mardi 1 octobre 2013

Déstabilisation à long terme des pays voisins de la Syrie


Face à la tragédie humanitaire syrienne, le Comité exécutif du HCR réuni à Genève établit un constat des limites de l'aide internationale et s'alarme de la déstabilisation à long terme des pays voisins de la Syrie submergés par plus de deux millions de réfugiés.

Cette réunion de deux jours du Comité exécutif du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies, en présence de représentants des gouvernements les plus concernés, vise une nouvelle fois à sensibiliser la communauté internationale sur la gravité de la situation. Il y a 2,1 millions de réfugiés à l'extérieur de la Syrie, et près de cinq millions de personnes déplaceés à l'intérieur, soit le tiers de la population syrienne.

"C'est le plus grand déplacement de population dans le monde en trois décennies, plus que pour le génocide rwandais ou les nettoyages ethniques dans les Balkans", a souligné le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns.

Antonio Guterres, le Haut Commissaire du HCR, notant une nouvelle fois la "générosité" des quatre principaux pays d'accueil, le Liban, la Jordanie, la Turquie et l'Irak, a donné des échelles de grandeur comparatives pour mesurer combien leurs ressources sont sollicitées bien-au delà des limites. Ainsi, pour le Liban, qui compte 4,4 millions d'habitants, la présence de 760.000 réfugiés équivaut à 11 millions de réfugiés débarquant au Royaume Uni, 15 millions en Allemagne ou 58 millions aux Etats Unis, a-t-il expliqué.

"Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsablités", a déclaré Wael Abu Faour, le ministre libanais des Affaires sociales, qui a souligné l'apparition de mouvements hostiles aux réfugiés et des appels à fermer la frontière.

"La communauté internationale doit remplacer les mots par des actes", a renchéri le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Son pays a déjà dépensé deux milliards de dollars pour les 500.000 réfugiés qu'il accueille, dont moins de 10% ont été financés par l'aide internationale.

Pour M. Guterres, l'aide humanitaire ne suffit plus, il appelle à engager "des actions urgentes de soutien au développement (...) dans le domaine de la santé, de l'éducation, du logement, de l'eau et de l'énergie". Il veut mobiliser les programmes bilatéraux de développement et les institutions financières internationales dans des investissements à long terme.

Si la situation s'aggravait, il faudrait même envisager "des évacuations humanitaires d'urgence de réfugiés vers d'autres endroits en dehors de la région pour diminuer la pression sur les pays voisins", a affirmé le Haut Commissaire, appelant l'Europe à accueillir plus de Syriens.

"Nous devons garder nos frontières ouvertes", a demandé la commissaire européenne à l'aide humanitaire Kristalina Georgieva.

Avec plus d'un milliard de dollars, les Etats Unis assurent le tiers de la contribution internationale, arrivant au premier rang dans ce domaine, a souligné William Burns.

"Nous devons focaliser davantage nos programmes pour fournir aux enfants des espaces sécurisés, où ils peuvent jouer, apprendre et se remettre des traumatismes, des violences et des déplacements", a dit le secrétaire d'Etat adjoint.

M. Guterres s'est demandé si les "mécanismes dont nous disposons pour partager de façon internationale la charge (des réfugiés) sont à la hauteur du défi".

Il a souligné que la mobilisation pour la Syrie ne devait pas faire oublier les indispensables engagements du HCR auprès d'autres réfugiés, en particulier en Afrique, en République centrafricaine, au Soudan, en République démocratique du Congo, au Mali et en Somalie.
Après d'importantes réorganisations depuis 2006, le HCR est aujourd'hui capable de fournir une aide à 600.000 personnes en 72 heures, a-t-il affirmé.

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