mardi 7 mai 2013

Plus de mondialisation, moins de pauvreté

Le taux de pauvreté extrême a été divisé par deux en vingt ans grâce, non pas aux socialistes du monde entier et autre beaux parleurs impuissants, mais grâce à la mondialisation, l’économie de marché, l’emploi privé, et la libéralisation des échanges. Par Pierre-Antoine Delhommais pour Le Point.
Le grand miracle de l’économie mondiale se poursuit. C’est forcément un peu difficile à concevoir quand on vit dans la seule région de la planète en récession ; ça l’est encore plus quand on habite une France qui voit le ciel lui tomber sur la tête, où la crise morale vient s’ajouter à la crise économique et financière en attendant qu’éclatent la révolte fiscale et la colère sociale. Mais, oui, le grand miracle de l’économie mondiale se poursuit. Sans l’Europe et sans la France, certes, mais il se poursuit. Jamais depuis la naissance de l’humanité, pour employer des grands mots, la machine économique mondiale n’a aussi bien tourné qu’en ce moment. Jamais la mission première qu’on lui fixe, à savoir améliorer le bien-être sur terre, n’a été aussi bien remplie qu’aujourd’hui.
En 2000, à New York, 193 États et 23 organisations internationales avaient défini et adopté huit grands objectifs économiques, sociaux et planétaires, pompeusement dénommés Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Au premier rang d’entre eux figurait celui de diviser par deux, entre 1990 et 2015, le taux de pauvreté extrême dans le monde. A l’époque, personne n’envisageait sérieusement qu’il pourrait être atteint.
Mais c’est avec cinq ans d’avance qu’il l’a été. Au milieu du tintamarre provoqué par l’affaire Cahuzac, personne n’a prêté attention à cette annonce faite début avril par le patron de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. En 1990, 43 % des habitants de la planète vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour. En 2010, ils n’étaient plus que 21 %. En vingt ans, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est tombé de 1,9 milliard à 1,3 milliard alors que la population mondiale bondissait dans le même temps de 5,3 à 6,9 milliards.
Bien sûr, on peut toujours faire la fine bouche. Signaler par exemple qu’en prenant un seuil à 2 dollars par jour, on compte toujours près de 2,5 milliards de personnes absolument pauvres, soit 43 % de la population de la planète. Souligner aussi que la baisse de la pauvreté est en trompe-l’oeil, puisqu’elle est surtout le fait de l’Asie du Sud, et en particulier de la Chine (où le taux est passé de 60 % en 1990 à un peu plus de 10 % aujourd’hui). Indiquer enfin que, malgré cet enrichissement monétaire, 870 millions de personnes souffrent de la faim et 6,9 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année.
Tout cela est vrai, affreusement vrai, mais n’enlève rien au caractère enthousiasmant de la nouvelle : malgré la crise économique gravissime qu’a connue l’Occident, la misère a plus reculé sur terre en une génération qu’au cours des deux millénaires précédents. Mieux, cette évolution monétaire s’est accompagnée de progrès sociaux jamais vus. La proportion d’enfants de moins de 5 ans en insuffisance pondérale est passée de 29 % en 1990 à 18 %. Durant la dernière décennie, 8 millions de personnes atteintes du sida ont été soignées aux antirétroviraux et le nombre total d’enfants non scolarisés a diminué de plus de 40 %. Entre 2004 et 2011, le nombre annuel de décès attribuables au paludisme – qui tue encore un enfant chaque minute en Afrique et ampute le PIB de ce continent de 12 milliards de dollars par an – a chuté de 75 %. De quoi, tout de même, un peu relativiser nos malheurs économiques et la baisse de 0,4 % de notre pouvoir d’achat.
L’autre très bonne nouvelle, c’est que le mouvement de baisse de la pauvreté devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies. Et même s’accélérer. M. Kim s’est fixé un nouvel objectif : éradiquer la pauvreté absolue à l’horizon 2030, en ramenant son taux de 21 % actuellement à moins de 3 %.
Les pays en développement ne l’atteindront qu’à trois conditions : 1) une forte croissance économique ; 2) une forte croissance économique ; 3) une forte croissance économique. C’est elle qui, depuis vingt ans, a permis des succès inespérés dans la lutte contre la pauvreté. Le PIB des pays émergents a progressé à un rythme de près de 6 % par an depuis 2000, un rythme que M. Kim espère maintenir et même faire accélérer au cours des prochaines années.
Le plus sûr moyen d’y parvenir, voire le seul : renforcer la mondialisation, développer l’économie de marché, augmenter l’emploi privé, accroître la libéralisation des échanges. Bref, continuer à faire demain ce qui a marché hier. Entre 1958 et 1978, la Chine fermée et planifiée avait connu un taux de croissance annuel moyen de 5,8 %. Depuis 1980 et les premières réformes engagées par Deng Xiaoping pour ouvrir l’économie chinoise sur le reste du monde, ce taux est monté à 9,8 %.
Face aux sornettes décroissantes, face à l’hymne antimondialisation entonné en choeur et à tue-tête par les Le Pen, Mélenchon et Montebourg, il n’est jamais inutile de rappeler la vérité brute des faits économiques. Car, à l’évidence, il est encore plus difficile d’éradiquer la bêtise que d’éradiquer la pauvreté.
Source : http://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais/plus-de-mondialisation-moins-de-pauvres-25-04-2013-1659615_493.php

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