mercredi 14 août 2013

Egypte: de nombreux morts, état d'urgence décrété pour un mois

Au moins 124 partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont été tués mercredi sur l'une des deux places évacuées de force au Caire, a rapporté un journaliste de l'AFP qui a pu compter les cadavres dans trois morgues improvisées. Ailleurs dans les pays, des affrontements ont également lieu et des églises coptes ont été brûlées. La présidence a décrété l'état d'urgence.
Scène de chaos en Egypte

Le bilan de 124 morts, sur la place Rabaa al-Adawiya, le principal point de rassemblement des manifestants qui l'occupent depuis plus d'un mois, ne tient pas compte des morts éventuels sur l'autre sit-in des pro-Morsi au Caire, la place Nahda, ni de ceux d'autres affrontements en cours dans le pays.
 
Les manifestants parlent, eux, de plus de 2200 morts et 10 000 blessés, des chiffres qu'il est impossible de confirmer de sources indépendantes.
 
Selon le ministère de la Santé, au moins 95 personnes ont péri, dont au moins sept membres de forces de sécurité.
 
La chaîne américaine Sky News a par ailleurs annoncé la mort d'un caméraman. "Le caméraman de Sky News Mick Deane a été tué par balle en Egypte ce  matin", a indiqué Sky News, ajoutant que ce sexagénaire père de deux enfants  "travaillait depuis quinze ans" pour la chaîne.
 
Selon l'agence Reuters, citant des sources de sécurité et médicales, il y a au moins neuf morts également dans la province du Fayoum suite à des affrontements entre anti-et pro-Morsi, et neuf morts dans la ville de Suez où des manifestants ont tenté de prendre des bâtiments publics.
     
Les forces de sécurité égyptiennes ont par ailleurs arrêté mercredi Mohamed El Beltagi, un des responsables de l'aile politique des Frères musulmans, selon les services de sécurité. L'homme a été interpellé près d'une des places du Caire où se rassemblent les pro-Morsi.
 
La fille de 17 ans d'un des principaux leaders des Frères musulmans a également été tuée par balles.
Suite à cette situation, la présidence a décrété l'état d'urgence pour un mois dans tout le pays. Il a imposé des couvre-feux au Caire et dans 11 autres provinces. "Après que la présidence a annoncé l'état d'urgence, des couvre-feux seront imposés de 19H00 (17H00 GMT) à 06H00 (04H00 GMT) jusqu'à nouvel ordre", a indiqué un porte-parole du gouvernement installé par l'armée après la déposition de Mohamed Morsi. Ces mesures s'appliquent au Caire et aux provinces de Guizeh, d'Alexandrie, de Beni Sueif, de Minya, d'Assiout, de Sohag, de Beheira, du Nord et du Sud-Sinaï, Suez et Ismailia.
 
Egypte: de nombreux morts, un caméraman de Sky News tué
Egypte: de nombreux morts, un caméraman de Sky News tué -
Gaz lacrymogènes et snipers
 
La police, soutenue par l'armée, a donné l'assaut en début de matinée sur les deux places que les pro-Morsi occupent depuis plus d'un mois avec femmes et enfants.
 
Le ministère de l'Intérieur a annoncé moins de deux heures après l'assaut que la place Nahda, la plus petite des deux, était totalement "sous contrôle de la police", assurant que deux membres des forces de l'ordre ont été tués quand la police a essuyé des "tirs" des manifestants.
Victime en Egypte
Victime en Egypte - MAHMOUD KHALED - IMAGEGLOBE
Sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, où campaient depuis plus d'un mois des milliers d'islamistes venus avec femmes et enfants, les bulldozers des forces de l'ordre qui avaient promis une opération "graduelle" et des "sommations", ont pris les manifestants par surprise à l'aube. 
L'imam d'Al-Azhar, plus haute autorité de l'islam sunnite, s'est désolidarisé de l'opération en expliquant à la télévision n'avoir pas eu connaissance des méthodes que les forces de l'ordre comptaient employer, après avoir pourtant apporté sa caution lors du coup de force des militaires contre Mohamed Morsi le 3 juillet.
 
Un responsable de la sécurité a affirmé à l'AFP que des résidents de la place Rabaa avaient aidé les forces de sécurité à arrêter des dizaines de manifestants, alors que la télévision diffusait des images d'hommes menottés assis au sol et de familles escortées hors du site.
 
"Ce n'est pas une tentative de dispersion mais une tentative d'écraser d'une façon sanglante toute voix opposée au coup d'Etat militaire", a dénoncé Gehad el-Haddad, porte-parole des Frères musulmans, sur Twitter. Sa confrérie a appelé "les Egyptiens à descendre dans la rue pour arrêter le massacre".
 
En réponse, les trains entrant et sortant du Caire ont été bloqués mercredi, afin d'éviter que des manifestations se reforment hors de la capitale, a annoncé le gouvernement. L'armée et la police égyptiennes ont également placé des barrages sur les routes autour de l'aéroport international du Caire.
 
Représailles: des églises coptes attaquées
 
En représailles à l'assaut, des partisans de Mohamed Morsi ont incendié trois églises coptes dans le centre de l'Egypte, ont rapporté des responsables de la sécurité et l'agence officielle Mena.
 
Selon ces responsables, deux églises ont été attaquées et en partie incendiées par des pro-Morsi dans la province d'el-Menia.
 
Le Youth Maspero Union, un mouvement de la jeunesse copte, a rapporté les mêmes faits, accusant les Frères musulmans, la confrérie de Mohamed Morsi, de "mener une guerre de représailles contre les Coptes".
 
Dans cette région, où vit une importante communauté chrétienne, des heurts opposaient les forces de l'ordre à des partisans de l'ex-chef d'Etat islamiste, qui ont coupé des routes y incendiant des pneus, ont ajouté les responsables de la sécurité.
   
A Sohag, une ville plus au sud où vivent également de nombreux chrétiens, des pro-Morsi ont jeté des cocktails molotov sur l'église Mar Gergiss, située dans l'enceinte du diocèse de la ville, a rapporté l'agence Mena, évoquant des actions de représailles à la dispersion au Caire.
   
Le clergé copte a soutenu la destitution par l'armée de Mohamed Morsi, le patriarche copte Tawadros II était même apparu aux côtés du général Abdel Fattah al-Sissi lors de l'annonce télévisée du coup de force des militaires le 3 juillet.

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