mardi 9 avril 2013

Margaret Thatcher : tout ce qu'on oublie trop souvent de dire d'elle

Il y avait tout pour faire un bon film : les moyens, l’actrice, l’histoire. Il a fallu qu’un scénariste peu inspiré le transforme en mélo guimauve sur les difficultés du grand âge et l’ascension d’une femme seule dans un monde d’hommes hostiles. Comme si l’on n’osait pas montrer ce qui fait le vrai charme de Margaret Thatcher : sa politique.
Voici quelques scènes que j’aurais aimé voir dans La Dame de Fer :
Maggie faisant campagne à 24 ans dans le Dartford (elle ne sera pas élue), surprenant ses adversaires en discutant des problèmes quotidiens des gens, en maîtrisant les prix de la livre de viande ou du kilo de farine, en protestant contre la hausse des loyers.
Maggie, députée de l’opposition, donnant en 1968 son premier grand discours à Blackpool, où elle avertit déjà des dangers du consensus, "une tentative de plaire aux gens qui ne pensent par grand-chose sur tous les sujets". Elle affinera plus tard sa définition, faisant du consensus "ce que personne ne croit, mais que personne ne rejette".
Maggie assaillie de critiques, voyant sa cote de popularité tomber à 19 % après moins de deux ans au gouvernement, et lançant à la conférence du parti conservateur à Brighton : "The Lady’s not for turning !", intraduisible expression qui exprime toute sa conviction d’être dans le droit chemin et sa volonté de ne pas céder aux pressions de l’opinion.
Maggie brandissant devant des journalistes un livre du penseur libéral Friedrich Hayek en précisant : "Voici ce en quoi je crois".
Maggie ordonnant dans le plus grand secret le stockage de 49 millions de tonnes de charbon un an avant de lancer son offensive contre les syndicats de mineurs – ce qui lui permet d’assurer l’approvisionnement en électricité du Royaume durant toute la durée du conflit.
Maggie en campagne, cousant une poche sur un bleu de travail dans une usine. Ce qui lui valut ce compliment du contremaître : "Si elle n’est pas élue, je l’embauche".
Maggie non pas pendant, mais après l’attentat de Brighton où cinq membres de son parti perdirent la vie, faisant ouvrir le lendemain matin Marks and Spencer une heure en avance afin que chacun puisse s’acheter des vêtements neufs et que la conférence commence à l’heure.

Maggie accordant en 1987 la première interview en direct d’un leader étranger à une télévision soviétique, et faisant en plein Moscou l’apologie d’une société ouverte et des libertés individuelles. Eltsine reconnut dix ans après que "l’interview de Mrs Thatcher marqua la fin du système d’Etat soviétique".
Et pour finir le film, je propose un flash-back sur Helmut Schmidt lâchant en marge d’un dîner officiel en 1979 : "L’Angleterre n’est plus une nation développée". On oublie qu’à cette époque, le Royaume-Uni était l’homme malade de l’Europe, soumis à un programme FMI, paralysé par les grèves, drogué à la dépense publique (60 % du PIB, davantage qu’en France aujourd’hui !). Après dix ans de thatchérisme, le nombre de fonctionnaires a baissé de moitié, le budget est excédentaire, la productivité en hausse, le taux de chômage ramené à moins de 6%. L’Angleterre est devenue – et restera pour une quinzaine d’années – le moteur de l’Europe, attirant les talents du monde entier.
Voilà ce que je souhaite aujourd’hui pour mon pays : une politique de conviction, incarnée par un leader courageux, consciencieux, inébranlable. Quelqu’un qui sache se battre contre l’establishment, qui accepte l’impopularité, qui trace des plans à long terme et n’en dévie pas. Maggie, reviens !

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