jeudi 9 mai 2013

Syrie: 60 % du pétrole sous contrôle des Kurdes



Selon Saleh Moslim, co-président du PYD, principal parti kurde en Syrie, 60 % du pétrole est sous contrôle des kurdes.  "Nous protégeons les puits de pétrole" a-t-il affirmé, avant de souligner que les kurdes réécrivent leur histoire au Moyen-Orient.
 LA RECONSTITUTION DE L'HISTOIRE
"Le peuple kurde écrit son histoire, c'est une nouvelle histoire. Nous reconstruisons une histoire mal écrite. Aujourd'hui, les kurdes règlent leur compte avec l'histoire" a déclaré à l'ActuKurde Saleh Moslim.
Comptant sur un projet d'autonomie démocratique, élaboré par le leader Abdullah Ocalan, emprisonné sur une île en Turquie, et considéré comme une troisième voie,  les kurdes syriens sont aujourd'hui une force incontournable pour l'avenir de la Syrie. Les kurdes se trouvent maintenant en plein milieu de la balance et gardent toujours leur neutralité, malgré les pressions des forces internationales et régionales.  
"NOTRE POSITION N'A PAS CHANGE"
"Notre position n'a pas changé. Nous protégeons notre peuple. Nous affrontons parfois des forces du régime, parfois des groupes armés" souligne M. Moslim, tout en affirmant que les kurdes attendent que la coalition de l'opposition syrienne clarifie sa position sur les kurdes et l'avenir de la Syrie.  
Le processus de l'autonomie démocratique est sur les rails depuis plusieurs années, mais la révolte lancée en mars 2011 a accéléré la mise en œuvre de ce projet. Avant d'être contraint de se retirer des villes kurdes, le régime syrien a été très affaibli face aux structures parallèles mises en place par des Kurdes, comme des conseils populaires, des comités, une armée et  une force de police.
Depuis le 19 juillet 2012, les kurdes ont pris le contrôle de neuf villes dans leur région: Kobani, Afrin, Dirbêsiyé, Amude, Dérik et Girkê Lêgué, ainsi que ces trois villes; Tel Temir, Tirbespiyé et Rimêlan, où cohabitent les communautés Kurde, Arabe et Chrétien. Pour la ville kurde Serêkaniyê (Rass al-Ain), sur la frontière avec la Turquie, un accord sur la cessation des hostilités entre les kurdes et l'armée syrienne libre (ASL) a été conclu le 17 février 2013.  La seule ville kurde où des forces du régime sont toujours présentes est Qamishli, mais cette ville est dirigée par un conseil du peuple, installé par les kurdes.  Il y a aussi des villages kurdes dans la grande ville d'Hassaka, où les kurdes veulent créer un conseil qui représenterait toutes les communautés vivant dans cette région, afin de forcer le régime à se retirer.  
TROIS ZONES PETROLIERES
Les Kurdes ont également pris le contrôle des puits de pétrole dans leur région. Rmaylan, Til Kojer et Jibis sont les trois zones qui abritent les principaux champs de pétrole.  "Les régions qui produisent 60 % du pétrole en Syrie sont sous contrôle des Unités de défense du peuple (YPG)", armée kurde,  a affirmé le co-président du PYD. "La production du pétrole est arrêtée, mais les puits sont sous protection du YPG"  a-t-il ajouté.
La région kurde est riche en eaux,  en pétrole et en gaz. Les puits de pétrole et de gaz se concentrent dans la région de Djezira. Mais les kurdes ne peuvent toujours pas profiter de ces richesses en raison de la politique économique discriminatoire du régime Baas pendant des dizaines d'années. Toutes les richesses de la région kurde dont la richesse agricole ont été transférées vers des villes comme Damas et Alep pour l’exploitation. La région manque notamment d’usines, de raffineries et d’universités, ce qui avait poussé les kurdes à l’immigration massive dans le cadre de la politique « ceinture arabe », mise en œuvre en 1962, pour expulser toute la population kurde de la région de Djazira (Cîzre en Kurde) le long de la frontière turque et la remplacer par des Arabes.
Les autres zones pétrolières se trouvent notamment dans la région de Deir ez-Zor, contrôlée par des groupes armés. Neuf puits de pétrole dans cette région ont été récemment brulés, selon le dirigeant kurde Saleh Moslim. "Le régime ne contrôle aucune zone pétrolière, mais il n'y a pas non plus de production"  a-t-il ajouté.
"NOUS JOUONS LE ROLE DE PONT ENTRE LES KURDES ET LES ARABES"       
"Tout ce que nous voulons, c'est de vivre en liberté, en paix et dans la dignité sur nos terres" dit-il avant de poursuivre: "Il y a une guerre de pouvoir depuis 26 mois en Syrie. Nous avons adopté une stratégie différente. Nous savions depuis le début que la révolution syrienne ne ressemblera pas à celle de la Tunisie et l'Egypte. Les opposants du régime avaient parié sur la chute du régime dans un délai de six mois. Plus de deux ans ont passé et on ignore combien de temps cela durera encore.   Cette guerre de 26 mois a montré que la solution militaire n'amènera nulle part.  Et l'histoire a prouvé aussi que la stabilité au Moyen-Orient dépend de la stabilité en Syrie. Aujourd'hui, nous jouons le rôle de pont pour préserver la fraternité entre les arabes et les kurdes. Nous poursuivrons de jouer ce rôle historique."
Blog de Maxime Azadi 

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