jeudi 11 juillet 2013

J’assume : catho, charitable et… opposée à l’immigration !

Cluzel
Ecrivain, journaliste.
Son blog.
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La visite récente du pape à Lampedusa, ses paroles de compassion pour les 25.000 Africains qui se sont noyés en tentant de rejoindre cette côte au cours des 15 dernières années seraient, si l’on en croit la grande presse, un reproche à l’endroit des gouvernants occidentaux tentés de maîtriser l’immigration. Elles seraient une injonction à ouvrir encore plus grand les vannes, un « J’accuse ! » vibrant contre nous autres, pays prospères et égoïstes, qui refusons de partager nos « richesses ».
La vertu théologale de charité telle qu’elle est conçue par le pape serait donc, à en croire la presse, en parfaite résonance avec les élans de solidarité immigrationniste de la gauche. Si je suis leur logique jusqu’au bout, ces salauds de cathos qui ont voté à 80 % Sarko plutôt que socialo aux dernières élections feraient bien d’aller fissa se confesser sous peine de se faire remonter gravement les bretelles par le pape François.
Et si l’on arrêtait de raconter n’importe quoi ?
Ces 25.000 Africains qui ont trouvé la mort sont 25.000 drames individuels, 25.000 pauvres hères ruinés par des passeurs qui leur ont laissé espérer un pays de cocagne, 25.000 âmes qui touchent le cœur du pape. Et viennent démontrer, s’il en était besoin, que la gestion des flux migratoires est devenue la question essentielle, prépondérante, cruciale qui devrait être l’épicentre des préoccupations de nos gouvernants et non pas un « non-sujet », un parcours hors piste casse-gueule sur lequel le politique prudent ne s’aventure pas – tant pis si ses électeurs, eux, se prennent l’avalanche.
Le pape fustige « la globalisation de l’indifférence » : je suis d’accord. « Demande pardon pour ceux qui, avec leurs décisions au niveau mondial, ont créé les situations qui conduisent à ces drames. » Je souscris.
Et qui donc, au « niveau mondial », a créé « ces situations » sinon ceux qui, pour des raisons économiques de main-d’œuvre à bas coût et dans un esprit d’esclavagisme moderne, ont déraciné ces populations pour les faire venir sur le sol européen, relayés aujourd’hui par ceux qui, soucieux de leur réélection, continuent de s’employer à les attirer dans l’idée d’en faire les supplétifs électoraux d’un prolétariat défaillant ?
Et qui donc se rend coupable « d’indifférence » sinon ceux qui font mine de ne pas voir l’impossible miscibilité du mélange, l’impossible absorption par le corps d’origine, ces « upper classes », apôtres de la générosité et de l’accueil… par les autres, bien à l’abri, quant à eux, dans leurs bantoustans des beaux quartiers à la cote immobilière prohibitive ?
Les catholiques, eux, ne peuvent pas être indifférents. Indifférents à la misère des migrants, sans doute, mais aussi à celle de ceux que notre élite somme un peu plus chaque jour de se pousser, de se faire tout petits, voire de se laisser piétiner pour leur faire une place (mais serrez-vous donc un peu, mon brave, que l‘on puisse rajouter encore une paillasse, et cessez donc de faire votre populiste obtus !). Indifférents à la dissolution de leur culture bimillénaire dans d’autres cultures qui doutent moins d’elles-mêmes. Indifférents au climat explosif que cette cohabitation forcée induit. Indifférents aux avertissements de leurs pairs d’Orient, et notamment actuellement de Syrie, qui, réfugiés chez nous, s’inquiètent d’assister sur notre territoire à ce qui, sur leur sol, a constitué les prémices de leur persécution. « Veillez par tous les moyens sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de vos yeux. » C’est un prédécesseur du pape François qui l’a dit. Il s’appelait Jean-Paul II.

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