vendredi 23 août 2013

La Tunisie à la veille de la guerre civile (article retiré du journal Le Monde)

Cet article va à l’encontre de la politique du gouvernement Hollande, non seulement à l’égard de la Tunisie mais également et peut-être davantage à l’égard de l’Égypte. Car les informations et les conclusions qui concernent la Tunisie sont par le fait même applicables à l’Égypte, et remettent en question l’attitude inamicale et les mesures prises par le gouvernement de la France contre ce pays.
Il a été publié ce matin au site du quotidien « Le Monde » et retiré quelques heures après sans autres explications de la rédaction du journal français. Un fait assez rare… L’Institut Tunisien des Relations Internationales (ITRI) a décidé de le publier dans son intégralité. Voici le texte du journaliste Michel Le Tallec.
Tunisie-guerre-civile
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La Tunisie se trouve une fois de plus à la croisée des chemins. Mise en place d’un processus électif démocrate, ou dictature religieuse imposée par les Frères musulmans d’Ennahda ?
Le processus enclenché depuis janvier 2011 s’accélère brutalement, avec le meurtre de Mohamed Brahmi, député et fondateur de la Gauche nationaliste tunisienne, deuxième assassinat politique depuis le début 2013, après celui de Chokri Belaid, avocat et président du Front populaire tunisien.
Un sit in de l’opposition démocrate se tient tous les soirs, au Bardo, à Tunis, à proximité du siège de l’assemblée nationale constituante tunisienne, depuis une quinzaine de jours. Une manifestation monstre a rassemblé dans Tunis, le samedi 3 août, plus de 450 000 personnes, selon un comptage effectué à partir de données de satellites, par le Pentagone (source CNN). Les proches de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi, accusent Ennahda et son leader, le cheikh Rachid Ghannouchi, d’être derrière les assassinats politiques des deux leaders démocrates.
Rachid Ghannouchi, vrai maître de la Tunisie, depuis la venue d’Ennahda au pouvoir en 2011, est connu pour ses liens actifs avec le FIS, parti des islamistes algériens, et s’est impliqué directement dans des attentats en Tunisie, sous Ben Ali. .La frontière entre les Frères musulmans et les mouvances islamistes extrémistes, dont les djihadistes d’Al Qaida, est poreuse. Les Frères musulmans, que ce soit en Tunisie ou en Égypte, ont un contact permanent avec le bras armé islamiste que représentent ces mouvances pratiquant la violence au nom de l’islam.
Quant à Hamadi Jebali, secrétaire général d’Ennahda, il faut rappeler que c’est un islamiste pur et dur, et que, comme Rachid Ghanouchi, il veut pour la Tunisie une dictature religieuse basée sur une shaaria restrictive et liberticide, particulièrement à l’égard des femmes, ramenant l’islam aux interdits du VIIe siècle. Dénonçant la mobilisation actuelle de l’opposition démocrate, Hamadi Jebali veut donner le change : « Ce n’est pas seulement la Tunisie qui bouge, c’est une même tendance, un même cyclone, partout à l’œuvre, en Egypte, en Libye ou au Yemen, voire même en Syrie, pour liquider le Printemps arabe » (…) derrière cette apparence de conciliation, c’est toujours la Choura (conseil du parti) d’Ennahda qui dirige en sous-main la Tunisie, encadrant le gouvernement d’une manière stricte.(…)
Ennahda n’a pas respecté l’échéance d’octobre 2012, date à laquelle auraient du avoir lieu de nouvelles élections, et bloque la rédaction de la constitution, au cœur de laquelle il veut inscrire la primauté de l’islam et de la shaaria. Le parti islamiste a infiltré l’armée, la police (créant une police parallèle islamiste), la justice, et tous les corps de l’Etat. L’islamisation est déjà là en Tunisie, et il ne manque plus qu’une phase de pure violence afin que les Frères musulmans de Tunisie instaurent leur dictature religieuse.
Dans son prêche de l’Aïd, le cheikh Rachid Ghannouchi a ouvert la voie à la guerre civile en Tunisie. Il a insisté sur la valeur du sacrifice : « le sacrifice de soi », « le sacrifice des enfants », « le sacrifice de tout ce que l’on possède », « le sacrifice au nom de Dieu », mettant en exergue l’égorgement, au nom de la religion. Contre la scission actuelle entre islamistes et démocrates, qu’il qualifie de « débandade sociale » (al tadefaa al mojtamaî), Rachid Ghannouchi a incité les islamistes à se préparer à l’affrontement, à partir des exemples égyptien, syrien et palestinien.
Le pire est donc possible en Tunisie et il est temps que le gouvernement français, et François Hollande, arrêtent de se prêter au double jeu des islamistes d’Ennahda. Les Frères musulmans ne veulent pas de la démocratie, incompatible avec leur vision d’une société régie par le Coran. A partir de ce postulat, on doit arrêter de les crédibiliser et de les traiter comme des démocrates respectables.
Via Poste de veille

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