en Syrie (tentatives répétées de Moscou pour amener les factions syriennes et le gouvernement au dialogue politique).
Moscou sent que la position politique du président Bachar Al-Assad s’affaiblit tandis que l’Occident calcule que la position russe devient de plus en plus intenable.
L’Occident a pourtant choisi d’ignorer la position de la Chine.
De toute évidence, l’Occident est dédaigneux sur les prétentions du dragon (Chine) au Moyen-Orient, alors qu’il prend l’ours (la Russie) au sérieux, compte tenu de sa vaste expérience historique dans les affaires de cette région.
Donc, l’Occident considère la Russie comme un obstacle aux réformes démocratiques et pour le changement au Moyen-Orient.
L’ambassadeur américain à l’ONU Susan Rice, a choisi ses mots avec soin pour  épater la galerie qu’elle sentait «dégoûtée» suite au droit de veto de la Russie.
La Russie est déterminée à ne pas se laisser entraîner dans des guerres par procuration, ce qui ponctionnerait ses ressources, mais l’Occident est à l’aise avec le richissime émir du Qatar prêt à financer les opérations.
Encore une fois, abandonner un « allié » pourrait sérieusement nuire à l’image de l’Occident au Moyen-Orient à un moment historique où une lutte géopolitique est en jeu, et qui  aura à long terme un impact mondial.

Garder la Russie, un géant de l’énergie, et les oligarchies riches en pétrole du golfe Persique a  toujours été une des priorités dans les stratégies occidentales ces dernières décennies.
Le ministère russe des Affaires étrangères Lavrov a déclaré dans un communiqué publié dimanche, « la Russie est en consultation avec d’autres pays, et est fermement décidée à chercher le plus rapidement possible une  stabilisation de la situation en Syrie . »
La Russie s’est félicité  de la prorogation de la mission de Ligue arabe en Syrie, qui d’après Moscou « a prouvé son efficacité en tant que facteur de « désescalade » de la violence. »
Le sentiment d’urgence est palpable, mais l’Occident  bloquera certainement  la mission Lavrov.
Burhan Ghalioun du Conseil national syrien (un exilé syrien et universitaire à la Sorbonne) n’a pas encore trouvé ses marques en Syrie, Son retour à Damas est problématique, et tout cela alors que la guerre civile se propage en Syrie.  La situation est en train de devenirune guerre par procuration comme à l’époque de la guerre froide.
La toile de fond est également lourde de parallèles troublants.
La Chine a mis sous pression les États-Unis lorsque ces derniers ont évoqué leur « virage stratégique » vers l’Asie.
Préoccupations russes et chinoises
Suite à la mise en place d’une base militaire américaine en Australie, Washington est actuellement en pourparlers avec Manille pour accroître sa présence militaire américaine en Asie du Sud.
Manille est disposé à accueillir des navires américains et des avions de surveillance, et est d’accord pour la tenue d’exercices militaires conjoints. Manille a également demandé aux  États-Unis (deux décennies après que les forces américaines aient été expulsées de la baie de Subic, leur plus grande base dans le Pacifique) de la réoccuper. Pékin menace les Philippines depuis de lourdes sanctions.
Lors de la conférence annuelle sur la sécurité à Munich ce week-end, Pékin a fait valoir son mécontentement.
Le Vice-Ministre des Affaires étrangères Zhang Zhijun a mis en garde « les pays non asiatiques » de renoncer à leurs tentatives de positionner une présence militaire qui aurait pour but de créer des tensions ou de renforcer ou une alliance dans la région pour « imposer leur volonté sur l’Asie ».
Il a affirmé: « Les intérêts de l’Asie doivent être respectés » et met en garde contre «toute tentative de tordre les règles internationales. »
Global Times a également souligné récemment que les plans stratégiques des Etats-Unis ainsi remodelés ne laissent pas d’autres choix à Pékin et Moscou que de réagir.
Jusqu’à présent, Moscou et Pékin les réactions étaient  relativement limitées, alors que l’OTAN cherche à étendre sa présence stratégique en Europe orientale et en renforçant ses alliances militaires en Asie.

La Russie et la Chine ont une méfiance réciproque l’une envers l’autre mais  ne veulent pas déclencher des doutes sur leurs relations extérieures.  Dans les deux pays, un nombre croissant de personnes plaident aujourd’hui pour  « une alliance » Moscou-Pékin.
Les deux entrevoient des contre-mesures contre les États-Unis, et sont capables de dissuader les alliés des États-Unis.
S’ils sont vraiment déterminés à s’allier, alors l’équilibre des pouvoirs concernant les nombreux enjeux mondiaux changera.
Dernièrement les liens entre Moscou et l’Occident se sont détériorés.
Les pourparlers américano-russes sur l’ABM(bouclier anti-missile) sont dans l’impasse.
Washington rejette le plaidoyer de Moscou pour une garantie juridiquement contraignante et  que le déploiement anti-missile  ABM en Europe n’ait pas d’impact dissuasif stratégique contre la Russie.
Dmitri Rogozine, (vice-Premier ministre russe), a déclaré que les États-Unis et ses alliés de l’OTAN possédaient à l’heure actuelle 1.000 missiles capables d’intercepter les missiles balistiques intercontinentaux russes, couvrant ainsi toute la Russie européenne jusqu’aux montagnes de l’Oural. En Europe du nord également.
Il n’existe aucune garantie qu’après les première, deuxième et troisième phases de l’établissement du bouclier, il n’en y ait pas de quatrième, de cinquième et sixième.
« Pensez-vous vraiment qu’ils (Occidentaux) mettront fin à toutes leurs technologies après 2020? C’est absurde ! Ils iront de l’avant développeront  et renforceront les paramètres techniques de leurs missiles intercepteurs et les capacités de leurs systèmes anti-missiles »
« Le fait que le système de défense antimissile puisse frapper des missiles stratégiques et le fait que des bases et des flottes soient déployées dans les mers du Nord montre à l’évidence un objectif de  défense antimissile contre la Russie » ajoute Rogozine
De toute évidence, le double véto russo-chinois sur la résolution syrienne représente une action coordonnée pour contester une éventuelle intervention en Syrie (après l’action libyenne)
Lavrov a parlé à son homologue chinois Yang Jiechen juste avant le vote au Conseil de sécurité.
En utilisant son droit de véto, l’ambassadeur chinois à l’ONU Baodong Li a déclaré: «La Chine soutient les propositions révisées de la Russie. »
La guerre civile se propage en Syrie, la guerre au Proche et au Moyen-Orient par procuration entre les blocs aussi !
Par Aschkel et David Feldman pour Israël-flash

sources : asianewsnet- atimes - scmp - globaltimes - israel-flash - theamericanconservative -  nationaldefensemagazine


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