jeudi 28 février 2013

Pourquoi les paras restent utiles

Un entretien avec le général Paulet, commandant de la 11ème brigade parachutiste, sur les opérations aéroportées à la lumière du Mali

Pourquoi les paras restent utiles
Le général Patrice Paulet, 52 ans, commande la 11ème brigade parachutiste. « Repmen », il a effectué une grande partie de sa carrière au 2ème REP de Calvi. Pour ce blog, il revient sur les opérations aéroportées (OAP) à la lumière des opérations au Mali.

250 paras largués sur Tombouctou ! On n’avait pas vu cela depuis longtemps. Cela confirme-t-il l’intérêt d’une technique qui remonte aux années 30 ?
On ne retient souvent des OAP que l’aérolargage, comme nous venons en effet d’en voir un à Tombouctou. Les aérolargages ne sont pourtant qu’un des deux modes de mise à terre des OAP, avec les posers d’assaut. Ces opérations peuvent également être complétées par des opérations héliportées. Si on peut poser un avion ou un hélicoptère, c’est mieux, car moins sensible à mettre en œuvre ! Mais parfois on ne peut pas… Et il faut passer alors par la portière. Les OAP, sous leurs deux formes, sont la spécificité de notre brigade para, qui est capable d’intervenir dans l’urgence et par la troisième dimension. Pour le reste, c’est une brigade interarmes comme l’armée de terre en compte d’autres. Il ne faut pas nous confondre avec les forces spéciales (FS), même si nous pouvons – comme d’autres – faciliter ou compléter leur engagement. Les FS opèrent dans un segment différent du nôtre.

Revenons à Tombouctou…
Oui, c’est une manœuvre rare en opérations. Chacun a en mémoire Kolwezi, en 1978, mais il y a eu également Birao (Centrafrique) en 2006. En 2004, le 8ème RPIMa avait sauté sur le Kosovo en arrivant de France pour montrer notre capacité de réaction rapide. Et en novembre 2004, le REP devait sauter sur Abidjan pour sécuriser l’aéroport, mais au dernier moment nous avons pu faire un poser d’assaut. Ce qui est une solution préférable, car plus souple à mettre en œuvre.
A Tombouctou, donc, le 28 janvier, les paras ont été largués de nuit à une altitude de moins de 300 mètres par cinq avions en provenance d’Abidjan. La veille, un poser d’assaut avait été conduit sur l’aéroport de Gao. Toujours à Tombouctou, nous avons réalisé une première depuis Dien Bien Phu : le largage de la Section d’aide à l’engagement parachutiste (SAEP) du 17ème régiment du génie parachutiste. Ce sont les spécialistes de la remise en état des pistes sommaires : quatre véhicules – petit bulldozer, niveleuse, petit camion – ont été largués sur des palettes avec plusieurs coupoles (parachutes – ndlr). Ils ont remis en état 2000 mètres de piste pour permettre aux avions de se poser. Nous avons également déployé, à Abidjan, une base d’opérations aéroportées du 1er régiment de train parachutiste. C’est de là que sont conditionnés tous les matériels lourds largués en livraison par air. Par ailleurs, nous avons déployé le PC aérolargable de la brigade qui est capable d’être opérationnel trois heures après un largage.

Cela doit faire des jaloux à l’étranger. Qui sait faire la même chose en Europe ?
Honnêtement, nous sommes les seuls à avoir conservé toute la palette des OAP. Beaucoup de pays possèdent des unités parachutistes et nous avons par exemple une coopération étroite avec la 16ème brigade britannique. Hors d’Europe, Américains et Russes ont de fortes capacités aéroportées.

Votre brigade a des effectifs supérieurs aux autres. Pourquoi ?
Nous sommes en effet 7.500, y compris l’Ecole des TAP de Pau et notre centre de formation initiale des jeunes engagés à Caylus. La Brigade se compose de huit régiments opérationnels, dont quatre d’infanterie. En plus du rythme de toutes les brigades interarmes de l’armée de terre, nous avons en effet un « contrat d’alerte permanent » spécifique TAP et deux compagnies parachutistes « captives » - que nous fournissons en Nouvelle-Calédonie et au Gabon. Le REP doit, en alternance avec le 2ème REI, fournir une compagnie aux Emirats, dans le cadre de la Légion étrangère.
 

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