lundi 15 juillet 2013

Les méfaits du colonialisme ? Avoir voulu imposer notre démocratie !

Réduire, comme le fait Roger Galinié, l’influence de la colonisation sur le destin des pays africains au profit tiré de la construction d’hôpitaux, d’écoles et de routes, est fort éloigné du vrai problème. Monsieur Galinié semble pourtant percevoir celui-ci lorsqu’il rappelle que, bien souvent, seuls les chefs de ces États bancals profitent encore aujourd’hui des infrastructures laissées derrière eux par les colons. Mais il faudrait alors s’interroger sur la raison pour laquelle c’est une oligarchie égoïste qui finit par festoyer sur l’argent produit (ou reçu) par son pays sans que jamais un autre habitant ne puisse s’approcher de la table.
Considérer comme LA civilisation ce que l’Occident a exporté en Afrique durant l’ère coloniale est erroné : en dehors des équipements technologiques mentionnés plus haut, les structures culturelles et politiques que l’on a voulu plaquer sur ce continent se sont révélées parfaitement inadaptées et profondément destructrices. Peut-être, précisément, parce que l’Afrique n’est pas constituée de « peuples » mais d’ethnies.
Si la nature a voulu qu’il y ait plus de différences génétiques entre un Africain et un autre d’une ethnie voisine qu’entre un Européen et un Asiatique, peut-être faut-il admettre cet état de fait et concevoir une civilisation où les ethnies arpentent chacune un territoire défini qui se mélange peu à celui des autres, ainsi que le prônait notamment Bernard Lugan face à Robert Ménard dans une interview à propos de l’Afrique du Sud. Le véritable crime occidental, en Afrique, fut d’ignorer cette spécificité et de la croire soluble dans les conceptions occidentales de la civilisation.
Il ne s’agit pas de donner dans l’anticolonialisme primaire fondé sur un vague sentiment humaniste. Le monde européen s’est construit, faut-il encore le répéter, sur son héritage gréco-romain et les enseignements des Églises chrétiennes. Ils structurent notre perception des rapports humains, bien différente de ce qu’ils sont dans une Afrique mise au monde par l’animisme dans sa grande majorité. L’œuvre de Claude Lévi-Strauss n’est pas seulement un plaidoyer estampillé « commerce équitable » pour gentils Indiens dans leurs forêts. Il faut y lire l’impérieuse nécessité de laisser chaque foyer de peuplement se construire au gré des rapports au monde qu’il a établi depuis la nuit des temps.
Les Africains s’asseyaient autour d’une table pour discuter des problèmes rencontrés par leurs tribus, rappelait Léopold Sédar Senghor face aux critiques faites au système du parti unique. Remplacer ce fonctionnement par un autre (le nôtre), voilà qui a pu provoquer les déséquilibres qui mènent aux inégalités dénoncées partout aujourd’hui.

Nicolas
Vodé
Étudiant
Étudiant en khâgne et rédacteur sur le blog 'Le Rouge et le Noir'.

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