jeudi 22 août 2013

Egypte : l'armée a les mains libres

Tradition voltairienne de ce site oblige, nos avis peuvent diverger sur bien des sujets ; l’Égypte par exemple. Les analyses de Dominique Jamet ne sont pas forcément celles de votre serviteur, même s’il peut arriver parfois qu’elles en viennent à se compléter. Sur ce même sujet, Bernard Lugan fait lui aussi entendre sa petite musique personnelle.
En effet, « Entre le “cancer islamiste” – lire les Frères musulmans – et “l’apostasie militaire”– lire le général Abdel Fattah al-Sissi –, l’Égypte se dirige-t-elle vers une guerre civile dont les conséquences seraient telluriques pour toute la sous-région ? »
Certes, l’armée a toujours su demeurer maîtresse du jeu : « Elle a laissé la rue évincer le président Moubarak, ce qui lui a permis de remplacer une génération militaire usée par une plus jeune. Puis elle a profité de l’échec politique et économique des Frères musulmans pour recueillir le pouvoir tout en affirmant haut et fort qu’elle souhaitait mettre en place une transition civile. » De leur côté, les Frères musulmans, « enfermés dans leurs certitudes et soutenus par les États-Unis et le Qatar, ont voulu malgré tout faire passer en force une Constitution islamiste ».
La suite des événements est connue. Manifestations monstres écrasées dans le sang : 420 morts selon l’armée, 2.200 selon les opposants. Et un point de non-retour allègrement franchi, au-delà duquel on voit mal se profiler une réconciliation nationale. Pis, la guerre civile paraît de plus en plus inévitable. Avec un risque d’évolution à la syrienne ? Bernard Lugan estime que non pour au moins quatre raisons :
« 1) La première est d’ordre géographique. À l’exception du Delta, l’Égypte n’est peuplée que le long de son étroit cordon alluvial ; tout le reste est désert ou oasis facilement contrôlables. »
« 2) À la différence de l’Algérie, il n’y existe pas de vastes zones de montagne propices à la création de maquis. »
« 3) À la différence de la Syrie, il n’y existe pas de zones confessionnelles en damier, car ici, en dehors des 10 % de chrétiens coptes mélangés à la population musulmane, tous les Égyptiens sont sunnites. »
« 4) D’éventuels djihadistes ne disposeraient pas de base arrière comme l’est la Turquie pour les révolutionnaires syriens. En cas de problème, l’armée égyptienne pourrait facilement intervenir contre d’éventuelles bases libyennes. »
Fort de ce constat, l’africaniste estime donc que l’armée n’a plus le choix : « Il lui faut écraser les Frères musulmans ou bien perdre la partie. » Pour ce faire, elle a quasiment les mains libres, pouvant « compter sur l’aide financière illimitée de l’Arabie saoudite et des Émirats qui viennent d’ouvrir au général Abdel Fattah al-Sissi une première ligne de crédit sans intérêt équivalent à dix années d’aide américaine… À travers le soutien à l’armée égyptienne, les pétromonarchies règlent un double compte, à la fois contre les Frères musulmans qui ont juré leur perte, et contre le Qatar, leur principal allié financier. Comme la grenouille de la fable, ce dernier, qui a voulu se faire aussi gros que le bœuf, a fini par indisposer le grand frère saoudien par son interventionnisme brouillon et ses appétits démesurés. »
Nicolas
Gauthier
Journaliste, écrivain.
Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi.com.







Parler de l'Egypte c'est parler du sexe des anges. Personne ne sait comment cela va se terminer, certainement pas les commentateurs installés derrière les écrans d'ordinateur. Il est vrai que Morsi a été élu par qui et comment?? Que des manifestations monstres ont eu lieu contre ses projets islamiques et son incapacité à gouverner un pays. Les militaires sont intervenus pour calmer ses manifestations en destituant l'incapable Morsi, et alors ? Le petit Qatar s'appuie sur l'Europe, c'est Sarkozy qui pour plusieurs raisons a ouvert les portes de France à cet émirat, que ça ne plaise pas à l'Arabie saoudite c'est possible, mais si ce pays est soutenu par les Américains, c'est que cet état du Golf lui fourni de 25 à 30 % des besoins en pétrole. Défaire l'écheveau c'est toucher à la politique mondiale, alors on peut toujours continuer à discuter du sexe des anges.

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